Bonjour à tous,
SAINT MARC Cargo (1908-1949)
Chantier :
Ateliers & Chantiers de France, Dunkeerque
Commencé : 1908
Mis à flot : 06.1908
Terminé : 06.1908
En service : 1908 (MM)
Retiré : 26.11.1947
Caractéristiques : 2 456 tjb ; 88 x 11,9 ; 1 machine alternative ; 8 nœuds.
Armement : N.C.
Observations :
Cargo construit pour le compte de la Nouvelle Société Navale de l’Ouest, Le Havre, puis Société Navale de l’Ouest (SNO)
1937 : vendu, renommé Kenfig Pool
1947 : vendu, renommé San Nicholas
26.11.1947 : échoué à Tees Mouth
01.1949 : démoli à Bruges.
Cordialement,
Franck
SAINT MARC - Société Navale de l'Ouest
Re: SAINT MARC - Société Navale de l'Ouest
www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
- Terraillon Marc
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Re: SAINT MARC - Société Navale de l'Ouest
Bonsoir
Le navire a l'indice (2) dans la base de données
A bientot
Le navire a l'indice (2) dans la base de données
A bientot
Cordialement
Marc TERRAILLON
A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
Marc TERRAILLON
A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
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- Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am
Re: SAINT MARC - Société Navale de l'Ouest
Bonjour à tous,
SAINT MARC
Rencontre avec un sous-marin le 23 Janvier 1917. Rapport du capitaine
Quitté Rouen le 19 Janvier à 08h00. Amarré à la bouée « D » pour attendre le complément d’équipage. Complet chargement de futs à destination de Huelva. Appareillé à 10h30. Changé de pilote à Villequier. Débarqué le pilote à 19h00 en rade du Havre. Beau temps. Mer calme.
Passé Barfleur et fait routes diverses à différentes allures. Arraisonné le 20 Janvier à 08h30, pris le pilote et mouillé sur rade de Cherbourg pour attendre les ordres.
21 Janvier
Appareillé à 07h30. Passé au sud d’Aurigny et des Casquets avec temps bouché. A 13h00, N/S Roches Douvres.
22 Janvier
E/W Créach, puis routes diverses dans le golfe de Gascogne.
23 Janvier
A 08h00, nous sommes à environ 40 milles dans le nord du cap Ortegal. Aperçu à 4 milles sur l’avant un navire pouvant être un grand chalutier. Quelques instants plus tard, un sous-marin sans pavillon quitte ce chalutier, passe sur son avant et fait aussitôt route sur nous. Mis immédiatement cap à l’ouest. Appelé aux postes de combat ce qui s’effectue sans aucune panique. Le sous-marin avance à toute vitesse, 18 nœuds environ, et cherche à nous couper la route pour nous prendre par le travers. Manœuvré pour présenter l’arrière. Donné ordre au chef mécanicien de monter à l’allure maximum.
A 08h30, un premier obus tombe sur tribord avant à 400 m. Fait hisser les couleurs françaises et répondu aussitôt. Beau temps calme. Légère houle d’ouest. Les obus du sous-marin tombent de chaque côté de l’avant, à peu de distance. Fait brûler par le maître d’hôtel Francis Pailler, dans le fourneau de la cuisine, tous les documents confidentiels en ma possession.
Combattu de 08h30 à 09h30. Tiré 18 obus, répondant coup pour coup au sous-marin.
A 09h30, l’ennemi vient en travers, abandonne la lutte et retourne vers le navire de surface qui se trouve sur son arrière. Je ne sais s’il a été touché, mais il est étonnant qu’il ait abandonné le combat en si peu de temps. Plusieurs de nos obus sont tombés très près, bien que le tir soit court.
Je suis sûr que le navire en surface était un ravitailleur car le sous-marin n’a ouvert le feu qu’à bonne distance de lui, puis est revenu vers lui à la fin du combat. Ce ravitailleur avait deux mâts et une cheminée sans signe distinctif. Il semblait peint en gris.
Fait ensuite route plein ouest.
L’équipage a ponctuellement suivi mes ordres. Le quartier maître fusilier Jean ROBET et le fusilier Antoine LE CAM ont conservé tout leur sang froid, ainsi que le TSF PALVADEAU qui a envoyé en clair les signaux réglementaires et la position du sous-marin. Personne n’a répondu. Tout le monde est resté calme.
