Carnet d'un sapeur retranscrit par Monique

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armand
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Re: Carnet d'un sapeur retranscrit par Monique

Message par armand »

Bonjour

J'ouvre ce fil pour y mettre le carnet d'un sapeur retranscrit par Monique qu'elle nous avait présenté ici
Merci Monique
Armand - Modérateur


BEAUCHEMIN

Sur son 1er carnet - oct 15 à avril 16, il est en instruction dans la région d'Angers.
10eme Genie Cie 20/101 (Instruction) 2eme sect. 4eme escouade - secteur postal 24- 62
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Carnet No 1

Carnet rapporté d’Angers par Lacroix le samedi 9 octobre 1915

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SAMEDI 9 OCTOBRE 1915

Je commence ce carnet le vendredi 8 octobre, comme notes, comme anniversaire du vendredi 9 octobre 1914 ; et ces notes, par un hasard extraordinaire, signalent un fait d’une lettre de ma Mère ayant trait à ce jour. On croirait que nouvelles apportées sont pour se renouer et cette date en serait l’origine. Mardi 12 octobre, lettre de Frère sur même motif.


Dimanche 10 octobre 1915
Je commence aujourd’hui ce carnet, mon « JOURNAL DE ROUTE « mais je me reporte au vendredi 9 octobre, rapport à l’anniversaire du vendredi 9 octobre 1915.


Vendredi 8 octobre 1915 – (R et P 1174 et 6157). Songe à Th il y a aujourd’hui un an jour pour jour.

Partons matin polygone Savenières. Vais chercher outils laissés petite remise à Possonnière .Je fais faisceaux dans gabion avec sergent Chevreux. Comme habitude mange sur place. Il pleut assez fort, capote pour travail. Après-midi, idem. Pluie encore plus abondante ; à 14h30, il pleut trop fort, nous partons, rentrons cantonnement. Maurice revient hopital, sommes contents de nous revoir. Reçois lettre Mère, bonnes nouvelles. Visite de M- Denis, allusion Th, fatalité, aujourd’hui anniversaire, bizarre. Profite repos pour répondre lettre personnelle à ma Mère, lui demande détails sur affaire Th- 1174 – Carte postale, Frère, Ponsot, Malaisé, Père à l’atelier. Ensuite souper à 19h rassemblement pour travail de nuit. Il ne pleut plus, croyons partir pour poligone, la Possonnière. Chantons, mais on nous fait taire. Outils Savennières, j’ai une pioche. Mise en chantier à Varennes, sur la route EPIRE par 2, 4, 6, 8, etc. rentrons pour 22h, marchons, eau et boue. Rentrons outils Savennières, couchons en rentrant. Toute la soirée ai pensé à Th, il y a un an, et encore longtemps avant de m’endormir.


Samedi 9 octobre 1915

Songe encore à Th. 9 oct 14 .
Réveil 7h. Nettoie vêtements souillés de boue. Repos toute matinée, écrit à parents, Laval, Barthélémy, Blot.
Rassemblement 13h. Partons Pont circonstances, mais tout matériel pris, on se planque un moment fossé, ordre adj.t. Ensuite on retourne à Possonnières. Théorie, jeu de boule, pour tout le monde ; Autrement dit repos toute la journée. Soupe, mouton. Soir, causette Maurice. Serrons lits habitude. Songe encore à Th, longtemps avant de m’endormir. En ai même causé à Maurice. Nuit, défilé, tout le monde coliques et suites. Apprenons lendemain, purge dans le rata .

Dimanche 10 octobre 1915

Réveil au plus tôt. On se lève à 7h
Corvée de nettoyage abords de cantonnement.
Revue effets – draps et chaussures. Après revue, je vais laver Loire, avec Maurice. Soupe.
J’écris à Parents, Saucier, Faure, Blot, oncle Paul Petiot.
Avec Maurice, promenade bord Loire. Apéritif et casse-croute, une de mes boites de sardines. Fini lettres. Soupe, oie, bonne. Après diner, partons promener Maurice. Il fait très nuit
Buvons litre de vin blanc( 0 f,70) il a acheté une bougie et nous retournons au cantonnement. Lacroix malade, couché. Grand chahut dans chambre. Pas de caporaux car Bourrier et Guillemin qui habituellement couchent avec nous, sortis en « bombe » Jusqu'à 11h(23h) encore chahut partout. Enfin, m’endors, avec Roger, pour départ Lerbier.

Lundi 11octobre 1915

Songe RP, Th 1174 et aussi LM 6157 .
Rassemblement à 7h moins quart, soit maintenant1/4h plus tard. Départ, Roche aux Moines, Maurice marche aujourd’hui. Je suis dans un bateau avec Bique et Renard (2 E.C.) comme chef de bateau mais seul Bique pilote. Mouillons ancre, navigation et mouillage toute la matinée. Capitaine vient. Nous sommes camarade par Sergent Courrier.(grande tenue, revient permission, 2 ancres et grande sur manche) Quelques gouttes de pluie. A 10h seuls 5 par bateau pour les redescendre. Je reviens donc a pieds ayant été débarqué. Déjeunons sur place comme habitude. Pose bord de Loire, écris ces notes. Sur train, pièce marine, direction Nantes. Après- midi mouillage ancre en ligne ponts volants, avec adjudant, Capitaine. Revenons 5h (17h).Pommes, fagots bois, pour marche demain.
Enveloppes, cartes postales. J’achète haricots et bœuf. Soir, lumière bougie envoie 2 cartes à Parents. Prépare sac pour demain, linge, couverture roulée dessus, bois, gamelle, pommes-de-terre, musette. Ensuite couché (Lacroix nouveau lieutenant)

Mardi 12 octobre 1915

(RP 1174 – 6157) A 6h1/2 rassemblement. Départ à 7h. Service sûreté en marche. Suis arrière garde. St Georges sur Loire. Marchons très vite ; pas cadencé même. Il fait chaud, beau temps, soleil. Fatigue pour certains. A 10h1/2 environ, avons fait a peu près 15Km. Faisons cuisine sur bord de route. Adjudant fait cuisine pour lui et sergent. Sureté en station, allons nous installer sur bord route avec sergent Lafleur. Ensuite déjeuner. Faisons pose un bon moment. Puis repartons, a peu près autant chemin. Rentrons à 17h environ. Beaucoup très fatigués ou mal aux pieds. Pour mon compte personnel, je ne me ressens de rien (environ 30Km) Je n’ai ni mal aux pieds ni la moindre fatigue, je ne croyais pas si bien m’en tirer, je n’ai même pas senti le poids du sac pourtant bien chargé. Epluchons pommes de terre, et, soupe. Je reçois une aimable lettre de mon Frère et une autre de Mary. Soir, Bréquel et Martin, ivres, font scandale.

Mercredi 13 octobre 1915

(R P 1174, 6147) Matin, départ ponts de circonstances, Savennières. Voyons nouveau lieutenant. Je fais chevalet Palée de pont circonst. Mangeons sur place. Après-midi, lancement de passerelles tonneaux et sacs Habert, claies, puis, amorce passerelles avec chevalets. Pluie de temps en temps. Passons sur passerelle au pas de gymnastique devant COMdt. Ensuite, démontons et partons. Modèles demandes permissions 4 jours. Je fais ma demande et quelques unes pour camarades. Cartes Angers, rapportées par Lacroix. Après soupe, touchons pré (pré 0f35) Envoie carte Malaisé et Glade.

Jeudi 14 octobre 1915

( Je pense au jeudi 15 Oct 14. Alors, c’était la fête à Th 1174)
Tranchée polygone Savennières. Je suis détachement mineurs. Je fais mine, rameau de combat ; départ d’une tranchée ; boisage ; 1 cadre posé matin, nous sommes bien montrés, Sergt Planchon. Déjeunons sur place. Après midi, même travail. Quittons travail à 15h30, rapport au travail de nuit. Au rapport, apprenons rassemblement 19h, 6éme escouade, dont je fais parti, quitte cantonnement UNION pour cantonnement P T T laissé libre par leur départ à Bouchemaine. Je quitte Lacroix et Maurice.
Depuis avant-hier poste police et planton sérieusement en vigueur dès ce soir (depuis 3 ou 4 jours) Gérault et Prudhomme rentrent. Je quitte »jeu de boule ». Maurice m’aide à déménager. PTT (TORRE) dans un grenier. Je me mets dans le fond, m’y trouve bien. A 19h, marche nuit. Allons polygone Savennières. Reprends ma place de la journée à la sape. Bougie pour travailler, clair de lune. A 22h quittons travail, rentrons à 23h. Couchons. Première nuit bonne, plus chaud qu’au « jeu de boule »

Vendredi 15 Octobre 1915 ( Songe année dernière 15 Oct. Th, 1174)

Lever à 7h. Je me lave au puit, corvée de lavage, mais ne lave pas, (encre, bougie) Vais avec autres, mais retourne cantonnement. J’envoie unelettre à Parents et une carte à Mr Braux.
De 12h à 12h30 théorie. Rassemblement à 13h.Partons aux tranchées. Je fais toiture guérite en genêts et clayonnage. Soir, soupe, œufs vinaigrette. Termine installation cantine. Ecris Frère, à 19h allusion Th 1174 et toute la soirée je songe au jeudi 15 Oct 14. Cette soirée inoubliable de Ste Thérèse.Il est 20h actuellement, il y a un an j’entrais chez Blot, près de ma chérie.
Touche paquet de tabac, bougie pour écrire. Sergent Chevreuix, lutte Colin, vient chahuter dans la chambrée. Sommes heureux Capl Baucier bon type. Couche. Ne serrons plus lits, ici,
Ai pensé longtemps au 15 Oct. 14, Th 1174 avant de m’endormir. Cantonnement TORRE.

Samedi 16 Octobre 1915.

Pense toujours Th 1174
Réveil heure habituelle. Portons couvertures « jeu de boule » Départ « école ponts »Roche aux Moines. Mais vais au polygone avec SERGt Chevreux, et quelques autres camarades. Terminons guérite en genêts et clayonnage. A 9h30 repartons rejoindre « école ponts » Capitaine est là. Pont renforcé. Ne faisons rien. Mangeons. A 13h, rassemblement.
Notre équipe de ce matin, nous repartons à la Possonnières avec notre guérite. Je porte chapeau, lourd. Nous le montons près du bureau pour le planton. A 15h30tout est fini. Nous repartons au cantonnement. Nouvelles couvertures. Refaisons lit. Carte de ma Mère, allusion à Th1174, suis heureux des nouvelles qu’elle contient. Ma Mère m’engage à écrire là-bas à NOISY. Temps très brumeux aujourd’hui. J’envoie une lettre à Sancier et une carte à Lavalet à Mary. Diner mouton. Sergt Chevreux revient. Je fais musique ainsi que Collin. Lettre de Laval je reçois) à la distribution du Capl. Tout bien, heureux, songe toujours à Th 11è’, et lettre de ma nièce. Achète journaux, allumettes, chocolat, moutarde.

Dimanche 17 Octobre 1915

(Rêve et pense Th 1174, en rêve toute la nuit)
Revue effets, treillis et draps par Adjt sur le champ manœuvres. Tout bien. En suite, pommes de terre, soupe et remontons cantonnement.
J’écris à Parents, Frère et Mme Denis relie amitié correspondance. Conserve copie de cette lettre. Je reçois une carte de Barthélémy. Vais voir Capl Gérardin revenant convalescence. Mangeons oie. Musique avec Collin sur balcon avant soupe.
Après manger promenade Lacroix et Maurice. Vais chercher mon linge bien arrangé pour pas cher. Renard scandale jusqu’à 22h. Après Sergts Chevreux, et Bromer, Capl Baucier.

Lundi 18 Octobre

(R P Th 1174) Bonne nuit, tout bien. Allons polygone tranchées. Faisons crénaux a tranchées. Après midi même travail. Soir, je prépare sac pour marche demain. Bouteillons, car demain je suis de jus, pain et chambre. Couverture étant sur sac, je couche tout habillé en retirant que les bandes mollettières et chaussures.

Mardi 19 Octobre 1915

5R P Th 1174) Je me lève à 5h1/2. Un puni va au jus à ma place et moi je vais au pain. 3 pommes de terre par homme dans musette aussi autres légumes. J’ai 3 pommes de terre et un gros morceau de viande crue à faire cuire en marche. A 6h1/2 départ. Sous lieutenant, lieutenant, et capitaine sont avec nous. A Savennières les détachements de Charennière et la Hutte, se joignent aux autres .Nous sommes sans arme, mais avec d’autres détachements, certains ont des fusils « gras » Sureté marche, je suis arrière-garde. Allons EPIRE, nous redescendons Roche-aux-Moines. Là, un détachement a équipé les bateaux accouplés par 2 et nous traversons la Loire, atterrissons sur Ile Behuard. Là, supposés attaqués par ennemi, une ligne de tirailleurs abrités fossé (formé par hommes débarqués) protège le débarquement des derniers détachements et au fur et à mesure débarquement, prenons position de combat ; Ensuite nous reformons en colonnes (toujours sureté service) traversons Behuard à Savennières, débarcation des détachements chacun de son côté. Nous traversons Savennières et allons une vaste clairière bordée de peupliers. Nous mettons par cantonnement sac terre et commençons soupe. Cuisine contre mur au fond terrain. Bons cuisiniers ; Il fait très froid. Temps brumeux, vent violent et glacial. Mangeons, jamais si bonne soupe, viande cuite dans son jus. Faisons la pose un bon moment. 13h1/2 14h environ, repartons. Notre section en tête, marchons vitesse excessive, plus que pas de chasseur, beaucoup trop vite même. A 15h nous sommes de retour à nos cantonnements. Je vais laver le bouteillon que j’ai porté.
Je reçois une carte de Bizerte de René et une lettre de Faure. Vais chercher pain.
Mangeons lapin. Après soupe, je vais porter linge à laver et vais voir copains « jeu de boule » Reviens avec Briquel, buvons rhum payé par Briquel. Rentre cantonnement lumière bougie. J’écris 2 cartes à Raph et 2 à Parents. En prévision travail nuit (on parle faire pont la nuit) couche tout habillé. Serrons lits avec voisins.