24-25-26 Janvier
Temps bouché. A 10h00 le 26 aperçu Saint Vincent au sud vrai. Passé ensuite N/S Sagres, puis N/S Santa Maria.
27 Janvier
A 02h00, aperçu Punta del Picacho, mais resté au large la barre étant infranchissable. Ouragan de NW dans la nuit.
28 Janvier
Pris le pilote à 08h30 et franchi la barre avec une très forte houle. Mouillé à 10h00 en rivière. Appareillé à 13h30. A quai à 14h00.
Signé : Piquot, Commandant
(Nota : cette rivière est celle de Palos de Moguer que cite José Maria de Heredia dans son poème « Les Conquérants»)
Description du sous-marin
Longueur visible quand il s’est mis en travers : 90 à 100 m. D’après le QM Palvadeau, il disposait d’un canon d’au moins 100 mm sur l’avant du kiosque. Mais il naviguait en demi-plongée et n’offrait qu’un point de mire très réduit. Tous nos tirs étaient en bonne direction, mais trop court car il s’est tenu hors de portée.
Le sous-marin attaquant
N’est pas connu.
Toutefois, la position donnée par le capitaine Piquot et la description des circonstances du combat permettent de l’identifier presque avec certitude. Ce devait être l’U 43 du KK Hellmuth JÜRST.
En effet, d’après uboat.net, il se trouvait ce 23 Janvier 17 à environ 60 milles au NNE du cap Villano où il capturait un petit caboteur norvégien de 699 t, le DONSTAD. Ce caboteur, chargé de pyrite de cuivre allait de Viana do Castello à Caen.
60 milles au NNE de Villano nous place à peu près à 40 milles au nord d’Ortegal.
Le DONSTAD ne sera d’ailleurs envoyé par le fond que 3 jours plus tard, à 12 milles dans le NW de Villano. Peut-être Jürst a-t-il voulu préserver ou récupérer d’une manière ou d’une autre le chargement de ce caboteur, précieux pour l’Allemagne. La pyrite de cuivre, ou sulfure de cuivre, sert notamment à la fabrication de l’acide sulfurique. S’il a abandonné aussi vite le SAINT MARC, c’est peut-être pour s’occuper de la proie qu’il venait de capturer.
Les hommes du SAINT MARC ont probablement assisté à cette capture du DONSTAD sans comprendre la situation. Il ne s’agissait évidemment pas d’un ravitailleur. Le KTB de l’U43 pourrait peut-être nous éclairer sur cette affaire…
Récompenses
Citation à l’Ordre de la Division
PIQUOT Capitaine au Long Cours Saint Vast n° 54
Son navire étant attaqué par un sous-marin, a réussi par son énergie, son sang froid et ses qualités manœuvrières à se faire abandonner de l’ennemi.
Citation à l’Ordre du Régiment
ROBET Jean Quartier maître fusilier 1er dépôt
LE CAM Antoine Fusilier breveté 3e dépôt
PALVADEAU Quartier maître TSF Noirmoutier n° 376
Se sont distingués par l’habileté de leur tir et par leur sang froid au cours d’un combat d’une heure contre un sous-marin qui dut abandonner la poursuite.
Témoignage Officiel de Satisfaction
A tout l’équipage pour sa tenue excellente au cours d’un combat d’une heure avec un sous-marin
Signé : de BON
Commentaire complémentaire
Ce récit nous renvoie à la question posée en 2008 par Boued Avel (voir ce lien : pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... _1.htm#bas)
Le SAINT MARC inscrit au Tableau d’Honneur de Saint-Nazaire pour un évènement survenu en 1917 pourrait avoir été celui de la Société Navale de l’Ouest. Mais à mon avis, c'est plutôt celui de la Compagnie des Vapeurs Charbonniers, dont le siège était à Saint Nazaire et qui a lui aussi rencontré un sous-marin en Janvier 1917, trois jours seulement avant celui de la SNO (voir ce lien : pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... _1.htm#bas) Ce serait donc à bord de ce dernier que décéda en Décembre 1916 le marin Jean Claude LE MAO.
Le capitaine Piquot débarqua du SAINT MARC (celui de la SNO) quelques mois plus tard, le 1er Juillet 1917. Il fut remplacé par le capitaine Georges BICHON que nous avons déjà rencontré à plusieurs reprises, sur BABIN CHEVAYE, GRANDE DUCHESSE OLGA, SAINT ROGATIEN et SAINT JEAN. Il était l’un des rescapés du vapeur SAINT SIMON sur lequel, 2e capitaine, il avait été torpillé au large de La Galite par l’UC 37 de l’OL Otto Launburg, le 3 Avril 1917. Quinze marins, dont le capitaine, avaient alors trouvé la mort.
SAINT MARC était son premier commandement et il y restera neuf mois, jusqu’à fin Mars 1918. C’est pourquoi il en fera exécuter un tableau par le peintre Victor ADAM. Voici ce tableau du SAINT MARC en 1917, devant Notre Dame de la Garde à Marseille. On voit parfaitement les deux canons montés sur le gaillard et sur la dunette.

Il y a eu deux peintres du même nom spécialisés dans les marines, le père Edouard, et le fils Victor.
http://historic-marine-france.com/huile/adam.htm
Victor est aussi l'auteur du tableau montrant le torpillage du SAINT SIMON
http://www.histomar.net/GSM/htm/simon.htm
Cdlt
SAINT MARC
Rencontre avec un sous-marin le 23 Janvier 1917. Rapport du capitaine
Quitté Rouen le 19 Janvier à 08h00. Amarré à la bouée « D » pour attendre le complément d’équipage. Complet chargement de futs à destination de Huelva. Appareillé à 10h30. Changé de pilote à Villequier. Débarqué le pilote à 19h00 en rade du Havre. Beau temps. Mer calme.
Passé Barfleur et fait routes diverses à différentes allures. Arraisonné le 20 Janvier à 08h30, pris le pilote et mouillé sur rade de Cherbourg pour attendre les ordres.
21 Janvier
Appareillé à 07h30. Passé au sud d’Aurigny et des Casquets avec temps bouché. A 13h00, N/S Roches Douvres.
22 Janvier
E/W Créach, puis routes diverses dans le golfe de Gascogne.
23 Janvier
A 08h00, nous sommes à environ 40 milles dans le nord du cap Ortegal. Aperçu à 4 milles sur l’avant un navire pouvant être un grand chalutier. Quelques instants plus tard, un sous-marin sans pavillon quitte ce chalutier, passe sur son avant et fait aussitôt route sur nous. Mis immédiatement cap à l’ouest. Appelé aux postes de combat ce qui s’effectue sans aucune panique. Le sous-marin avance à toute vitesse, 18 nœuds environ, et cherche à nous couper la route pour nous prendre par le travers. Manœuvré pour présenter l’arrière. Donné ordre au chef mécanicien de monter à l’allure maximum.
A 08h30, un premier obus tombe sur tribord avant à 400 m. Fait hisser les couleurs françaises et répondu aussitôt. Beau temps calme. Légère houle d’ouest. Les obus du sous-marin tombent de chaque côté de l’avant, à peu de distance. Fait brûler par le maître d’hôtel Francis Pailler, dans le fourneau de la cuisine, tous les documents confidentiels en ma possession.
Combattu de 08h30 à 09h30. Tiré 18 obus, répondant coup pour coup au sous-marin.
A 09h30, l’ennemi vient en travers, abandonne la lutte et retourne vers le navire de surface qui se trouve sur son arrière. Je ne sais s’il a été touché, mais il est étonnant qu’il ait abandonné le combat en si peu de temps. Plusieurs de nos obus sont tombés très près, bien que le tir soit court.
Je suis sûr que le navire en surface était un ravitailleur car le sous-marin n’a ouvert le feu qu’à bonne distance de lui, puis est revenu vers lui à la fin du combat. Ce ravitailleur avait deux mâts et une cheminée sans signe distinctif. Il semblait peint en gris.
Fait ensuite route plein ouest.
L’équipage a ponctuellement suivi mes ordres. Le quartier maître fusilier Jean ROBET et le fusilier Antoine LE CAM ont conservé tout leur sang froid, ainsi que le TSF PALVADEAU qui a envoyé en clair les signaux réglementaires et la position du sous-marin. Personne n’a répondu. Tout le monde est resté calme.