Mercredi 20 Octobre 1915

(Th 1174) Réveil facultatif: repos matin, soins propreté, laver pieds. Me lève à 7h et me lave (il ne fait plus chaud la nuit dans le cantonnement) A 9h, partons terrain manœuvre.Théorie par Adjt sur manœuvre hier. Il s’agissait d’établir un pont sous protection de l’infanterie représentée par nous. Pendant^que nous contenions l’ennemi, la compagnie d’équipage construisait le pont.
Ensuite, pommes de terre et soupe. Pendant la matinée j’ai commencé lettre pour Parents, je la continue après soupe. A 12h, rassemblement. Nous partons polygone (fait mettre la section en tête, la 1e en arrière) 1pioche pour 3 pelles. Ceux effets a changer vont Bouchemaine. Au polygone, comblons tranchées. En 1h tout est fini. Il n’y a que le Sergt avec nous ; pas Adjt, nous faisons donc la pose jusqu'à 16h. Repartons. Distribuons chalis en bois, petits tréteaux, 2 par lit. Reçois lettre Frère et une carte Malaisé.
Salade après soupe faite par une fermière, demandée par Gabet, ex cuisinier des S/Off. Après soupe vais »jeu de boule » achète bougie et « Matin ». En rentrant termine lettre Parents. Me couche. Chahut Merbier et Montagné. Enfin nos camarades s’endorment. Avant d’en faire autant, je songe longtemps Th1174, et détails correspondants sur lettre de Frère. Encore tout habillé, vêtements (à Beauchemin) magasin Bouchemaine.

Jeudi 21 Octobre 1915 (R P Th 1174)

Toujours froid. Me suis réveillé plusieurs fois cette nuit. Il ne faisait pas chaud, étais bien caché. A 17h1/4 tout le monde debout. Ne fait pas très clair, temps brumeux. Allons camp pont équipage Roche-aux- Moines. Arrivés là-bas on forme équipes. Je devais être équipe mouillage ancres mais on nous envoie dans une équipe sans emploi au pont ; Pendant près d’une heure, pas de travail, jouons aux barres pour nous réchauffer, tellement froid vif. Enfin Adjt nous appelle et nous envoie navigation. Bic pilote, 2 équipes rameurs, bateau métallique. Mouillage ancre, bon poste. Sommes tranquilles maintenant hors portée des chefs, faisons donc pose. Je mouille ancre une fois avec Roger. Mangeons sur place, temps radouci ce midi, il fait même très bon au soleil. Ce matin avons passé troupe sur ile Bhuard, comme nous dernièrement. Pendant repas je suis avec Jean et Maurice. Après midi, théorie avec 2 Sergt, nœuds et brêlage . Pendant ce temps, camarades font pont. Ce soir, ils repassent le détachement déjà passé ce matin ; Portière de débarquement 100 hommes et bateaux accouplés. Pluie pour revenir. Temps radouci. Vais au « jeu de boule » ne vois pas Genermont. Après soupe, écris à Parents. Tout bien. Il pleut (classe 17 ; vois Ponsat mais lui pas) wagon de marchandises. Joue musique avec Collin. Caporal en rentrant appel, me remet une lettre d’oncle Paul oublié à la distribution. Couche encore tout habillé. (P Th 1174 avant dormir)

Vendredi 22 Octobre 1915

Pense toujours constamment Th1174.
Toujours temps brumeux. Ponts circonstances. Je vais chercher claies polygone Savennières. Ensuite chercher gaulettes. Mangeons sur place. Vais chercher cartes postales. Après midi, claies et encore chercher gaulettes. Camarades font pont pilots. Rentrons 16h. Très beau temps.
Premier détachement, perm 4 jours et divers autres ordres. Marche de nuit à 19h, sac vide.
Reçois lettre Morin. Après soupe, prépare pour marche. Partons à 19h Faisons environ 5Km. Notre section3éme considérée comme ennemi, doit percer les lignes formées par autre section. On envoie patrouille, mais échouent, les autres sections sont trop nombreuses, rentrons pour 22h ; Magnifique clair de lune. Il fait très bon. Me couche déshabillé aujourd’hui. Gourbi en claies.

Samedi23 Octobre 1915 (Th 1174)

Permissionnaires se lèvent comme habitude pour aller passer visite à Bouchemaine. Pour nous lever 7h1/2. Repos. Je vais chercher boite papier à lettre et chercher pommes ; Soupe. J’achète 2 cartes Parents, 2 à Frère et une lettre à Mauthé, une à Ponsot. Rassemblement à 13h.Allons polygone, mais arrivé Savennières vais pont circonst., au gourbi avec Serg Chevreux. Vais gaulettes tout après-midi. Rentrons à 17h. Reçois lettre (carte militaire M.Braux ) Permissionnaires s’en vont ce soir. Biette, ROMILLY, me demande commissions.Soupe, salade. Chahut, Montagnier et Merbier. Contre appel lieutenant. Avant de m’endormir songe Th1174.

Dimanche 24 Octobre 1915

(P- Th1174) Me lève 6h pour aller chercher jus et état des malades au bureau. Fais chambre. Revue Serg . Vais chercher linge ; Perm. après revue. Je suis de corvée : bisquits. J’envoie lettre à Mère, Parents, Frère. Maurice vient me voir. Attends lettre Mère. Pluie. Soupe mouton haricots, une pomme, pas beaucoup aussi, bien servis. Après chahut, Ruard, Collin, Merbier, un peu » gais » Après appel, Capl me fait jouer musique un moment. Sergents dans chambre voisine avec « dames reconnaissables » Nous écoutons tout dans bas de porte. Tapons avec bâton et ainsi bonne partie nuit jusqu'à 2h du matin. La moitié réveillés dans notre chambrée. Chahut toute la nuit. (appelons, « aller géophone »)

Lundi 25 Octobre 1915

(P- Th 1174) Réveil de bonne heure 5h. Entendons voix féminines chambre Serg. Voyons ces dames sortir. Il fait encore nuit. Prenons pommes de terre, légumes et campement. Allons polygone. Chinons Serg au rassemblement. A Savennières je suis désigné pour aller au géophone. Toute la matinée écoutons tranchées. Mangé sur place. Après midi, direction puits. Donné direction, bruits au géophone, je ne me trompe que d’une division. Ensuite, je frappe moi-même pour camarades écoutant. Pas fatigué. Pose. Retour à Possonnière soir. On nous distribue fusil gras et grands coupe-choux. Défilé plutôt comique en allant « pommes ». Marche demain avec fusil. Reçois carte Moulin de Vannes. Oie au souper. Je vais chercher bougies et cartes postales. J’envoie carte postale Mr Andro, Malaisé, René, Barthelemy. Toujours rien de Mère. Encore chahut. Capl demande effets manquants. Sergents recommencent avec « dames » revenues ; Merbier et Montagnier virages ; Serg semaine intervient car on le dérange sans doute.

Mardi 26 0ctobre 1915

( R Th 1174) Vent très violent cette nuit, froid porte ouverte. Moulu étendu tout Habillé sur son lit car j’ai ses couvertures. Tenue de campagne. Grand coupe-choux battant les jambes, sac, couverture et gamelle. On reviens manger à midi donc ni vivre ni campement. Rassemblement 7h depuis semaine dernière ; Fusil sur l’épaule. Partons Savennières (Merbier interpellé par sergent semaine) Formons gros colo----( ?) avec réunion autres détachements, Roche-aux-Moines. Chemin le plus court. Même manœuvre que mardi dernier pour passage troupe par bateaux simples et accouplés par 2. Suis encore 2 bateaux couplés. Sur rive Behuard encore tirailleurs pour protèger construction pont. Restons ainsi moment en tirailleurs. Ensuite revenons Possonnière pour déjeuner à 10h, commandés par lieutenant Lotte et S/lieut. Soupe. Envoyé carte à Laval. 2 cartes à Frère et 2 à Parents. A 13h rassemblement Capitaine. Allons à 1Km environ de Possonnière, débarquement Charonnière avec nous. Ils ont sacs, hache, etc. pour abattre arbres. Arrivés bois, formons sureté station. Pendant que Charonnière abattent arbres, nous formons petits postes sentinelles, etc. Je suis grand-garde. A plat ventre derrière haie, pendant 1h1/2 embusqués. Une partie de notre détachement commandé sergent Chevreux, attaque avant-poste. Ensuite c’est notre tour.Partons a 10 avec sergent Lafleur et caporal Barrier, petit bois chênes nains , buissons épines, faisans et lièvres. Rampons, sautons fossés, mains écorchées, ronces. Bataille avant-poste, prenons 2 prisonniers, et un des nôtres pris. On se replie. Sentinelles arbres. A 16h on retourne Possonnière. Je reçois une lettre Mère et une Sansier. Je suis heureux. Après soupe je vais voir Lacroix malade. Chercher lait François. Reviens cantonnement très froid. Merbier et Montagnier encore scandale. Avant dormir, Th 1170.

Mercredi 27 Octobre 1915

R Th 1174 ; Bonne nuit, serré contre Moulu. Pont équipage, guindage, poutrelles. Je porte poutrelles avec Renard et fausses poutres. Pont normal. Beau temps. Après soupe, partie couteaux, je gagne toujours. Tout bien (trains départ front, ambulances, canon 120 long). L’après midi finissons. Traversons la Loire, 2ème culée rive Béhuard.. C’est la première fois que nous traversons à cet endroit faute de matériel. Ensuite parade du pont devant Capit. Et lieut. Pause. Démontons pont. Suis culée Béhuard et culée Roches-Moines , ensuite pont fini, partons rapidement. Tout bien. Soir, pommes. Ecrit Parents, soir tout bien. Songe il y a un an Th 1174.

Jeudi 28 Octobre1915

(Pense Th 1174, Jeudi 29 Oct 14, manger près de moi )
Attends lettre de Noisy. Amie toujours surtout maintenant me rappelle évènement il y a un an.
Temps brumeux. Allons polygone. Il fait froid. A Savennières je reste en arrière pour prendre marmite et ustensiles de cuisine ; Aux tranchées je fais pare-éclat. Ensuite allons aux douchesà Savennières. Mauvaise installation. Froid et douches à l’eau froide. La plupart n’osent pas prendre leur douche. Moi la prends complète, je suis glacé, mais au moins propre et après bonne friction, ai chaud . Partie couteau, serg Lafleur. Rentrons pour soupe. Allons dans rameau avec Renard et Gabet, serrés mais abri bien dans cet étroit rameau (hollandais). Pluie depuis ce matin. Après midi on reste malgrè pluie. Je fais boyau évacuation eau. On est mouillés. Partons 16h1/2 . Devions avoir travail nuit, mais supprimé par suite mauvais temps (lu au rapport). Reçois carte militaire Ponsot et lettre de Me Courtois. Demain matin reposet nettoyage (permission 24 et 48h le Dimanche et Lundi ). Après soupe achète journaux et bougie. Avec Moulin et camarades formons Comité de Salut Public contre Montagnier. Merbier, Président, Gabet, vice-président, et moi trésorrier. Votons , etc …Liste permissionnaires par caporal. But Comité, sanctions. (Avant de S’endormir songe Th 1174 manger près de moi, et le soir à côté elle à notre rendez-vous ) Lacroix infirmerie.

Vendredi 29 Octobre 1915

Th 1174 R et P. Lever à 6h1/2. Nettoyage chambre. (repos). Corvée abords cantonnement.
Ecris lettreà Parents. Je suis soupe. A 13h rassemblement. Exercice polygone, maniement armes gras que ne connaissons pas encore. Pluie. Gymnastique et 1/2h pas de gymnastique. A 15h30 pluie nous oblige a rentrer cantonnement. Théorie. Astique fusil. Amendes Comité Salut Public. Histoires avec Montagnier : l’ennemi. Soir œufs et pommes de terre, mais pas de sauce. (P à Th 1174 aujourd’hui un an a côté de moi) Attends nouvelles pour lui envoyer carte si bonnes nouvelles, car je me doute qu’elle souffre et moi, je l’aime toujours malgré tout. Litres des amendes, Gabet et Renard vont les chercher. Vais acheter pain, 3 dames présentes s’indignent de nous voir manquer de pain. Le soir, chantons, fais musique. Buvons litres vin blanc (4 litres) ensemble. Chahut. Gabet donne cigarettes et au Serg Lafleur par trou porte. Couchons 9h (21). Causons longtemps avant dormir. Serg fourrier vient dans la chambre nous dire moins de bruit. Tout le monde dort, sauf Merbier, Renard et moi causons jusqu'à 23h (11) Permissions pour arracher betteraves dans région, on demande des volontaires. Rats et souris dans la chambre. Renard prête montre. (songe a Th 1174 près de moi il y a un an .)

Samedi 30 0ctobre 1915

Réveil à 5h. A cette heure, on appelle tous les autres en chahutant, nous sommes prêts 1/2h trop tôt. Ponts circonstance, claies. Temps brumeux. Mangeons sur place. Après midi claies également. Camarades font pont pîlots. Quittons travail heure habituelle. Au rapport j’apprends suis de garde. Une demande aller à Romilly pour permission de 4 jours. Lettre Mère. Je rentre immédiatement cantonnement et m’équipe. Equipement et baïonette, pas fusil. Prenons garde à 18h (6). Moulu chef de poste, Collin, Deloi et moi avec lui. Poste de Police bien installé dans un logement ; Collin commence ; je mange. A 18h j’ai fini, je vais le relever et je reste jusqu’à 20h. La guérite est le gabion au toit en genets auquel j’ai travaillé. Il fait un vent frais, je marche de tempss en temps, pour me réchauffer les pieds.A 20h, a l’appel, je remonte au poste, nous ne prenons pas de garde la nuit. Caporal Baucier, permission 48h, Merbier le remplace, 2 manquants appel, mais il n’en dit rien risquant ainsi d’être puni, si son mensonge est découvert ; heureusement rien. Je rentre pour me coucher, 2 punis de salle de police sont avec nous ; Bien couchés, nous avons isolateurs, 2 paillasses et 2 grandes couvertures et comme on dort tout habillés il ne fait pas froid dans le lit, surtout que la chambre est très chaude. Le Sergent fourrier, prête sa montre à Moulu pour réveiller Serg de planton gare au train de minuit. Avant de m’endormir, songe Th 1174 ; Depuis que Me Denis, venue chez parents, y pense sans cesse. Ame rêveuse , car je la sais malheureuse. Enfin dors. A minuit Moulu m’appelle et je vais réveiller Serg un peu plus loin, cantonnement TORRE. Il pleut fort et grand vent. Serg Chevreux répond . IL m’envoie demander à Moulu quel serg est-ce (le nom) Je retourne lui dire que ne savons pas. Un jour que je suis rentré poste, j’entends le pas du serg allant prendre sa garde. Je suis très longtemps à me rendormir, songeant toujours à Th1174. Depuis longtemps que je ne l’ai pu, je revois enfin son visage par la pensée. Suis heureux voudrais tout s’arrange à l’amiable pour elle et pour moi.