24-25-26 Janvier
Temps bouché. A 10h00 le 26 aperçu Saint Vincent au sud vrai. Passé ensuite N/S Sagres, puis N/S Santa Maria.
27 Janvier
A 02h00, aperçu Punta del Picacho, mais resté au large la barre étant infranchissable. Ouragan de NW dans la nuit.
28 Janvier
Pris le pilote à 08h30 et franchi la barre avec une très forte houle. Mouillé à 10h00 en rivière. Appareillé à 13h30. A quai à 14h00.
Signé : Piquot, Commandant
(Nota : cette rivière est celle de Palos de Moguer que cite José Maria de Heredia dans son poème « Les Conquérants»)
Description du sous-marin
Longueur visible quand il s’est mis en travers : 90 à 100 m. D’après le QM Palvadeau, il disposait d’un canon d’au moins 100 mm sur l’avant du kiosque. Mais il naviguait en demi-plongée et n’offrait qu’un point de mire très réduit. Tous nos tirs étaient en bonne direction, mais trop court car il s’est tenu hors de portée.
Le sous-marin attaquant
N’est pas connu.
Toutefois, la position donnée par le capitaine Piquot et la description des circonstances du combat permettent de l’identifier presque avec certitude. Ce devait être l’U 43 du KK Hellmuth JÜRST.
En effet, d’après uboat.net, il se trouvait ce 23 Janvier 17 à environ 60 milles au NNE du cap Villano où il capturait un petit caboteur norvégien de 699 t, le DONSTAD. Ce caboteur, chargé de pyrite de cuivre allait de Viana do Castello à Caen.
60 milles au NNE de Villano nous place à peu près à 40 milles au nord d’Ortegal.
Le DONSTAD ne sera d’ailleurs envoyé par le fond que 3 jours plus tard, à 12 milles dans le NW de Villano. Peut-être Jürst a-t-il voulu préserver ou récupérer d’une manière ou d’une autre le chargement de ce caboteur, précieux pour l’Allemagne. La pyrite de cuivre, ou sulfure de cuivre, sert notamment à la fabrication de l’acide sulfurique. S’il a abandonné aussi vite le SAINT MARC, c’est peut-être pour s’occuper de la proie qu’il venait de capturer.
Les hommes du SAINT MARC ont probablement assisté à cette capture du DONSTAD sans comprendre la situation. Il ne s’agissait évidemment pas d’un ravitailleur. Le KTB de l’U43 pourrait peut-être nous éclairer sur cette affaire…
Récompenses
Citation à l’Ordre de la Division
PIQUOT Capitaine au Long Cours Saint Vast n° 54
Son navire étant attaqué par un sous-marin, a réussi par son énergie, son sang froid et ses qualités manœuvrières à se faire abandonner de l’ennemi.
Citation à l’Ordre du Régiment
ROBET Jean Quartier maître fusilier 1er dépôt
LE CAM Antoine Fusilier breveté 3e dépôt
PALVADEAU Quartier maître TSF Noirmoutier n° 376
Se sont distingués par l’habileté de leur tir et par leur sang froid au cours d’un combat d’une heure contre un sous-marin qui dut abandonner la poursuite.
Témoignage Officiel de Satisfaction
A tout l’équipage pour sa tenue excellente au cours d’un combat d’une heure avec un sous-marin
Signé : de BON
Commentaire complémentaire
Ce récit nous renvoie à la question posée en 2008 par Boued Avel (voir ce lien : pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... _1.htm#bas)
Le SAINT MARC inscrit au Tableau d’Honneur de Saint-Nazaire pour un évènement survenu en 1917 pourrait avoir été celui de la Société Navale de l’Ouest. Mais à mon avis, c'est plutôt celui de la Compagnie des Vapeurs Charbonniers, dont le siège était à Saint Nazaire et qui a lui aussi rencontré un sous-marin en Janvier 1917, trois jours seulement avant celui de la SNO (voir ce lien : pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... _1.htm#bas) Ce serait donc à bord de ce dernier que décéda en Décembre 1916 le marin Jean Claude LE MAO.
Le capitaine Piquot débarqua du SAINT MARC (celui de la SNO) quelques mois plus tard, le 1er Juillet 1917. Il fut remplacé par le capitaine Georges BICHON que nous avons déjà rencontré à plusieurs reprises, sur BABIN CHEVAYE, GRANDE DUCHESSE OLGA, SAINT ROGATIEN et SAINT JEAN. Il était l’un des rescapés du vapeur SAINT SIMON sur lequel, 2e capitaine, il avait été torpillé au large de La Galite par l’UC 37 de l’OL Otto Launburg, le 3 Avril 1917. Quinze marins, dont le capitaine, avaient alors trouvé la mort.
SAINT MARC était son premier commandement et il y restera neuf mois, jusqu’à fin Mars 1918. C’est pourquoi il en fera exécuter un tableau par le peintre Victor ADAM. Voici ce tableau du SAINT MARC en 1917, devant Notre Dame de la Garde à Marseille. On voit parfaitement les deux canons montés sur le gaillard et sur la dunette.

Il y a eu deux peintres du même nom spécialisés dans les marines, le père Edouard, et le fils Victor.
http://historic-marine-france.com/huile/adam.htm
Victor est aussi l'auteur du tableau montrant le torpillage du SAINT SIMON
http://www.histomar.net/GSM/htm/simon.htm
Cdlt
olivier
Re: SAINT MARC - Société Navale de l'Ouest
Bonjour Olivier, bonjour à tous
Je n'ai pas ce KTB de l'U 43 donc rien pour confirmer les hypothèses. Cela dit, le même jour, Jürst coulait l'anglais Jevington à 52 milles dans le 310 du Cap Ortegal, ce qui tendrait à accréditer que c'est bien U 43 qui est en cause avec le St Marc.
Quant au sort du Donstad, ce qui lui est arrivé n'est pas exceptionnel. Nous avons vu dans plusieurs cas le sous-marin conserver dans ses parages un navire capturé soit afin de profiter de son chargement, soit encore pour lui servir de support. Là aussi la réponse dans un sens ou dans l'autre se trouve dans le KTB.
Par contre dans Spindler volume 3 on a des précisions / confirmations :
"Le 23 le vapeur norvégien Donstad fut arrêté. Il était chargé de pyrites pour la France. Un équipage de prise fut mis à bord et il fut utilisé comme navire auxilliaire. Ensuite, le vapeur anglais Jevington, 2747 t., qui fut présumé armé par erreur, fut coulé d'une torpille lancée en plongée.
Le 26, Donstad fut détruit parce que son charbon commençait à diminuer. L'équipage fut transbordé sur le norvégien fulton arrêté à ce moment là et qui reçut l'ordre d'aller débarquer à la côte d'Espagne les équipages des navires coulés..."
Amts
Yves
Je n'ai pas ce KTB de l'U 43 donc rien pour confirmer les hypothèses. Cela dit, le même jour, Jürst coulait l'anglais Jevington à 52 milles dans le 310 du Cap Ortegal, ce qui tendrait à accréditer que c'est bien U 43 qui est en cause avec le St Marc.
Quant au sort du Donstad, ce qui lui est arrivé n'est pas exceptionnel. Nous avons vu dans plusieurs cas le sous-marin conserver dans ses parages un navire capturé soit afin de profiter de son chargement, soit encore pour lui servir de support. Là aussi la réponse dans un sens ou dans l'autre se trouve dans le KTB.
Par contre dans Spindler volume 3 on a des précisions / confirmations :
"Le 23 le vapeur norvégien Donstad fut arrêté. Il était chargé de pyrites pour la France. Un équipage de prise fut mis à bord et il fut utilisé comme navire auxilliaire. Ensuite, le vapeur anglais Jevington, 2747 t., qui fut présumé armé par erreur, fut coulé d'une torpille lancée en plongée.
Le 26, Donstad fut détruit parce que son charbon commençait à diminuer. L'équipage fut transbordé sur le norvégien fulton arrêté à ce moment là et qui reçut l'ordre d'aller débarquer à la côte d'Espagne les équipages des navires coulés..."
Amts
Yves
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
Re: SAINT MARC - Société Navale de l'Ouest
Bonjour à tous,
• Journal officiel du 3 mars 1917, p. 1.760.