Dimanche 31 Octobre 1915

(R P Th 1174)
Réveil 6h – deux punis vont faire la » pelotte » à Savennières. Aurions dû être réveillés à 5h, mais cela ne fait rien. Je vais au jus. Deloi premier prend garde à 6h. A 8h je le remplace. Cause avec diverses personnes passant près de moi. Lieutenant, lettres à mettre à la poste. Maurice vient également. Pluie, ADJt me demande si la pluie traverse le toit de la guérite ou je suis abrité, mais ne traverse pas. Permission 1er détachement 4 jours, rentrent. A 10h je suis relevé, soupe aussitôt (dépêche poste communique bonnes nouvelles). Déraillement train permissionnaires dans la région.( j’entends dire) . Après midi garde de 14 à 16h. Tonnerre. Cause avec jeune fille maison face guérite. Pluie ; Soupe après avoir été relevé. Dessine. Poste, reçois une lettre Mère, partie avant celle d-hier, et une Mauthé. Ensuite Sergt Lafleur et demoiselles de Dimanche dernier, il se cache poste. A 19h sommes relevés avec 1h de retard. Chahut chambre, chantons jusqu'à 22h. Mauvais temps persiste. Avant dormir pense toujours Th 1174.

Lundi 1er Novembre 1915

( R P Th 1174).
Quartier libre aujourd’hui. Nous noius levons à 8h, le caporal n’est pas là. Pommes, ensuite je vais me faire raser et couper les cheveux. Retourne au cantonnement. Ecris lettre à Mère pour la rassurer sur ses lettres que j’ai reçues. Après midi j’écris. Pluie et vent violent. J’écris lettre a Sancier, M.Andro, Faure, oncle Paul, M.Braux, M.bordier, Ponsot, M.Courtois. Je reçois lettre Frère, contenant carte Mme Bordier, carte Laval et carte Toulon de René revenant en permission. Ecris toute la journée. Pluie. Soupe oie. Soir bougies à Moulu, écris à Parents et 2 cartes à Frère. Soir chahut. Biette, Roger, et Robenne sont ivres et font tapage. Sergent Lafleur vient les faire taire ; Ensuite Biette rêve tout haut, jusqu'à minuit environ, cette scène dure. (Th 1174 avant dormir). Attends nouvelles.

Mardi 2 Novembre 1915

(R P Th 1174)
Réveil à 6h. A partir aujourd’hui rassemblement 7h. Moulu, chef de chambrée, Capl et Merbier, permission. Allons sur route St Georges. Exercices et maniement armes toute la matinée. Rentrons 10h, suis de soupe. Revenons manger. J’écris lettre à Morin et Mary. A 13h rassemblement même tenue que le matin, équipement sont : musette, bidon, fusil, sac non chargé. Je n’ai pas ma baïllonette n’ayant pas porte-épée. Attaque moulin. Ensuite marche de 2 à 3 km. Service avants postes dans le bois. Ensuite, simulacre disposition chantier par 2, 3, 4, 5 etc. pour tran……( ?), Ecole Section sur route en revenant. Les diverses manœuvres après midi étaient pour passer notre temps. Rentrons à 17h(5). Pommes. Vais soupe. Après 1/4h, pain pris. Montagnier, nouvelle preuve de sa malhonêteté. Ensuite je vais jeu de boules, vais boire bouteille bon vin blanc, avec Maurice. En rentrant commence lettre à Parents, mais ne la termine pas, vu l’heure avancée. (Th 1174 avant de m’endormir, il y a un an départ nuit )

Mercredi 3 Novembre 1915

(R P Th 1174)
Réveil 6h même équipement qu’hier, croyons aller en marche, mais école ponts équipages. Roche aux Moines, prenons genêts au polygone Possonnière et les montons ponts circonstances. N’aie pas d’emploi, fais paillassons genêts. Froid. Mangeons sur place. Après midi vais aux genêts sur emplacement Château Epiré, demeure Roche aux Moines. Rentrons heure habituelle. Soupe lapin ; A l’école ponts, j’ai vu Consot, a Epiré, revenant marche. Soir, écrit à Parents, préparé sac. 1er détachement « perm. agricole ».

Jeudi 4 Novembre 1915

( R P Th )
Réveil 6h tenue campagne. Les permissions agricoles passent visite et partent ce soir. Moulu, Merbier, allons marche hauts champs Possonnière, route du côté hutte. Pose jusqu'à 8h. Ensuite, allons ponts circonstances Savennières. Capitaine, passons sur passerelles, madriers posés sur poutrelles circonst. Tout à fait instables et enfonçant sous le poids, pieds dans l’eau. Un autre détachement passe avec radeau sac Habert et cinquenelle. Rencontrons route Rochefort, service campagne ; Marchons fossés. Après 1er pont de fer, passons par Béhuard, en face Roche Moines, embarquons par bateaux unique et accouplés ; je suis bateau unique. Partons Savennières, allons chercher outils pour cet après midi. J’ai pioche. Repartons manger à la Possonnière ; il est11h, mangeons. Notre outil est avec nous. Nous sommes 24 hommes avec des outils. Cet après midi nous n’aurons pas de sac, ceux qui ont des outils. Rassemblement 13h30. Nous partons les premiers avec nos outils. Détachement de la Hutte se joint aux nôtres. Abattage d’arbres ou nous sommes déjà venus. Sûreté en station, par la Hutte. Abattons quelques vieux chênes Hache, et on les débite ensuite. Je procède à l’abattage de deux. Ensuite avec Biette, on débite les 2 troncs, scie articulée. Scie bien, vite, mais fatigue- mal aux reins- A 16h départ. Emportons genêts. Soupe, après pommes ; Nouilles pour la première fois. Moulu, Merbier, etc… partent pour perm. agricole. J’achète chocolat, moutarde, porte-plume. Je vais chez laveuse, linge égaré. Rencontre Maurice, vais au cantonnement avec lui. Demain, deuxième départ perm. 4 jours. Vais boire litre avec lui. Achète douzaine cartes postales. Apprends départ SERGt et ADJt . front. Deux SERG. d’ici s’en vont, Couvins(?) et Planchon. Retourne au cantonnement. Moulu parti, j’envoie carte postale à Malaisé, Daudran, Blot. Cause avec Gabet et Renard. Le dernier me donne carte d’Alsace. Avant dormir, faisons avec Baconette, chasse aux rats, sur les poutres. Songe toujours Th 1174, partie nuit 3 au 4.

Vendredi 5 Novembre 1915

(Th 1174)
Cette nuit à 2h, éveillé par bruit, c’est le caporal et le sergent (ce dernier partant au front) qui viennent nous virer. Ils vont près de moi, mais me lève avec ma baïonnette restée sur mon lit, chasse ratée. Plusieurs sont virés, pendant 1h, chahut. Ensuite il va se coucher. Ce matin nous nous levons à 6h30. Permissionnaires 4 jours, passent visite. Allons tranchées, boyaux communaux. Quittons à 15h30, le soir travail. Après soupe (œufs et haricots vinaigrette) vais au jeu de boules. Maurice permission. Cointreau, ensemble. Vais le conduire à la gare. A 19h30 départ équipement et fusil. J’ai pioche, boyau commencé ce soir. Rentrons 22h30.

Samedi 6 Novembre 1915

(R P Th 1174)
Lever à 7h. J’écris à frère. Chercher linge. A 12h rassemblement. Allons à Epiré défilé pour revue et remise de décorations Angus, pré et tabac. Demain, tenue campagne sac complet. Mais arrivés Savennières, Capitaine, contre ordre. Pré sur bord de Loire, exercice. Rentrons à 16h. Reçois lettre Mère et mandat 10 Fr. Toujours froid. Violent mal de gorge. Soupe lapin. Lait acheté. Envoie carte Laval. Acheté cartes postales. Vais boire litre avec Gabet et Renard ; Couchés a minuit ; Caporal rentre ayant bu, il fait scandale. Mal à ma gorge ; ensuite (2h) sergent Cour…( ?) vire caporal, chahut. Il emmène caporal au Mess ; Ce dernier rentre à 6h moins le quart.

Dimanche 7 Novembre 1915

(Th 1174)
Violent mal de gorge, ne puis boire »jus ». On se lève 7h30, me fais porter malade, vais visite passée par CAPl infirmier avec Major. Permissionnaires, visite, jeu de boule consigné. Amygdalite. Gargarismes et pastilles chlorate potassium ; exempts, retournerai visite demain. Ecris carte Mère, 2 cartes Frère, lettre Parents. Lettre à Mauthé. Après midi toujours mal, reste cantonnement. Je suis glacé (surtout pieds) je me couche. Soir, soupe haricots et mouton, vin bouché excellent, donné par Maréchal de la Cie Dragons, aviateur, fils du propriétaire de notre cantonnement ; 4 bouteilles pour 16. Ensuite avec Renard et Gabet, achetons lait et mangeons avec pain. Je mange et bois difficilement. Me couche. Ne puis m’endormir, pieds glacés (Th 1174). Mauvaise nuit, froid, ne puis dormir.

Lundi 8 Novembre 1915

(Th 1174 toujours pas de nouvelles)
Refais porter malade. Vais rassemblement, exercices pour camarades, 20 hommes environ, par suite permissions et consignés. Visite passée par Docteur civil, Possonnière. Angine. Collutoire glycériné iodé et chlorate de potassium. Fais chambre. N’aie pu boire « jus » ce matin. Rentre de visite à 10h15. 1 jour exempt au lit. Achète enveloppes. Rentre pour soupe. Ensuite me couche. Me réveille à 13h30. Mes camarades partis au travail. Porte laissée ouverte, je suis glacé. Change linge. Me promène pour me réchauffer. Vais au poste me réchauffer. Soupe, ensuite pore linge à laver. En rentrant, caporal d’une » gaieté folle » me fait m’asseoir près de lui et jouer musique. Il danse et tombe à chaque pas. Il va chercher 2 litres que nous buvons ensemble. Chahut jusqu'à 23h. CAPl, triste état. Reçois carte de Moulu et carte militaire Faure. Au moment de dormir, violent mal de dents. Ne puis fermer l’oeuil de la nuit, vais me promener, entends sonner toutes les heures. Nuit terrible, ne m’endors qu’a 4h30.

Mardi 9 Novembre 1915

(Th 1174)
Mal gorge moins violent ; Refais porter malade. Nouveau départ permission agricole, 3 de notre chambrée. Nouvelles grenades. Visite, encore1 jour exempt, lit. Rentré pour soupe. Envoie lettre Frère, Parents, Malaisé, carte à Moulu. Je reçois carte Mr Braux et carte René de Chalons. Suis avec Roger, achète cartes postales. Vais au poste près de Renard. Camarades sont au travail nuit. Temps affreux, vent et pluie, tempête. Brequel, Collin, permission agricole, partent à minuit. A 22h camarades rentrent trempés, vêtements traversés. Souscription couronne.

Mercredi 10 Novembre 1915

Le soir à 8h messe et procession cimetière et mettre couronne monument aux morts pour Patrie. Tous chefs y assistent. Vais visite, diagnostic habituel. Service à l’Eglise et cimetière fini. Camarades vont tranchées après midi. Vermandy revenant de convalo, mis provisoirement à notre cantonnement ; Pluie et grêle. Envoie 2 cartes Père et 2 Frère, 1 à Mary, Morin, Baudrot, Kimiel, Husson, Fétriot, Bouillard, Mazeraud, Glade, Melin,. Soir vais bureau porter mandat.( lettre recommandée, inconnu de Bayonne, présumée pour moi) Coli de ma Mère sans être annoncé : chocolat, sucre, pomme, charcuterie, le tout un peu abimé . Suis content. Sgt Chevreux (lettre, nom » Magasin du petit bois ») Reçois 2 cartes Paris de Maurice. Douleurs articulaires.

Jeudi 11 Novembre 1915

Vais visite, 1 jour lit et tâtonnement habituel ; Pour dormir, alcool camphré. Carte militaire Mère, pour lui annoncer arrivée du coli. Pas de lettre. Encore locataire Lim….( ?) rentrant convalescence. Cherche peinture pour Serg Chevreux, mais ne trouve pas. Envoie cartes photos Bréquel et lettre Mr Court…( ?) ; Me couche de bonne heure.

Vendredi 12 Novembre 1915

Marche aujourd’hui, temps affreux, vent et pluie. Me suis éveillé nuit, par violence vent. Vais visite, diagnostic habituel. Permissionnaires de 4 jours rentrant ce matin, passent visite. Vais voir Maurice. Camarades rentrent marche, pluie battante, effets traversés. J’envoie lettre Mère. Après midi dessine. Camarades exercices. A partir aujourd’hui, clairon. Reçois carte M.Bordier et Merlier. Soir, vais chercher « Matin » et vais au poste un moment avec Renard, et me couche 19h.

Samedi 13 Novembre 1915

Visite. Je suis guéri, dis-je au docteur, aie consultation motivée. Envoie carte Merbier. A midi, vais au travail ponts circonstances. Porte sac Habert a 8, très lourd, plein d’eau il ne flotte plus, au moins 250 Kgrs. Théorie brêlage et démontons passerelle. Capitaine photographie. Rentrant, apprends suis de garde. Touche mon mandat de 10 fr, 2 cartes Maurice et lettre Mère, billet de 5fr. Suis soupe, fromage gruyère, ai « rabiot » . Ensuite je commence garde de 18 a 20h. Biette salle de police. Me couche, douleurs articulaires.

Dimanche 14 Novembre 1915

Etant au repos les 2 premières heures garde, me lève 7h. Nettoye poste et mange. Ensuite garde pont de 8h à 10h. De 10 à 12, garde guérite. Je suis relevé 1/2h pour manger. De 12 à 14 repos. Reçois lettre Baudrant, et carte Mère (Tombeau de Voltaire). Ensuite écris. Vais au bureau, chercher café et eau-de-vie. Pluie Reprends guérite de 16 à 18h. Relayé pour diner : mouton haricots. A 18h Renard nous reprend. Pluie. Vais chercher journaux. A 19h30 me couche et fais musique.