« Par décision ministérielle, en date du 24 février, un témoignage officiel de satisfaction a été accordé au vapeur Saint-Marc, de la Société navale de l’Ouest : pour la tenue excellente de son équipage au cours d’un combat d’une heure contre un sous-marin, le 23 janvier 1917. »
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Daniel.
Re: SAINT MARC - Société Navale de l'Ouest
Bonjour à tous,
Le capitaine Georges BICHON a sans doute échappé de peu à un second torpillage alors qu'il exerçait le commandement du cargo Saint-Marc...
Traversée de Sfax (Tunisie) à Nantes avec un chargement de 3.058 t. de phosphates et de 12 t. de fibres d’alfa
(2 mars ~ 23 mars 1918)
Rapport de mer du capitaine Georges BICHON (26 mars 1918).
« L’an mil neuf cent dix-huit, le vingt-six mars, devant Nous, Président du Tribunal de commerce de Nantes, assisté de M. Ouvrard, commis greffier, a comparu le sieur Bichon, capitaine du vapeur Saint-Marc, lequel a déclaré :
J’ai quitté Sfax à 15 h. le 2 mars 1918 avec un complet chargement composé de 3.058 tonnes de phosphates et de 12 tonnes de li... d’alfa. L’équipage était composé de 31 hommes et le navire se trouvait en parfait état de navigabilité. A 15 h. 30, à l’extrémité du chenal, débarqué le pilote. En mettant les embarcations à l’extérieur, un croc de levage du youyou casse ; le canot projeté à la mer est pris dans les remous de l’hélice et brisé par un coup de pelle. Mouillé aussitôt pour embarquer les débris de cette embarcation et attendu les torpilleurs d’escorte. Appareillé à 4 h. et fait des routes diverses pour contourner le banc de Kerkennak. Le 3 mars, passé E.O. du phare de Kuriat à 11 h. 15 ; beau temps, mer belle. Route en zigzags. Le même jour, passé N.S. du cap Bon à 20 h. 30. Temps couvert, jolie brise, mer belle. Le 4, pris le pilote de Bizerte à 6 h. 30 et mouillé dans l’avant-port à 7 h. en attendant le départ du convoi. Appareillé à 14 h. le même jour en convoi pour Gibraltar. Routes diverses, temps orageux, brise fraîche de l’E. S.-E. Vers 22 h., le grand vapeur anglais Clan Macpherson qui marchait devant nous est torpillé et coulé par l’arrière. Mis aussitôt au poste de combat et manœuvré pour éviter une attaque éventuelle à la torpille. Doublé le service de veille. Le 5, à 5 h. 10, fausse alerte, un navire du convoi ayant tiré un coup de canon. Le temps reste orageux avec petite brise et se met à grains ; la mer devient houleuse. Le 8 mars, à 23 h. 55, passé par le travers d’Alboran. Le 9, à 20 h. 30, à la pointe d’Europe, dislocation du convoi. Arraisonné à 21 h. 10 et gagné le mouillage sous la conduite du pilote. Mouillé à 22 h. L’espace pour éviter étant trop restreint, resté sous les feux pour manœuvrer si besoin. Le 10, à 8 h., changé de mouillage pour s’éloigner des navires qui nous entourent. Le 11, à 7 h. 30, appareillé pour accoster un vapeur charbonnier que l’on quitte à 11 h. 30 pour retourner au mouillage après avoir embarqué 135 tonnes de soutes. Le 13, embarqué une baleinière destinée à remplacer le youyou. Appareillé à 11 h. 45 pour prendre place dans le convoi. L’Amirauté a embarqué un signaleur. Passé N. S. de Tarifa à 16 h. 45 et N. S. du cap Spartel à 19 h. 30 ; routes diverses. Temps couvert et orageux, brise fraîche de l’E., mer houleuse, le navire roule violemment. Le 17, le feu de Villano est relevé par le travers à 4 h. 50. Le temps est toujours beau, mais la grosse houle persistant du N.