Lundi 15 Novembre 1915

Réveil 5h1/2. Rassemblement 6h10. Sommes en retard. Je vais à la cuisine chercher pommes de terre. Camarades partis quand j’arrive. Je pars seul. Ponts circonstances pour contaminés : jeux de boules. Allons tranchées avec Sergt Lafleur, cantonnements non consignés. Nous sommes 9 sapeurs, mais ne faisons rien. A 10h allons manger et après midi retournons au polygone ? Nous promenons dans tranchées et ensuite avec Chevrier passe après midi dans un abri. Sergt fait du feu et se chauffe. Que l’on fasse ce que l’on veut, peu lui importe. Le soir en rentrant, apprends que je suis encore de garde. Reçois lettre oncle Paul. Mange une boite de sardines, coli, et morceau oie, soupe. A 18h prends garde guérite jusqu'à 20h.Rentrant, ¼ de rhum. Me couche. Bon lit, 3 couvertures. Depuis 3 semaines environ, pas deshabillé. Renard, permission agricole.

Mardi 16 Novembre 1915

Repos matin, me lève 6h30. Fais lits et chambre. Garde lits et chambre. Garde poste de 8 à 10h et guérite de 10 à 12h. Mange et envoie carte « ferme pont de Cé » à Mère. .Pas de lettre. Froid, grêle. Renard part en permission ce soir. Me couche bonne heure, musique.


Mercredi 17 Novembre 1915

Clairon oublié sonner réveil. On se lève. Rassemblement, sac monté rapidement. Revue commandant. Polygone Epiré. Froid très vif. Brouillard épais, il gèle. Pas pause toute la matinée, toujours sac au dos et chargé. Rentrons 11h1/2. Soupe. Poêle fortune installé milieu chambre, on prend fagots un peu partout. Tous en cercle autour en famille. Repos après midi, revue chaussures et effets, draps. Pommes de terre. Reçois lettre Maurice et lettre envoyée à Merbier revient. Adjudant et lieutenant passent dans nos cantonnements ; Ensuite revue Sergt Chevreux. J’envoie lettre Parents, lettre René et carte Saucier. Sergt Lafleur malade. Soir à 19h, travail nuit. Non consignés : mines et consignés : ponts pilôts, avec flambeaux pontage. Je suis aux mines. Ne faisons rien, assis et blottis en tas au fond de tranchée. Passons tranquillement temps. Rentrons seuls avant les autres à 23h. Bon feu en rentrant . Avant partir lait chaud sucré, 1 litre et pain dedans

Jeudi 18 Novembre 1915

Lever à 8h. Repos Je termine lettre à René et carte à Sancier. Je touche pré 2er à 0,25 soit 2,35 et paquet de tabac. Arriérage plus tard. Achète cartes postales. Vais chercher fusil au magasin, et trouve bretelles. Lebelle revient avec nous. Mangeons et à midi rassemblement. Allons tranchées. Cuisine polygone. Je fais foyer. Abrité et travaillant constamment je n’ai pas froid. Rentrons heure habituelle, suis de garde. Reçois carte Bréquet, deux cartes de Frère et 1 lettre Père. Suis heureux. Mange cantonnement ( pain et viande rôtie sur notre feu). Je prends garde de 18à20h au poste et comme il fait froid je reste au poste. A 20h on se couche, ai 4 couvertures. Bien couché, chaudement.

Vendredi 19 Novembre 1915

Suis contr..( ?) de garde, ponts des équipages ( grêle, glace ). Bonne nuit, j’ai eu chaud. Bois jus et garde guérite de 6h1/2 à 8h. Ne fait pas chaud. Je marche pour me réchauffer. Cigarettes données par vieux du 135éme, me demandant renseignements. Quand je reviens, bon feu. J’envoie lettre à Père, 2cartes Frère 1 carte à Mme Bordier et M Bréquel. Mange. Vais voir Lacroix. Ne reçois pas de lettre. De garde de 12 à 14h, en bas. Repos de 14 à 16. Je ne suis pas de garde le soir. Rentre au cantonnement. Ai mangé au poste : œufs, pommes vinaigrette et petit morceau de gruyère. Achète pain. J’ai bien mangé ce soir. Rentré au cantonnement autour du feu. Porte demande permission Bureau et à 20h rentre appel, caporal étant fatigué et couché. Rapporte 2 boites allumettes (touche pré 1er à 0f25 soit 47 sous et 1 paquet de tabac)

Samedi 20 Novembre 1915

Réveil et rassemblement habituel. Allons ponts circonstances. Arrivés aux ponts, je suis envoyé Roche-aux Moines avec Allard, pour aller chercher « ancre ». Loire monte de plus en plus, niveau chemin de halage, ou plutôt berge, car pas chemin de halage.Je rapporte ancre ; manœuvre ancrage à terre pour tendre cinquenelle. Nœud palant. Tendons amarres avec moufles. Capitaine et lieutenant nous montrent nœuds. Après midi, je fais passerelles flottante (mangeons froid, surtout cordages mouillés) Soir repartons, pommes. Pas lettre. Soupe : lapin et nouilles. J’ai 2 portions de lapin. Ai pris des pommes cuisine, je les faits cuire dans braise de notre petit feu. Tous autour du feu, musique harmonica. Ce matin Merbier, Moulu, Laêtier, revenus de perm-agricole. Un peu chahut avant coucher. Serrons lits Moulu Josse et moi.


Dimanche 21 Novembre 1915

Lever à 7h. Mange. Ensuite prépare revue; Effets, draps, treillis, chaussures. Revue champ de manœuvres par adjt : froid. Rentrant, pain grillé. Mange viande rôtie. Après midi, j’écris lettre à Parents, 2cartes à Frère, 1 carte à Blot, 1 carte à Mauthé, 1 carte à Andros, 1 lettre à M. Braux. Froid, on ne fait pas feu. Colonel château Torré, doit venir nous voir. Je reçois une carte Blot et une Renard. Soupe haricots et mouton. Après soupe Colonel vient nous voir avec la Dame et une des demoiselles. Demande si l’on est bien, nous dit de faire plafond en clayonnage. C’est ainsi qu’ils font sur le front (en roseaux) cantonnement. Il appartient 68eme division en Lorraine. Bon moral sur le front, nous de même. Espère nous voir sur le front avec lui. Pour nous ragaillardir, quelques bouteilles à santé de la France et à la sienne. Il fait venir 2 d’entre nous avec lui (demande combien est-on ?) et donne8 bouteilles de vin vieux. On le remercie. Ensuite lettres, je mets à la poste, achète bougies et journaux. Musique près du feu en rentrant. Chahut dans chambrée. On boit vin donné par Colonel. Bon vin. On chante et chahute beaucoup. Sergent Lafleur obligé d’intervenir. Serre lits avec Moulu et Josse. A 23h, le caporal rentre éméché. Il fait bruit, tombe, et il s’endort tout habillé en retirant ses chaussures. A minuit Bric rentre, a manqué train à Angers. Nouveau chahut et scandale.

Lundi 22 Novembre 1915

Réveil habituel, toujours froid .Partons ponts circonstances. Passerelles flottantes, radeaux flottants et de temps en temps, pas de gymnastique pour réchauffer. Mangeons, bonne cuisine. Après déjeuner vais café Savennières avec Maurice. On joue aux dames (café rhum) restons jusqu’au rassemblement. Après midi, passerelles, radeaux flottants, brêlages. Quittons heure habituelle. Josse en permission (caporal, bel état toute la journée) Reçois carte Roger. Toujours rien Parents et Frère. Pommes de terre cendre et pain grillé à notre feu.Soupe rata et oie, confitures avec Moulu. Prépare pour demain Epiré, revue et exercices. Chahut. Josse me donne ses couvertures ainsi qu’à Moulu.

Mardi 23 Novembre 1915

On se lève à 5h1/2. Bonne nuit. Montons nos sacs. Equipement complet. Rassemblement 7h, froid, brouillard. Partons à Epiré. Ecole soldat, section et compagnie. Maniement d’armes ( nouveau sous Lieut nt). Revenons marche très vive. Rentrons 11h. Je suis de soupe. Je reçois carte-lettre Mauthé, et carte Totor Mazeraud. Allons bureau toucher arriérage pré. Je touche 6f20. Colonel Torré fait demander caporal. Pommes de terre. Soupe. Je vais avec Jolly. Achète cartes postales et pain. Ensuite vais bureau demander voyage gratuit pour permission. Vois Kiffel et cycliste. Ma demande est faite. Vais chercher moutarde pour cyclo.
A 19h30 rassemblement. Tenue de campagne, sac chargé, couverture, gamelle et tout équipement. Allons à Savennières. Ai mal aux pieds. Formons faisceaux et déséquipons. Pause un moment, ensuite, ponts de circonstances, amorce pont normal, 3 bateaux. Je suis aux ponts des équipages, équipe guindage. Je coltine quelques poutrelles et madriers, et rentrons à 23h30. Froid. On refait son lit et couchons. ( beaucoup ivres suite rappel pré) Après midi ai commencé lettre à Parents. Sommeil, malgré cela chahut avant coucher. Colonel Torré s’en va. Deloi porte bagages à la gare.

Mercredi 24 Novembre 1915

On croyait repos ce matin comme habitude. Réveil ne sonne pas. On reste donc au lit, mais rassemblement sonne à 7h. On est en retard. On court vivement au rass..t. Allons ponts des équipages. Roche aux moines. Il fait moins froid. Suis poutrelles un moment, ensuite théorie, brêlage, ainsi que l’après midi. Pas de gymnastique de temps en temps. Ponts de circonstances. Soir ramenons gaulettes. Trains de ravitaillement foudres et caissons. Demain marche, un rapport apprend vais échanges Bouchemaine. ADJt malade. Beaucoup malades, consultations motivées. Pommes. Reçois carte Gabet. Pendant pause midi, jeu de cartes pris par Merbier. Ne sachant pas que c’est lui, on nous fouille tous. On n’est pas contents. Pas repos ce matin, fatigués, Caporal à Angers. Cigares offerts par lieutenant Chauvet, à ceux qui sont pommes. Je dine, lapin, pommes. Suis fatigué, me couche aussitôt après soupe.

Jeudi 25 Novembre 1915

Bréquel rentre de nuit, il donne eau de vie avec jus.Caporal encore ivre. Camarades vont marche. Sommes 15 environ avec Cap Guillemin et serg Fai.( ?) aller échanges Bouchemaine. Pantalon, treillis Merbier. Traversons Savennières et à partir Roches aux moines, longeons Loire jusqu'à la Pointe. Allons magasin Bouchemaine. On ne me donne pas effets perdus pendant mon séjour à l’hopital. Capitaine habillement ordonne enquête. Change pantalon Merbier. Plus rien magasin. Vais Epiré, détachement au lieutenant Dupré font navigation. Je vois caporal Girardin. A 10h on quitte Bouchemaine. Auparavant, je vais avec Jolly acheter du pain et pâté. On retourne par le même chemin. Tout doucement. A la Pierre Bescherelle on fait la pause. Je paie un litre à Jolly, Lebelle et Laîtier. Ensuite on continue chemin. On arrive à la Possonnière à midi ½ . Nos camarades viennent de rentrer du travail, marche, passage Loire,Roche aux moines, et abattages arbres Ile Bréhuard. On va aux pommes en arrivant, mais caporal Latraîne attrape cuisinier lui disant qu’il nous donne déjà la soupe, qu’on épluchera les pommes ensuite. Soupe ; Je reçois 2 cartes de ma Mère et 2 billets de l’Aube l’un de 1fr et l’autre de 0’fr50. Rassemblement à 14h30. On finit les pommes. Ensuite partons faire abattage bois, sans arme ni sac en tenue simple. La Hutte et les Charonnières, avec nous. Je vais aux genêts avec quelques camarades. Rentrons pour 17h. Ramassons nos paquets de genêts près du bureau. Achète pain, journaux et bougies. Soupe. Lebelle et Jolly vont au jeu de boules. A midi fromage, camembert, bonne portion, avons une moitié pour 3. La part à Morbier échoit à Moulu, Bic et moi. Sergent Lafleur à l’hôpital, »scarlatine ». J’envoie 2 cartes à Parents et 2 à Raphaël. Caporal rentre à 18h30, ivre. Chahut. Il veut musique, je joue, il danse encore. Ensuite il retourne boire avec Bréquel. Temps adouci. Ai bien marché aujourd’hui. 21 Km Bouchemaine aller et retour et 10 environ cet après midi. Attends toujour permission. Moulu de garde. Me couche, lit bien chaud, couvertures à Moulu. Caporal et Merbier rentrent à 22h, chahut. Bonne nuit.

Vendredi 26 Novembre 1915

Réveil habituel. Allons polygone. Je porte grenades avec Bic. Suis aux mines ram…( ?) combat, toute la matinée je pioche dans ram…( ?). Manger sur place ; Bonne cuisine. Avec Jolly et Girault vais boire vin blanc. Achète cartes belle collection à Savennières. Même travail après midi. Lieutenant vient nous voir, beau temps doux. Quittons heure habituelle. Pas pommes, les malades les ont épluchées tantôt. Je reçois 2 cartes de frère. Je touche pré 2f35 ; J’achète jeu de cartes, 1f 80.Soupe, œufs, pommes vinaigrette et fromage camembert. Rabiot de voisins, 4 œufs et bonne portion de fromage. Montagnier et Collin, rentrés ce matin ; Collin cigarettes, Biette, salle de police. Pas reconnu visite, et pourtant pied blessé, mauvais major. Après diner, Moulu m’invite à prendre le café. Allons au café » l’Espérance « et on nous sert du rhum dedans, car c’est défendu. Un peu de chahut, et on se couche. Toujours lits serrés avec Moulu.

Samedi 27 Novembre 1915

Réveil habituel. Je suis de soupe. Porte bouteillons légumes. Allons ponts des équipages, mais tout matériel pris par Hutte et Charonnières, on nous envoie ponts circonstances. Passerelle pilôts. On va déjeuner. Ponts équipages. Vais boire litre avec Maurice. Retournons pont circonstance, cette fois passerelle tonneaux. Loire a baissé. A 16h30 départ. Soir, vais soupe : lapin, légère histoire avec caporal à propos des chevalets, châlits. J’envoie carte à Blot, M. Herbulot, Baudron, Merlin, Husson, Kumiel, Fétuot. Frey porte mes cartes. Couché serré avec Moulu.