-O., le navire roule toujours violemment ; continué à faire des routes diverses suivant les ordres du Commodore. Le 18, rencontré une escorte nouvelle et le soir, après avoir attendu vainement l’escorte française qui devait nous conduire à Brest, quitté le convoi à 23 h. 30, naviguant de conserve avec le vapeur grec Mentor. Le 19, passé au Sud du feu d’Ouessant Créac’h ; passé à 5 h. 55 au Sud des Pierres Noires et arraisonné à 8 h. au mouillage en rade de Brest ; à 8 h. 30, mouillé en grande rade. Le 21 mars, quitté la rade de Brest à 11 h. 30 en convoi. Surpris par la brume, tout le convoi mouille dans l’Iroise et profite d’une éclaircie pour regagner, par ordre, le mouillage en rade de Brest afin de faire de l’eau. Passé la nuit au mouillage. Le 22, à 6 h. 30, quitté le mouillage et pris place dans le convoi ; beau temps, grosse houle de l’Ouest ; routes diverses par le raz de Sein. Le même jour, à 18 h., passé N. S. de Pen-Men (Île de Groix) ; à 21 h. 40, E. O. de la Teignouse, manœuvré pour se mettre en ligne de file ; pris le pilote à 22h. et continué la route sur la rade de Saint-Nazaire où j’ai mouillé à 3 h. 15. Le 23 mars, quitté la rade de Saint-Nazaire à 11 h. 45 pour Nantes et amarré dans ce port à 5 h. 30. En raison de la fatigue éprouvée par le navire, je fais toutes réserves pour les avaries qui pourraient être constatées dans la cargaison.
Ont aussi comparu les sieurs Negscheider et Le Quéré faisant partie de l’équipage, lesquels ont juré et affirmé que le présent est sincère et véritable et le capitaine a signé avec les comparants.

En conséquence, nous avons reçu le présent sous notre seing et celui du commis greffier après lecture. »
Signé : E. Ouvrard et E. Bégarie.
[Enregistré à Nantes A.J., le 12 avril 1918, f° 85, C. 3]
(Archives départementales de Loire-Atlantique, Rapports de navigation des capitaines au long-cours et au cabotage enregistrés par le Tribunal de commerce de Nantes, 16 janv. 1916 ~ 16 déc. 1919, Cote 21 U 77, p. num. 195).
________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Clan Macpherson – Cargo de 4.779 t. jb construit en 1905 par le chantier Furness Withy & C° Ltd., de West Hartlepool (Sunderland, Royaume-Uni) pour le compte de la Clan Line Steamers Ltd. (Cayzer, Irvine & C° Ltd.), de Glasgow (Écosse, Royaume-Uni).
Torpillé et coulé le 4 mars 1918 par le sous-marin allemand UC-27 (Oberleutnant zur See Otto Gerke) à 24 milles dans le Nord du cap Serrat, par 37° 47’ N. et 9° 5’ E. 18 victimes.
▪ uboat.net —> http://uboat.net/wwi/men/commanders/88.html
▪ wrecksite.eu —> http://www.wrecksite.eu/wreck.aspx?136712
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Daniel.
-
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Re: SAINT MARC - Société Navale de l'Ouest
Bonjour à tous,
Merci à Daniel pour ce récit concernant le SAINT MARC, dont je n'avais pas encore trouvé le texte n'étant pas rendu aux archives de 1918....!
Ce qui est stupéfiant, c'est qu'ayant quitté Bizerte à 14h00, donc sans doute mis en route pour la mer vers 15h00 avec le convoi à destination de Gibraltar, et filant entre 8 et 10 noeuds, SAINT MARC devait se trouver vers 22h00 juste entre La Galite et l'écueil des Sorelles lorsqu'il a vu CLAN MACPHERSON être torpillé devant lui.
C'est exactement la position à laquelle le SAINT SIMON avait été torpillé le 3 Avril 1917. Autrement dit, Georges Bichon a bien failli se faire torpiller une seconde fois un an plus tard à la même position, à quelques milles près, que la première fois. Véritablement une coïncidence étonnante.
Curieusement, alors que j'avais beaucoup entendu parler du torpillage du SAINT SIMON par Georges Bichon lui-même, je n'ai pas souvenir d'un seul mot concernant le SAINT MARC. En somme, le risque, c'était la routine et cela ne valait pas le coup d'en parler!
Georges Bichon a effectivement débarqué le 23 Mars 1918 à Nantes pour prendre début Mai le commandement du SAINT MATTHIEU à Rouen.