Dimanche 28 Novembre 1915

Bonne nuit. Jus au lit, lever à 7h. Revue comme ordinaire. Ensuite, fermière près du cantonnement nous prévient qu’elle nous fait chauffer de l’eau pour nous laver. Je me rase. Je vais chez fermière avec caporal et mes camarades y sont déjà. Le fermier va chercher 2 bouteilles, et chacun un bon verre »pour nous réchauffer » suivant l’expression de ces braves paysans. Vin exquis. Ensuite, bon lavage, cela fait du bien. Soupe. Après je vais voir Maurice au jeu de boules. Lacroix en permission depuis hier soir. On va boire café et anisette ensemble. Je retourne avec lui au jeu de boules, on casse la croûte ensemble : sardines. J’achète journaux et vais cantonnement.( article classe 16 sur journaux, dernière ligne au front). Soupe mouton Haricots. Je reçois 2 cartes Renard. J’envoie 2 cartes à Parents et 2 à Frère. Je vais poster mes cartes avec Maurice qui vient de venir me voir. Froid très vif. On va boire café ensemble. Je vais au bureau chercher lettres cantonnement (j’aurai probablement permission cette semaine, me disent Keffel et cycliste) J’achète bougie et allumettes. J’envoie une carte militaire Oncle Paul et une Faure. Delloi, Dalbin, rentrent dans un état lamentable. Chahut très tard. Caporal est obligé envoyer Delloi au poste. Moulu me rapporte collection cartes Angers.

Lundi 29 Novembre 1915

Hier soir, il gelait très fort et me réveillant cette nuit, j’entends pluie sur les ardoises. Changement brusque de température. Ponts équipages, pluie. Matin, navigation, mouillage, ancre. Midi vin blanc avec Maurice et Bréquel. Après midi, suis poutrelles, pont renforcé. On retourne sous averse. Pommes. Roger revenu permission, a été voir mes Parents : bien reçu. Je reçois carte Morin et carte militaire Laval. Temps radouci. J’envoie carte militaire à Mauthé, 1 carte René, Mazeraud, Andro, Mary et Morin. Gabet rentré ce soir. J’envoie 1 carte à Laval. Ensuite prépare pour demain.. Couche serré avec Moulu.

Mardi 30 Novembre 1915

Réveil 6h1/4. On monte sac complet. Il a plu toute la nuit. Partons ex.. Epiré. Pluie, arrivons terrain. Pause, mais aussitôt une averse nous oblige a aller chercher refuge dans vieille Eglise 3/4h. On retire literie du détachement Epiré pour Passe 17. Ensuite retournons terrain école compagnie, avec lieutenant. Retournons cantonnement, arrivons à 12h30. Au lieu manger, épluchons pommes. Sommes trempés. A 13h rassemblement. Polygone tranchées. Ne faisons presque rien. Pluie. Rentrons heure habituelle. Soupe. Après souper il pleut averse. Je vais chez Margot avec Moulu, je joue aux cartes- enchère avec les caporaux Laterne et Guillermos. Buvons 4 litres excellent cidre. Nous rentrons après appel. Rencontrons caporal en chemin pour nous faire porter présents. Me couche.


Mercredi 1er Decembre 1915

Encore tenue de campagne, sac complet, comme hier. Allons aux tranchées. Devait avoir visite Général Jolly. Toujours pluie. Suis équipe claies, Caporal Laterne. Allons chercher gaulettes, Roche aux Moines. La matinée, je trie les gaulettes. A 10h30 soupe pas prête, seulement dans une heure. Avons tous faim. Avec Maurice, Biette, Roger, Frey, descendons à Savennières. Achetons pain, pâté, allons café « Bon Coin » et mangeons. Bouteille vin blanc. Ensuite café et pousse-café ; A midi, retournons au polygone. Après midi, je couvre cuisine avec des genêts. Pluie. Soir rentrons à 17h. Pas pommes. ( depuis lundi, garde de nuit. Service de garde sévère par suite d’abus) Je joue musique, me couche.

Jeudi 2 décembre 1915

Renard rentre de perm un peu avant rassemblement. Je vais aux échanges Bouchemaine (très mauvais temps, pluie) Je change treillis Frey et effets corps Bréquel, quant à moi, rien ! On revient tout doucement sous averse. Arrivons ponts des équipages à midi ½. Mangeons. Il pleut à torrent. Nos capotes sont traversées. En revenant Bouchemaine, bois litre cidre avec Morbier. Après midi, je vais faire claies avec Morbier. Pluie. Camarades font pont renforcé. Caporal conduit les punis »pelote » Je porte claies poste de Varenne. Pluie toute la journée. Retournons pour 17h à Possonnière. Pas pommes. Je reçois lettre et carte postale dans enveloppe. Roger reçoit carte Père. J’envoie carte militaire à Parents. Ensuite coucher.

Vendredi 3 Décembre 1915

Laïtier permission 15 jours. Aller région conduire bœufs pour culture. Ai mal dormi cette nuit, rhume de cerveau. Pluie, montons sac complet. Rassemblement devant « Union » Il pleut ; Partons direction St Georges. Capote encore toute mouillée d’hier. Sergent Chevreux permission, sergent Montagne, commande détachement. Il nous dit ne plus rester longtemps à Possonnière, probablement partir à Toul dans un mois environ. Marchons 1/2h et 20mn de pause. Détachement la Hutte et Charronnière nous rejoignent. Allons près St Georges.Voyons château. Ensuite nous engageons chemin de traverse dans le bois couvert d’eau. Eau par-dessus chaussures, pieds mouillés. Averses de temps en temps. Rentrons à 11h, trempé, crottés et les pieds au frais. Sergent Coquel prend commandement de notre section. Chevreux, première section. Soupe. Rassemblement 13h15. Avec la Hutte et les Charronnières, abattage arbres. Je vais aux genêts. Le soir je reçois 2 cartes, Paris et Lacroix, une de Josse et une Mazeraud René. Le soir je vais boire cidre avec moulu chez Margot. En rentrant, musique. Apprends que mes effets perdus sont » jeu de boules » à Bouchemaine.

Samedi 4 Décembre 19115

Allons au polygone. Je suis équipe Baucier pour faire cuisine pont circonstance. Allons Roche aux Moines, ponts des équipages, chercher perches. Pluie continuellement, Loire monte. Allons ponts de circonstances monter cuisine avec claies et perches. Je vais avec Roger et Allard échelle manœuvre avec capitaine. Nous mettons souvent à l’abri, fréquentes averses. Retournons manger polygone. Pendant pause je vais avec Maurice » Bon coin » Savennières manger et vin blanc. En retournant pont circ., je vois Lacroix rentrant de permission. Même travail que ce matin, échelle manœuvre. Capitaine ne revient pas ; ce matin il nous a montré manœuvre de l’échelle pour enfoncer pilots. En revenant le soir, je suis avec Lacroix. Me donne litre de lait, et cigarette. En rentrant, soupe. Pas lettre. Après diner Jean et Maurice viennent me chercher. Allons ensemble « ancre marine » 2bouteilles vin blanc. Je fume une cigarette. Je joue musique en rentrant. Cette après midi, passage train départ classe 16, tenue de campagne. Classe 17 appelée pour 5 Janvier. Classe 16, envoyée près du front en dernière ligne. Chahut chambrée.

Dimanche 5 Décembre 1915

Réveil à 7h. Jus au lit par Merbier ; Revue, effets à changer passée par Sergt Montagne. Ensuite par Adjt. Avec un sous-lieutenant du bureau pour chercher graisse à chaussures. Il m’envoie prévenir de son arrivée au cantonnement Briand et au « jeu de boules », chercher mes treillis. Je suis de soupe. En reportant bouteillons, rhum chez forgeron avec Gabet. Après me lave. J’envoie lettre à Parents, 2 cartes Frère et une à Mazereau. Pluie, attends toujours permission. Je croyais partir hier, mais toujours rien. Ne reçois pas de lettre. Je fais un peu de couture. Je vais chercher 4 sous de pain et 4 sous de rillettes, litre de lait avec pain. Achète « Matin, et Pays France » A 17h je vais chercher Maurice. Allons »Ancre de Marine » Lacroix vient nous y rejoindre. On commande diner. J’ai bien mangé, mais je me remets à table avec eux. Un vieux » brisquard » de 77ans, avec nous. Il mange à notre plat, et nous amuse par ses histoires, il est un peu gris. Nous buvons beaucoup, chacun 2frs. Entendant l’appel, nous courons précipitamment au bureau nous faire porter présent. En suite je remonte au cantonnement. Le caporal pas là, pas rentré. Je fais semblant d’être éméché. Tout le monde le croit ; Chahut. On chante, on croit toujours à mon air gai ! Quelques virages ! Merbier me prévient, caporal ivre, veut se battre, scandale. On continue à chanter et chahuter. A 22h30 environ, le caporal rentre ivre à ne plus se tenir. Il tombe comme une masse sur son lit, on le déshabille, il rend. On s’endort enfin.

Lundi 6 Décembre 1915

Au réveil dispute dans la chambrée. Moulu et Montagnier se battent. Moulu a le dessous par sa faute, s’étant mal pris. Pluie. Ponts circonstances, eau très montée. Je fais claies, matin avec Renard. Mauvais manger. Je vais manger pâté « Bon Coin » avec Renard, Maurice, et Brie. Après midi pont bateaux avec 3 bateaux. Je suis portière, 2 bateaux – poutrelles et guindage, je travaille très peu. On rentre tôt le soir. Avec Lebelle je demande permission 4 jours à sergent Fourier. Soupe, lapin, fromage. Refais demande permission. Je vais au jeu de boules. Bréquel, Demonge, Collin, me donnent leur bidon, cidre « Margot ». Je donne copie permission Lebel. Kiffel vient près de nous, inutile refaire demande permission, rappel de noms par lui. Je rentre cantonnement. 4 quarts cidre par camarade. En suite un peu chahut et on se couche.

Mardi 7 Décembre 1915

Tenue de campagne. On monte sac. Exercices toute la journée sur route l’Allend. Rentrons pour 10h. Mangeons à 13h pommes. Ensuite théorie « jeu de boules » jusqu’à 14h. J’achète pain et chocolat. Reçois carte Mary. Pluie. Je rapporte linge perdu et rendu Bouchemaine, du
jeu de boules. Porte linge laveuse.. Je vais au bureau toucher pré et tabac. Mangeons blanquette, bonne portion, viande et sauce blanche excellente. 1ere fois viande avec sauce. A 18h30 rassemblement tenue de campagne. On se dirige St Georges. A peine partis avant ¼ d’heure, violente averse. La Hutte avec nous. Lieutenant nous rejoint, on patauge eau et boue. Service campagne Charonnières, on se croit même perdus. L’eau tombe a torrent, nos vêtements se traversent. Traversons Savennières. Rentrons à 22h dans un état lamentable. Murmurons tous ; malgré cela, chahut et chante. Je joue musique jusqu'à 23h30. Capote traversée et treillis également, heureusement, gilet de laine.

Mercredi 8 Décembre 1915

Réveil habituel malgré nuit. Polygone. Toujours pluie, boue épaisse. Loire monte. Je suis gradins franchissement. Plusieurs fois violentes pluie oblige a nous abriter. Mangeons sur place. De l’intérieur abri’ entends lieutenant Lotte dire que toute la classe 16 va à Possonnière. Nouveaux cantonnement pour la Hutte, et les Charronnières, appareils chauffage, tout nécessaire pour passer hiver ici. Je ne crois plus au départ pour Toul. Partir du polygone, si la pluie continue. Mangeons dans un abri. La pluie cesse. Après midi même travail. Partons vers 15h. En rentrant on nous donne matelas ; Ensuite soupe, lapin.Josse revenu de perm. On va boire un litre ensemble ainsi que Moulu, Gabet, Renard,. Pas de lettre. Adjudant mécontent de la marche d’hier par un si mauvais temps. Les journaux parlent de nous ménager, ils disent que c’est malheureux de nous faire marcher par semblable temps. En temps de paix, 2capotes et autres effets rechanges, tandis que nous, rien ! Musique en rentrant et couché, bon matelas.

Jeudi 9 Décembre 1915

Toujours pluie. Ponts équipages Savennières, endroit pont circons. Pont tablier surélevé. Je coltine matériel ensuite brêche échafaudages sur bateau. On conduit bateau près Pont.Je suis rameur ; Pluie. Mangeons sur place. Je vais « cercle fraternel » avec Maurice, Prudhomme et Moulu, cidre. Revenons ponts. Nous mettons à l’abri jusqu'à 14h, pluie violente. Reprenons travail en capote. Amenons notre bateau près du pont. Ensuite poutrelles de jonction, nous les amenons et brêlons sur bateaux. Quittons travail à 16h30, trempés, couverts de boue. Soupe. J’envoie carte postale René, Mr Andro, Mr Courtois. Musique. Caporal venant rendre appel, m’apprends que je pars en permission demain, ainsi que Gabet, Lebel, et Joly. Heureux.

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ddumont
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Re: Carnet d'un sapeur retranscrit par Monique

Message par ddumont »

Merci de ce travail conséquent.
Sait-on si cela était monnaie courante de tenir un carnet ainsi?
monique baudry
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Re: Carnet d'un sapeur retranscrit par Monique

Message par monique baudry »

Un grand merci ARMAND pour la présentation.Je n'ai pas réussi a entrer les images, carte du secteur de POSSONNIERE, et il manque un paragraphe à la fin du récit de la journée du 10 Dec 15 ! Je vais essayer de le retrouver.
En attendant, bonne lecture à tous et toutes
Monique
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le begue
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Re: Carnet d'un sapeur retranscrit par Monique

Message par le begue »

Bonjour à tous,
Bonjour Monique.
Si vous allez un jour en Anjou, vous y découvrirez "L'ancre de Marine", le cercle "La fraternité"...et bien d'autres endroits fréquentés par votre aïeul.
J'ai pris grand plaisir à lire ces lignes, avec un sourire au coin des lèvres...."Je suis rameur"..."Je suis poutrelle-guindage". Cela ne vous "parle" sans doute qu'assez peu. Pour les sapeurs, elles ne peuvent qu'évoquer des souvenirs, bien souvent sur ces mêmes lieux, 70 ans plus tard...
Merci à vous de nous faire partager ces moments là.
Cordialement,
Louis Le Begue du Portail.
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jmarie
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Re: Carnet d'un sapeur retranscrit par Monique

Message par jmarie »

Bonjour à Monique et à tous,
J'ai été très intéressé par le Carnet d'un sapeur. Ce type de reportage quotidien, loin des considérations philosophiques, doit être assez rare.
Travaillant sur un sujet voisin,
pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-genie/ ... t_82_1.htm,
Je peux apporter un petite illustration au travail de Monique.

Image

L'auberge "Au bon coin" a été citée pluseurs fois dans le carnet. Elle était tenue par la mère Boulard (seule femme de la photo).
Nous devons cette photo à sa fille Madeleine Poulard qui a écrit un article, sur Savennières, pour une association locale.
La mère Boulard préparait quelques fois des plats pour améliorer l'ordinaire des sapeurs, lesquels rapportaient la matière première de leur permission.

Je serai, éventuellement, intéressé par le plan de la Possonnière, s'il est possible de le récupérer.
J'imagine aujourd'hui que les manoeuvres de bateaux se faisaient à partir du quai du Petit-Port, situé sur la Guillemette (un bras de la Loire), en bas de la Roche aux moines.

Cordialement,
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monique B
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Re: Carnet d'un sapeur retranscrit par Monique

Message par monique B »

Bonjour à tous,
Monique, comme vous le propose Louis, il ne vous reste plus qu'à prévoir un périple en Anjou... sur les traces de Beauchemin, qui je le sais vous a donné beaucoup de fil a retordre avec ses petits carnets, ses "pattes de mouche" et ses petits mystères... Mais vous avez, malgré tout, pu aller au bout de cette transcription pour nous "faire profiter" de chaque détails, oh combien précieux pour les chercheurs que nous sommes.
Je vous en remercie
Amitiés
MoniqueB
monique baudry
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Re: Carnet d'un sapeur retranscrit par Monique

Message par monique baudry »

Merci "jmarie" d'avoir enrichi les notes du jeune sapeur,en apportant cette photo ! Ce forum est une source, et je pense que de nombreux passionnés fouilleront dans leurs souvenirs et leurs documents, car cela donne, ou plutôt redonnent vie, au texte.
Monique, cou-cou, c'est une bonne idée de faire un petit tour dans la région, mais, aujourd'hui qu'en reste-t'il ?
Cordialement à tous
Monique
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armand
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Re: Carnet d'un sapeur retranscrit par Monique

Message par armand »

Suite : 2ème Carnet du 23 Avril 16 au 2 Juil 16, au camp du "Bois le Comte". 4eme génie
Image
Dimanche 23 avril 1916

Aujourd’hui, jour de Pâques. Nous avons repos complet. Pluie toute la nuit jusqu’a 6h. Plusieurs messes sont données le matin, par un aumônier. J’écris au lita Parents, Mr Gillot et René Marquet. Me lève à 10h pour aller souper. Soupe aux bœuf et légumes, bien servis, macaronis. Après-midi allons au bois pour cuisine. A la coupe, plus tirailleurs, de l’artillerie est a leur place. Après je vais avec Genermont chercher vin cantonnement, 7eme Génie et 29eme infanterie, ne trouvons rien. Musique joue le soir. Soupe : macaronis, bifteck, harengs. ¼ vin ¼ thé, pas eau-de-vie. Ensuite avec Maurice et Jean, grogg. Reçois journal Mr Gillot. Menu extra. 102, voiture a été renversée, obus. Longtemps à dormir. Avions, dirigeable.

Lundi 24 avril 1916

Réveil et rassemblement comme habitude. Aéros et dirigeables évolués cette nuit. Suis terrassement tranchées. Temps splendide Avions de tous côtés. Boches canonnés mais viennent quand même espionner. Plusieurs coups de mitrailleuses échangées entre avions Français et Boches. On ne voit pas chasse-taubes, seulement, Farman et Caudron Soleil chaud. Soupe midi : rata bœuf. Achète journal. Après-midi même travail. Toujours 111- 113 avec nous. Achète chocolat cantonnement 29eme territ. Avons toute la journée. Remarque Boche audacieux, malgré violente canonnade, passent les lignes et évoluent jusqu'à Clermont. Nombreuses saucisses ; on voit aussi celles des Boches. Pas d’avion de chasse Français, toujours Farman et Caudron, a faible hauteur. Obus sur Clermont. Soir, haricots, bifteck ¼ vin ¼ thé au rhum. Vais voir Maurice, ¼ thé rhum. Je reçois lettre Père et Frère, toile Zeppelin. Coucher, on éteint les lumières a 20h. Ne puis dormir, entend voler avions.

Mardi 25 Avril 1916

Aujourd’hui réveil en fanfare a 4h, je suis réveillé en sursaut par une violente détonation a proximité du cantonnement .Tout d’abord je crois que grosses pièces Boches envoient marmites, mais bruits moteurs. Le camp est bombardé par une escadrille d’avions Boches. Plusieurs tombées non loin du cantonnement. Je reste au lit, car on nous défend de sortir, malgré cela, quelques uns sortent. 50 bombes, dont beaucoup assez près de nous. Quelques avions de chasse les mitraillent et 75 les canonnent : 1 obus 75 non éclaté tombe près de la 102. J’écris lettre a Frère avant me lever. Jus ensuite. En allant travailler, je vois petit entonnoir produit par une des bombes a côté de Brabant. Toujours saucisses et avions canonnés. On voit très peu avions Français canonnés par les Boches. Même travail bois, suis encore équipe avec Genermont. Moins travail ; Soupe midi : nouilles et singe. J’ai une boite singe pour moi, Dath me donne sa part. Achète un hareng-saur. Après midi, même travail. Toujours avions Boches canonnés. Sergent Vetzin, avec nous. Vais chercher eau, source. Quittons travail à 16h . Souper, riz au gras, bifteck, ¼ vin, sardines, 1/4thé au rhum. Je vois Vincent 88eme infanterie cantonné dans bois a côté de nous. D’après ce qu’on m’a dit de nos Boches ce matin, ont abimé le hangard aérodrome, heureusement tous les avions étaient sortis 2 blessés du 88eme et quelques chevaux. Voie petite Decauville coupée. Une trentaine d’avions Français dont Chasse-Taubes vont aux lignes. Soirée envoie lettre frère. Cherché ma pelle cuisine. Vais voir Lacroix et François a leur nouveau gourbi . 1/4café rhum. J’écris près d’eux. On entend avions se mitrailler

Mercredi 26 Avril 1916

Réveil 5h. Rassemblement 5h30. Revue outils portatifs. Je suis ……-…….( ?) avec Genermont, Dath, et Caporal Gauthier. Avions boches canonnés, mitraillés par les nôtres. Moulin me rapporte ma montre ; Soupe midi, nouilles, bifteck. Achète journal. Beau temps, chaleur. Achète avec I…… ( ?) bouteille de vin bouché, 2f.55 et biscuits que l’on consomme avec Moulin. Cigarettes. Après-midi, même travail. Lieutenant dit que travaillons pas assez. A 15h, quittons travail. De 1ere a 5eme escouade, on travaille de nuit. Soupe en rentrant, haricots, singe, café rhum, 2/4vin. A 18h, on part, 113 avec nous.1 équipe va charger camion ligne Aubreville, et nous déchargeons voiture artillerie, fils de fer et piquets a réseaux. Nuit douce et claire. Avions volent toute la nuit, surtout « voisin » que je reconnais au bruit moteurs. Petits projecteurs avec lesquels ils éclairent le sol. Ils ont feu rouge aile droite (tribord) et feu vert aile gauche (babord). Se font signaux avec projecteurs. Eclatements obus, fusées éclairantes, lueurs départs pièces. Entends plusieurs aéros (voisin) passer, en traversant les lignes, les Boches les canonnent et leur envoient fusées ressemblant a une envolée oiseaux lumineux. Avons vu à Brabant 3eme tirailleurs 2eme Zouaves formant 37eme division. Projecteurs de terre du front et on vu……….. ?.... (illisible), général de division vêtu …………avec la chéchia . 4h retournons cantonnement. Avions volent toujours. Me couche en rentrant. Tout bien. Il fait doux, nuit splendide, Navarre et (R ou D)oillot, sur chasse-taubes, aérodrome près de nous .

Jeudi 27 Avril 1916

Repos, jus au lit. Me lève à 8h30 . Apprends par Brossard, hier un avion boche abattu sur Vauquois à coups de canon, certains entre nous l’ont vu tomber, et cette nuit en allant au ravitaillement ont vu un zeppelin aux Islettes, c’est pour cela que les projecteurs donnaient. Je vais laver avec Dath et Duffant. Avions boches canonnés et mitraillés par Farman et Caudron. Soupe midi, bifteck, macaronis. Ensuite nettoie et recoud capote. J’envoie lettre à frère et je reçois journal de Mr Gillot. Achète le « journal » change de linge. Mange sardines et confitures avec Dath ; Toujours duel entre aéros et aéros et canons. 3 avions boches canonnés cependant veulent attaquer saucisse, mais celle-ci les met en fuite avec sa mitrailleuse. Soupe soir, bifteck, riz au gras, 1/4vin, jus rhum. Toujours temps magnifique. Toute la journée, avions . Aujourd’hui je remarque que Caudron et Farman attaquent avions éclaireurs boches. Roger me donne photos école ponts. Vais près Maurice et Jean. Café, rhum, orange. Rentrons nous coucher 23h tout le monde dort. Salut. (Voisin)

Vendredi 28 Avril 1916

Réveil 4h30. On va travail tenue de campagne complète, car certains outils ont été perdus, c’est pour les rechercher. Je monte sac, je porte polochon en sac a terre contenant treillis et linge a cuisine Lacroix. Partons à 6h. Beau temps. Avions. En arrivant, faisceaux. Avec Dath, je suis piquet retraite aux réseaux. Sommes bien tranquilles tous deux, loin des autres, avec caporal Gauthier. Soupe midi, nouilles, biftecks, biscuits avec Genermont. Achète journal, apprend avion abattu Vauquois par Navarre- A 15c. Après midi même travail. A 15h20 quittons travail, revue par Lieutenant Vetztin. Partons ensuite, chaleur. Soupe soir, haricots, biftecks, fromage2/4vin, café, rhum, 1/4pain, rabiot. Avions Boches venus presqu’au dessus de nous au travail, un d’eux très bas. Ensuite je vois Lacroix et François, écris. Canonnade très violente, ciel rouge embrasé. 1er départ permissionnaires partis avant-hier. Il part 3h tous les soirs par compagnie, anciens du front les premiers, le tour de la classe 16 après, on se base sur punissions, âge, et date de départ de R…..( ?).. Ecris, je rentre me coucher 21h. Tout bien. Lacroix m’a donné vin. Avions volent. Joue musique avec sergent Vetztin.

Samedi 29 Avril 1916

Réveil. Rassemblement habituel. Je suis réseaux, petits fils de fer pour rendre plus difficile l’accès au 1er réseau. Avions volent. Vent comme hier, aussi ni hier, ni aujourd’hui pas de saucisses, rapport vent. Beaucoup de nos » Voisin et Farman »volent. Je comprends leur rôle, dès qu’ils voient avions boches ils font signaux aux artilleurs et règlent leurs tirs, quant a eux, ils se tiennent a distance et mitraillent l’ennemi. Très peu d’avions Boches aujourd’hui, ils fuient rapidement. Quelques Chasse-Taubes. vol, canonnade, on voit obus éclater front, que l’on distingue très bien, exemple côte 253. Soupe midi, bifteck, macaronis. Champenois me donne vin blanc. Achète 1/2l Chocolat. Après midi même travail. 155 long, tirent précipitemment pendant un moment. Soir, perçois carte militaire Rochard et Courtois. Soupe haricots, omelette 2 œufs chacun, 1/4vin 1 tablette de chocolat 1/4café rhum. Avions volent. Vais voir Lacroix et François, grogg. Ecris, rentre à 21h. Me couche. « Voisin » volent toute la nuit. Lettre Champenois.

Dimanche 30 Avril 1916

Dès le matin avions volent. Jus au lit. Me lève 7h. Recoud pantalon, ensuite nettoie fusil, soupe10h. On me demande mon adresse car je dois partir »permission »cette semaine. Je suis 1ere liste départs. On se base sur l’âge et punissions. Soupe midi, bifteck et haricots. Temps nuageux et assez chaud. Pas saucisse à cause du vent. Ensuite je vais près Lacroix et François. Je vais chercher cannes avec Lacroix. Arrivés à la coupe, je pars d’un côté, Lacroix de l’autre. J’entends un chasse-Taubes s’envoler non loin de nous au champ d’aviation. J’entends ensuite un grand bruit de moteur, plusieurs aéros doivent être en l’air en même temps. J’entends canonner, l’idée me vient tout de suite que nous avons affaire a une escadrille bombardement boche. En effet, ils se sont glissés, pour la plupart au dessus des nuages et ont ainsi passé les lignes, de tous les côtés, ils débouchent des nuages. Ils sont à 2000m environ ; ils sont très clairs, assez transparents, et la croix de fer, fait une tache noire sous leur plan inférieur. Les premiers me dépassent, et immédiatement un sifflement derrière moi, une explosion, assez proche, suivie de plusieurs autres semblables. Je perds Lacroix, car je me suis avancé dans une clairière pour mieux voir. Ne le voyant plus, je retourne au cantonnement. Plusieurs bombes sifflent près de moi, épouvantables détonations. Les boches arrivent toujours. Canonnés, mitraillés de terre et mitraillés de nos avions, chasse-Taubes et quelques Farman et Caudron. J’arrive à la cuisine, près des camarades escouade. Avions Boches, 25 environ, ils vont vite, ce sont des appareils assez rapides ne pouvant pas emporter une grande charge en projectiles, accompagnés de quelques avions de chasse, il doit même y avoir Fokker, a grande vitesse. Bombes tombent toujours et avions sortent nuages, projectiles tombent du côté champ d’aviation, malgré cela un chasse-Taubes s’élève rapidement. Dès qu’ils le voient monter, les boches les plus proches de lui, font un demi-tour et fuient immédiatement devant lui . Un bi-moteur s’élève ensuite ; Un boche serré de trop près par un chasse-Taubes, lâche les 3 bombes en même temps pour se sauver plus rapidement. Des combats au dessus de chaque nuage et canons et mitrailleuses tirent. Enfin les boches sont obligés de fuir rapidement. Un rideau d’arbres nous cache la fin du combat. Je retourne auprès de Lacroix et François. On fait cuire des œufs sur le plat, 2 chacun, je les paie 0f20 à Lacroix qui se les fait rapporter de Ste Menehould par ravitaillement. Envoie lettre à père Mr Andro et Mauthé. Vais à la soupe. Vent s’apaise, saucisses s’élèvent. Soupe aux légumes, bœuf, fromage, haricots. Ensuite je retourne près Lacroix et François, mange haricots, vin et biscuits. Avions volent la nuit. Me couche ; Tout bien. Joue musique avec sergent Vetztin. Avions boches ont fait 40 victimes environ, morts et blessés compris.

Lundi 1er Mai 1916

Nous restons pour faire tranchée abri, bombardement a proximité du cantonnement. Tranchées avec pare-éclats 1m80 de haut sur 1m. Je mesure tranchée avec asp-t Planche. Je suis avec Genermont, avons nos outils portatifs. Beau temps. Avions volent. J’apprends qu’hier 3 avions de l’escadrille boche furent abattus en repassant les lignes. 2 furent descendus par Navarre ( c’est lui qui s’éleva quand les boches jetaient les bombes ) et le 3eme le fut par l’artillerie. Cette leçon a profité aux boches, car depuis hier on ne les voit pas. Soupe midi, nouilles, bifteck. Après midi de 13h à 14h30 les boches lancent une trentaine d’obus à côté de Brabant. Quelques uns n’éclatent pas. Soir corvée d’eau. Aspirant Planche en permission. Soupe soir, haricots, bifteck, fromage.

Mardi 2 Mai 1916

Même travail qu’hier. Beau temps. Suis encore avec Génermont. Faisons boyau accès à la tranchée, même largeur, mais 1m50 profondeur. Soupe midi, pommes frites et bifteck. Avions volent. A 11h une escadrille de bombardement composée de plusieurs grands bi-moteurs Farman et Caudron escortés de quelques chasse- Taubes, se forment au dessus champ d’aviation et part direction lignes. Je les vois revenir 3h après. Après midi les boches tirent sur saucisse de Clermont et celle qui est près de nous, inutilement. Violente canonnade. Boches attaquent Mort- Homme et côte 304. Vais boire jus avec Lacroix et François. Pluie toute la journée.

Mercredi 3 Mai 1916

Je suis malade, rhume de cerveau et diarrhée. 6eme escouade et 3 h..5e ie . Dath, Guillaume et moi restons pour finir tranchées abri. Charmont et Brossard, chefs de chantiers. Achète1/4 chocolat. Soupe midi : macaronis hareng salé, morue. Champenois nous fait chacun 2 quarts de jus excellent ; Vais chercher muguet. N’en trouve pas. Toujours grand nombre d’avions en l’air, chasse-Taubes, bi-moteurs. On ne voit plus avion boche. Saucisses sont en l’air. Je reçois lettre de Laval et carte de René. Après midi, même travail. Pluie et orage ; On voit un petit ballon- sonde au loin dans les nuages. Farman tourne, 1heure environ au-dessus aérodrome et Bois le Comte et lancent des fusées. Soir, ravitaillement n’arrive pas, bombardement, sans doute. On a chacun ¼ bouillon concentré, gruyère. J’ai acheté deux œufs à Lacroix et il m’a donné sel et poivre (œuf 0,20) on a pris une boite de singe pour 2 sur nos vivres de réserve. Ensuite je vais près Lacroix et François. Je mange haricots verts. Bois ¼ vin.

Jeudi 4 Mai 1916

Allons aux tranchées. Sommes réseau fil de fer avec 113 RI . Chaleur, toujours très grand nombre d’avions en l’air. Surtout avions de chasse. Depuis leçon de dimanche, boches ne se risquent pas à passer les lignes. Par contre des Farman amusent artilleurs boches, se faisant canonner en volant très bas au dessus des lignes. Traçons réseau et enfonçons piquets. Soupe midi, riz et bifteck. Achète journal. Profitant d’un moment ou surveillance avions relâchée, un boche vient non loin de nous, est canonné et retourne. Après midi, même travail. Soupe soir. Singe macaronis fromage, ¼ vin, ¼ jus. Vais près Lacroix et François. Pluie soir. L’après-midi on se planque sous pommier, moi je regarde lancer fusées asphyxiantes. Besson et Bigard, sont pris par le lieutenant Bodineau( ?) moi je manque y être !

Vendredi 5 mai 1916

Retournons au réseau. On ne fait presque rien, ce sont fantassins qui travaillent pour nous.
Soupe, bifteck et macaronis. Je sers viande, ne mange pas les macaronis. Après midi, trace tranchées avec caporal Gauthier, Picard, Bijeard et les Lieutenants Lieutaut et Bodineau. On part 16h. Passons a quelques uns par Brabant, Zouaves et tirailleurs partent pour attaque. Depuis début de semaine, boches attaquent de notre côté tous les jours, on entend violentes canonnades et on voit marmites éclater sur ligne front, surtout derrière Bois d’ Avocourt, du côté Mort Homme et côte 304. En ce moment, moins de discipline que jamais on part et on revient du travail comme on veut surtout nous a la 5e escouade. On mange en rentrant, lentilles et bifteck, ¼ vin ¼ jus. Soudain, orage, une violente bourrasque s’élève courbant les cimes des arbres. Les aérostiers cherchent à descendre les saucisses, mais malgré leurs efforts, les 2 saucisses les plus proches de nous, cassent leur câble et s’échappent. C’est la proche de nous qui rompt son câble la première. La secousse est si violente qu’elle fait trois fois la boucle, elle monte assez lentement, par 2 fois l’aéronaute jette des objets assez volumineux par-dessus bord, ensuite un autre objet qui semble assez volumineux par-dessus bord, et ensuite un autre objet qui semble immobiliser la saucisse un moment. Bientôt un énorme paquet quitte la nacelle, tombe 50m environ et le parachute se déploie, l’aéronaute vient de quitter la saucisse désemparée qui d’un bond disparaît dans les nuages . Le parachute terriblement ballotté descend dans les lignes. A peu près au même moment la seconde saucisse s’échappait, la même scène se passait mais, malheureusement le parachute ne s’ouvrait pas et le malheureux aéronaute était tué. Quant au 1er j’appris par la suite qu’il était atterri un peu à l’arrière des lignes, blessé par un éclat d’obus que les boches lui avaient envoyé pendant sa descente. C’était un caporal qui montait pour la 1ere fois dans la saucisse. Nous avons perdu environ 6 saucisses et les boches autant. La moitié des pilotes furent tués. Ensuite j’allais près Lacroix ; vin et biscuit. J’envoie lettre parents. Avant orage, remarque dans l’air, ondes ressemblant fumée et arc-en-ciel, près soleil. Je reçois lettre frère.

Samedi 6 Mai 1916

Réveil a 5h. 5eme escouade avec caporal Liutingue ( ?) pour tranchée. Beau temps jusqu'à 8h. Ensuite pluie. Avions jusqu'à 8h. Faisons petit fil de fer premier intervalle réseau. Je fais bobine avec Picard. Soupe, riz au lait, bifteck. On va manger cantonnement, 29e territorial, cause pluie. Après midi même travail, matin. On s’en va 16h. Soupe en rentrant : haricots, fromage, bifteck, ¼ vin ¼ jus. Je vais ensuite près Lacroix et François. Par moment 115 long, lancent bordées pendant ½ heure.

Dimanche 7 Mai 1916

Me suis levé cette nuit, diarrhée, suis malade. Je reçois lettre parents. Je bois jus. Reste au lit toute la journée. Ne mange presque rien, un peu de riz au lait midi. Après midi, Garnier m’apporte thé que je rends ? Soir ¼ jus et gâteau donné par caporal. Beau temps. Avions volent. Il n’y a que 2 saucisses en l’air, les autres pas remplacées. Soir vais un peu mieux. Dath et Garnier se sont occupés de moi. Ils m’ont apporté manger et boire. Tout bien. Apprends pars en permission, mardi 9 courant.

Lundi 8 Mai 1916

Pluie toute la journée. On prend travail par relèves à partir aujourd’hui. Ce soir on commenceà17h30. 4, 5, 6e escouades, puis relève 1, 2, 3e qui ont commencé à 7h30.
Soupe midi. Repos, on s’est levé à 10h pour soupe. On ne fait rien. Je vais voir Lacroix et François. Soupe soir. Travail nuit, on commence tranchée. Suis avec Biette.

Mardi 9 Mai 1916

Reste au lit toute la matinée. Soupe. Après midi, prépare affaires a emporter, me fais raser et couper cheveux. Je pars avec Durant, Anen. Quitte cantonnement à 20h. Passage à travers bois. Traversons Clermont. Arrivons gare, ou plutôt quai en plaine, sans couverture à 23h30 entre Clermont et les Ilettes, appelé » la thibaudette ». Attente pluie. Train à 1h30. A 6h Revigny, ai dormi. Faisons timbrer permission. Continue avec Anen qui va à Bar-sur-Aube.
Jessain. Troyes, attente. Romilly, 19h30. Arrivée maison, JOIE.
(Jours de permission, aucune note )

Vendredi 19 mai 1916

Lettre père, mère, frère. A 5h environ m’éveille. Passons à Suippes, canon, vois pays détruit en partie. Avions canonnés. Cantonnement arrière tout long voie. Enfin 6h 30 arrive à Ste Menehould, canon. Un marchandise part dans 1h à Clermont. Je le prends avec quelques autres permissionnaires. Partons 8h 30 environ. Ilette, arrêt, gare abimée par obus. Avions boches canonnés. Quelques obus passent en sifflant au dessus de nous. Apprends un avion boche descendu près de la voie ce matin ; pilote, une balle mâchoire, éclat obus épaule. Je le vois en passant, c’est un bi-plan en très bon état, atterri normalement, aviateurs prisonniers. Enfin, 9h30 arrivée Clermont. On ne me timbre pas ma permission. Je prends la route Clermont, passe Vraincourt. Une marmite 210 non éclatée, bord de la route. Je me mets à l’ombre bosquet et mange. Canonnade, comme jamais entendue ! Enfin je vois Brabant. Les saucisses sont en l’air, toutes remplacées.

Samedi 20 Mai 1916

N’ai pas très bien dormi. Me lève à 7h. Jus. Corvée de nettoyage cantonnement. Ai été chercher bois, muguet. Ensuite écris père, mère, frère. Avions volent. Tout bien. Soupe, nouilles, bœuf-mode. Vais voir Lacroix, ¼ jus rhum. Range affaires. Dath part en permission. Soupe soir, macaronis, bifteck, ¼ vin ¼ jus rhum. A 17h, partons travail. Dath va au train. Suis abri caverne 3, avec Guillaume. Retirons énorme pierre. Lutte avion. Je vois descendre un boche par chasse-Taubes. ( fumée jaune ).Avions toute la journée, canonnade toujours très violente .( Casse-crôute gruyère, nuit ) Nous sommes trois Guillaume …………( ?) travaille seul. Voisin volent nuit. Feux rouge/ vert. Je vais arranger la lampe. Roger et caporal Gauthier gardent magasin tous les deux. Roger me paie ¼ jus Tout bien. Partons à 1h du matin. Fais lit avec Dupont, Bonne nuit. Canonnade toujours violente. Le matin, volontaires sont partis en renfort à leur comp/ ies 1e, 2e 4e, génie. 20/101, trentaine, quelques uns d’ une Cie territoriale.

Dimanche 21 Mai 1916

Je suis éveillé à 5h. Ai bien dormi. Entends violente détonation. Une escadrille bombardement boche lance bombes de notre côté mais assez loin. 50 bombes environ. Me rendors jusqu'à 8h.Reste au lit jusqu'à 10h. Beau temps, toujours canonnade. Soupe haricots. En suite bois. Vais avec Bresson à l’ombre. Chaleur. De nombreux avions. Allons échanges. Je touche chaussettes et bandes molletières. Soupe soir . Riz au lait et viande dans son jus. Gamelle pleine de riz. 2/4 vin, confitures,1/4 jus rhum. Bresson me donne ¼ chocolat. Ensuite coups mitrailleuses. C’est un chasse-Taubes et un boche, qui se mitraillent. Aussitôt le Boche pique en flamme : il est descendu et l’avion de chasse revient atterrir à son aérodrome derrière nous, il rentre très vite même, heureux de sa victoire. A 20h me couche. Joue un peu musique. Il parait que le boche détruit venait de détruire un Farman, au moment ou un chasse-Taubes vient le descendre. Girault en permission.

Lundi 22 Mai 1916

Hier, repos, on ne travaille que ce soir. Ai très bien dormi. Bonne nuit. Me réveille 7h. Jus. Toujours beau temps. Me lève à 8h30, vais au bois avec Guillaume. Sur journal, BOILLOT, sur chasse-Taubes tué Samedi. Joux rentre de permission. Soupe haricots, bifteck, confitures. Envoie carte-lettre parents. Vais voir Lacroix et François. Lacroix est en permission ce soir. Chaleur. François m’a proposé aux SS/Off pour remplacer Lacroix comme cuisinier. Combats d’avions. Je grave bague Girault. Mange confitures et « louch tongue « à Biette. Vais distribuer avec Champenois. Brossard, me donne ¼ rhum. Touchons pré : j’ai 6f 05.indemnité de route. Combats avions. Beaucoup saucisses en l’air. Souper soir, bifteck, nouilles, 2/4 vin, jus rhum. Vais voir Lacroix et François. Lacroix se prépare a partir, il emmène son chien. Buvons café ensemble. Je fais jus et vaisselle avec Maurice. A 20h, Lacroix part. Me couche dans son lit. Apporte mes affaires ici. Bien installé. Tout bien. Joue musique.

Mardi 23 Mai 1916

Réveil 4h30, Bonne nuit. Bien dormi. Maurice fait jus. Me lève, buvons café au lait condensé. Avions sortent peu : vent. Pas de saucisse en l’air, même cause. Je vais au bois avec Maurice. Je le casse en rentrant. Je mange saucisson. Tous embusqués sont remplacés. Joux est nommé cyclo, a la place de Gley. Vais à l’eau. On fait a manger, et vais servir les SS/Off à table. On mange haricots, biftecks 2, vin à volonté. Sardines, café rhum ; Très bien nourris. On fait vaisselle, on range tout. Je retourne à l’eau. En rentrant épluche pommes de terre , et on fait manger pour soir. Vais distribution. Ensuite sers sous Off. A table. On mange avec Maurice, soupe, haricots en conserves ( bouillon condensé ) bifteck et P- de- Terre avec sauce viande .Vin à volonté. Ensuite café rhum. Une escadrille d’avions boches se fait canonner en cherchant franchir lignes. Ils réussissent et jettent bombes loin de nous, dans les lignes, je crois même. Nos avions sont en l’air : chasse-Taubes, Bi-moteurs, etc .. . . Vaisselle. Joue musique avec sergent Vetztin. Allons à l’eau avec Maurice. Jus en rentrant et on se couche à 21h. Tout bien.

Mercredi 24 Mai 1916

On se réveille à 4h. Des avions boches jettent encore des bombes loin de nous. Maurice se lève, fait jus. Moi je dors jusqu'à 6h. Je bois jus au lait. Vais chercher bois. Nombreux avions volent, on mange pain, bifteck en rentrant. Faisons soupe pour midi. Je sers avec Maurice et mangeons .Allons eau et bois. Toujours avions. Soupe soir. Mieux nourris qu’a l’escouade. Vin, eau-de-vie, café, pain à volonté, meilleure cuisine, meilleurs parts. Soir j’envoie lettre à parents. Depuis que je suis rentrée permission, canonnade tous les jours, attaques de notre côté, MORT-HOMME, CUMIERES, 304, DOUAUMONT.

Jeudi 25 Mai 1916

Habituel réveil, Maurice 4h, moi 6h. Jus, Vais au bois, ensuite à l’eau. Chef rapporte de Ste Menehould, œufs, conserves, choucroute et cornichons, artichauts, oranges, etc…
Soupe aux lignes soir : bifteck, nouilles, gruyère. Tout bien. Reçois « Patriote Aube « . Avantages d’être aux cuisines : avons tout a volonté . Plusieurs fois par jour, jus ainsi qu’eau de vie, vin à discrétion, gruyère, biftecks. Il y a toujpurs bons restes. Trois repas, bonne nourriture bien faite ; biens logés, couchés, pas trop ennuyés. Pas saucisse et pas d’avion. Mauvais temps pluie, on se couche 21h. Joue musique

Mercredi 26 Mai 1916

Maurice se lève à 4h moi à 6h. Allons au bois et eau . Jus au lait. Faisons manger : bifteck, lentilles et potage. Après midi, retournons au bois pour soir : artichauts, riz au lait, rôti. Sergent Careta, nous donne pain épices. Herbin, permission. Reçois carte militaire Faure et carte postale Dath. Grave pipe à Maurice. Toute la journée ai travaillé pipe à Maurice. Ni avion, ni saucisse, pluie. Inconvénients : sommes tenus toute la journée ; salis, aller eau et bois, avons a peine temps d’écrire. Avons bien des instants pause mais ne pouvons écrire car popote a surveiller ou table encombrée et mains sales. Canonnades toute la journée : Attaque.

Samedi 27 MAI 1916

Maurice se réveille à 4h il me réveille à 6, jus au lit, rhum. Sergent Caresta va à la relève à 7h30. Allons à l’eau. Ensuite je vais seul au bois, je le casse. Casse croute, artichaut vinaigrette. Picard et sergent fourrier, rentrent de permission. Pluie toute la nuit. Pas avion ni saucisse. Fini pipe à Maurice. Je lui ai sculpté écusson génie et pot de tête, 1916 et »bois le comte ». Joux me rapporte journal tous les jours depuis qu’il est cyclo. Soupe midi : bifteck. Biette, Champenois, Brabant versés 7eme escouade. Canonnade continuelle.

Dimanche 28 Mai 1916

Réveil habituel, allons à l’eau. Je fais feu qui ne veut pas brûler. Ensuite vais au bois. Casse croute, confitures. Avions, Saucisses. Ai été réveillé ce matin à 3h par escadrille avions boches jetant des bombes 5 à 6 km de nous environ. Me suis levé mais rien vu. Midi, œufs sur le plat, macaronis gratin, bifteck. Je retourne seul au bois, 2fois. Soir je fais bonnes frittes, morue. Reçois lettre Laval et 3 cartes Lacroix. Tout bien. Fais pipe à Caresta. Toujours bien nourris, confitures, fromage, etc, vin café eau de vie, tout volonté.

Lundi 29 Mai1916
Maurice debout depuis longtemps. Jus. Fais feu. Vais à l’eau et laver riz. Feu ne veut pas brûler, comme hier. Macaronis gratin, bifteck, choucroute en boite. Sers à table. Joux m’apporte journal ainsi que glace et peigne, lui ai demandé ; Vais au bois après manger. Dath rentre de permission, cigare, on lui donne1/4 jus, car il est venu manger à la cuisine. Après manger vais deux fois au bois. Cause avec Merbier ( ?) et copains de la 5eme escouade. Je reçois lettre frère, et une carte de Maizières de Mère ( ?) Mange confitures, soir bifteck, riz au lait, choucroute. Joux vient nous voir le soir. Canon gronde violemment sans arrêt. Charpentier vient causer avec nous un moment, ensuite Varnier et Vertzin viennent me faire jouer musique. Quand sont partis, j’envoie carte-lettre parents et frère. Me couche à 21h. A peine au lit, les boches envoient une dizaine de grosses marmites non loin cantonnement, on les entend très bien siffler, ainsi que les départs.

Mardi 30 Mai 1916

Bonne nuit. Canonnade. Me lève 7h30. Vais à l’eau avec Maurice. Ensuite, bois, fais manger
pour midi. A 9h je casse-croute. Riz et bifteck. Midi plusieurs œufs sur plat. Maurice part en permission ce soir.

Mercredi 31 Mai 1916

Envoie lettre parents et lettre frère. Me lève 3h30, fais jus.

Jeudi 1er Juin 1916

(aucune note)

Vendredi 2 Juin 1916

Reçois une lettre père, arrivée hier, égarée à 7/101, et « Patriote Aube »

Samedi 3 Juin 1916

Une carte de Maurice.

Dimanche 4 Juin 1916

Biette part en permission, soir, prévenu à 19h en rentrant du travail, je n’ai pas le temps de lui donner une lettre. J’en écris une autre immédiatement. Donc, envoie lettre à parents.

Lundi 5 Juin 1916

Reçois 4 cartes de Maurice. Détonations, dépôt munitions saute. Sergent Herbin, rentre de permission. Pluie.

Mardi 6 Juin 1916

Pluie, envoie lettre parents.

Mercredi 7 Juin 1916

Pluie.

Jeudi 7 Juin 1916

Lord Kitchener. Maurice rentre permission .

Vendredi 9 Juin 1916

Reçois lettre frère, carte Maurice. »Patriote Aube »Ecris à 4 demoiselles pour demander correspondance.

Samedi 10 Juin 1916

Me lève à 8h, mon escouade repos. Toute la journée suis cuisine SS/off. Mangé avec François et Lacroix midi. On ouvre boite saucisses que j’ai ramené de permission. Soir, vais manger à mon escouade. Ils vont, travail à 17h, mais je n’y vais pas. Passe la soirée cuisine SS/off.

Dimanche 11 Juin 1916

Me lève 8h. Aussitôt après avoir bu café vais près Lacroix et François. Vais soupe escouade.

Lundi 12 Juin, Mardi 13 Juin 1916 ( aucune note )

Mercredi 14 Juin 1916

5eme escouade travaille. 7h, me lève. Vais cuisine. Lacroix au lit. Biette et Roger rentrent de permission. Vais au bois, Biette me rapporte coli. Tout le monde chez moi, bonne santé. Tout bien. Donnent bonjour. Mon frère pas reçu boussole, n’a pu la donner à René.. Retourne à ma cuisine. Ouvre paquet : 1 boite de jambon 1 poulet 1 maquereaux en conserve 1boite camphre sucre Zan 5 œufs porc cuit( dans un torchon) saucissons teinture d’iode moutarde cigarettes anglaises. Tout très bon état. ; Heureux, content. Enveloppe boite à sucre. Le fond de la boite est tenu rigide par calendrier 1914. Je revois la date me faisant songer GUERRE/TM 1174 etc …..Le brûle pieusement. Soir avec Maurice et Albert. Mangeons pieds-de-porc, et œufs le tout excellent. Soir envoie carte habituelle…parents. Bombardement voie Decauville, et Brabant. Canonnade, attaques.

Jeudi 15 Juin 1916

Avance heure cette nuit : 23h = minuit . Matin me lève à 8h. Vais eau après avoir pris café.
Reçois « Patriote Aube » Envoie lettre parents, et caricature : « nos ennemis, Boches » a mon frère.
( carte militaire dessinée au dos. Jointe au carnet)
« Un Kamerad du vieux bon Dieu. Rare intermédiaire entre l’homme et la bête. Brute avinée, crâne étroit. Grande bravoure devant les femmes et les enfants, mais détalant avec une rapidité étonnantedevant les poilus, (même imberbe de la classe 16).Pousse des cris inarticulés : Och ! Ach ! dans la plus grande frayeur, son cri se change en : Kamerad accompagné d’un geste catégorique : mains en l’air ! »

Vendredi 16, Samedi 17, Dimanche 18, Lundi 19 ,( aucune note)

Mardi 20 Juin 1916

Avions, escadrille Française grands bi-moteurs . 5 partent bombardement.

Plus aucune note les 21-22-23-24-25-26-27-28-29-30-Juin 1916.

Samedi 1er Juillet1916

Lieutenant Capitaine.

Dimanche 2 Juillet 1916

Beau temps. Mal dents. Relève 2h. Lutte avions. Attaque matin. Saucisse près de nous. Toujours abri. Tout bien. En revenant travail, cinq chasseurs se suivent. Biftecks nouilles et 2/4 vin, celui à Picard avec Allard. Après midi me couche dehors avec Dath et Picard. Ne puis dormir, mal dents. Front calme. Avons vu Robeline de la 102, au 6eme Génie maintenant.
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bruno10
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Re: Carnet d'un sapeur retranscrit par Monique

Message par bruno10 »

Bonsoir à tous

Extrait du Carnet N°2
"Enfin 6h 30 arrive à Ste Menehould, canon. Un marchandise part dans 1h à Clermont. Je le prends avec quelques autres permissionnaires. Partons 8h 30 environ. Ilette, arrêt, gare abimée par obus. Avions boches canonnés. Quelques obus passent en sifflant au dessus de nous. Apprends un avion boche descendu près de la voie ce matin ; pilote, une balle mâchoire, éclat obus épaule. Je le vois en passant, c’est un bi-plan en très bon état, atterri normalement, aviateurs prisonniers"
Il s'agit Du Rumpler N° 439/15 forcé à atterrir par le Sgt Barnay
aux Islettes (pres de Ste Menehould)-Les deux occupants sont fait prisonniers
Le sgt Barnay est evoqué ici (photo) entre autres aviateurs
http://pagesperso-orange.fr/jmpicquart/Aviateurs.htm
et l'avion en question:
Image
Cet avion récuperé a fait l'objet d'une étude par Jean Lageorgette
dans l'aérophile
http://www.association14-18.org/banqued ... 06a121.pdf

Cordialement
Bruno
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armand
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Re: Carnet d'un sapeur retranscrit par Monique

Message par armand »

Bonjour
il manque un paragraphe à la fin du récit de la journée du 10 Dec 15 ! Je vais essayer de le retrouver. En attendant, bonne lecture à tous et toutes Monique
Je poste ici la fin du carnet n°1

Vendredi 10 Décembre 1915

Le matin repos. Le lieutenant Lotte nous donne repos parce qu’on a travaillé sous la pluie et dans la boue toute la semaine, avec effets trempés sur le dos. Je fais mes préparatifs. A 8h30 visite, bon. En rentrant achève préparatifs. Change linge. A 11h45 rassemblement. On va débiter des arbres, Ile Behuard. Pluie, pieds dans boue jusqu’aux chevilles. Je reviens Ponts circonstances, chercher amarre. Lieutenant me fait reporter amarre inutile. J’achète à manger. Savennières, pluie. On quitte travail à 17h. Nous allons ëtre en retard pour notre train. Marche forcée. On retire capote, on arrive en sueur. Mais perm. ne sont pas au bureau. On se prépare vivement et revenons au bureau. Encore pas arrivées ! ne pouvons pas partir à 18h19. Allons porter colis « chez Margot » tous deux Gabet. Buvons cidre et mangeons tartines de pâté. On retourne au bureau, rien. On repart « chez Margot » on va salle du fond. On commande diner, sardines, côtelettes mouton, haricots, salade, fromage, le tout arrosé de 5l de cidre. Le sergent fourrier vient nous dire que le cycliste est revenu et que nos perm. ne sont pas arrivées, ce sera pour demain. Cela nous ennuie un peu, mais à 1 jour près ! Nous sommes 3 à manger, Lebel n’est pas avec nous. Nous payons chacun 1fr75 ; Nous allons au bureau. Le sergent fourrier nous dit que demain nous n’irons pas au travail, nous aurons nos perm. dans la matinée. Je vais chez Maréchal avec Gabet et on remonte au cantonnement. On va prévenir caporal au poste, il est de garde. On refait le lit et on se couche. Bonne nuit, me réveille quelquefois, vent, pluie.

Samedi 11 Décembre 1915

On ne va pas au travail. Lever 7h30. On se lave. On se met en tenue. 1 litre de lait avec pain.
Ensuite achetons pain et rillettes et allons manger chez « Boidron » Ensuite avec Lebel, Gabet, allons chez « Margot » On nous prévient que nous devons nous présenter Bouchemaine à 16h. à 14h quittons Possonnière. Pluie. Suivons digue, chemin de fer, par chemin longeant la Loire innondée.Voyons sergent Prin. Arrivons à Bouchemaine 16h. On nous donne permission et prix du voyage. Détachement venu de Prunière avec sergent Gachet s’en vont à Toul. Je dis au revoir à Gachet. Allons au café de la gare attendre le train. Jouons aux cartes. A 18h30 partons pour Angers. Le sergent Mouton est dans le train, il nous appelle. Arrivés à Angers allons manger au restaurant près de la gare, maison de débauche. A 21h prenons express pour Le Mans. Je joue musique. A 3h changeons au Mans. A 5h1/2 arrivée à Paris .

----------( ceci termine le récit de ce carnet)-------------------------
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