Cdlt
Merci à Daniel pour ce récit concernant le SAINT MARC, dont je n'avais pas encore trouvé le texte n'étant pas rendu aux archives de 1918....!
Ce qui est stupéfiant, c'est qu'ayant quitté Bizerte à 14h00, donc sans doute mis en route pour la mer vers 15h00 avec le convoi à destination de Gibraltar, et filant entre 8 et 10 noeuds, SAINT MARC devait se trouver vers 22h00 juste entre La Galite et l'écueil des Sorelles lorsqu'il a vu CLAN MACPHERSON être torpillé devant lui.
C'est exactement la position à laquelle le SAINT SIMON avait été torpillé le 3 Avril 1917. Autrement dit, Georges Bichon a bien failli se faire torpiller une seconde fois un an plus tard à la même position, à quelques milles près, que la première fois. Véritablement une coïncidence étonnante.
Curieusement, alors que j'avais beaucoup entendu parler du torpillage du SAINT SIMON par Georges Bichon lui-même, je n'ai pas souvenir d'un seul mot concernant le SAINT MARC. En somme, le risque, c'était la routine et cela ne valait pas le coup d'en parler!
Georges Bichon a effectivement débarqué le 23 Mars 1918 à Nantes pour prendre début Mai le commandement du SAINT MATTHIEU à Rouen.
Cdlt
olivier
Re: SAINT MARC - Société Navale de l'Ouest
Bonsoir Olivier,
Bonsoir à tous,
Singulier destin, en effet !
Et petit complément à la notice biographique de Georges BICHON :
• Journal officiel du 4 février 1930, p. 1.264.

Bien amicalement à vous,
Daniel.
Daniel.
Re: SAINT MARC - Société Navale de l'Ouest
Bonsoir à tous,
■ Un officier mécanicien du cargo Saint-Marc.
— GIRAUDINEAU Auguste Jean, né le 6 octobre 1882 au Pellerin (Loire-Inférieure – aujourd’hui Loire-Atlantique –) et y domicilié, décédé le 25 octobre 1917 à l’Hôpital maritime Sainte-Anne de Toulon (Var) (Maladie contractée en service : méningite tuberculeuse), Officier mécanicien de 1re classe, Premier maître mécanicien temporaire, inscrit à Nantes, n° 5.274 (Acte transcrit au Pellerin, le 13 mars 1919).
Fils d’Auguste Jean GIRAUDINEAU, né le 10 mai 1845 à Sainte-Pazanne (Loire-Inférieure – aujourd’hui Loire-Atlantique –), tonnelier, et de Rose Clémentine FORGEAS, née le 23 novembre 1853 au Pellerin, tailleuse. Mariés le 21 septembre 1881 au Pellerin (Registre des actes de naissance de la commune du Pellerin, Année 1882, f° 6, acte n° 36 – Registre des actes de mariage de la commune du Pellerin, Année 1881, f° 6, acte n° 13).
• L’Ouest-Éclair – éd. de Nantes –, n° 7.755, Jeudi 28 décembre 1922, p. 2.

• L’Écho de Paimbœuf, n° 52, Samedi 30 décembre 1922, p. 2.

Bien amicalement à vous,
Daniel.
Daniel.
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Re: SAINT MARC - Société Navale de l'Ouest
Bonjour à tous,
Le capitaine Georges Bichon entra effectivement dans l'administration portuaire en Février 1930. Il fut tout d'abord à Dunkerque, mais pendant un an seulement. Il fut ensuite muté à Bordeaux. Au début de 1940, il devint le commandant du port autonome de Bordeaux et le demeura jusqu'en 1955 ou 56. La période de la guerre fut particulièrement difficile car Bordeaux était un port stratégique avec la base sous-marine italienne. Un hafenkommandant allemand avait été nommé par l'occupant pour surveiller et superviser les Français. C'était le CC Ernst Künnemann qui avait été en poste à Nantes en 1940. Il était assisté de deux civils qui étaient des capitaines au long cours originaires de Hambourg, Hans Meyer et Richard Gottberg.
En Février 41, Georges Bichon eut l'occasion de croiser à Bordeaux l'Amiral Lothar von Arnauld de La Perrière, l'ancien commandant de l'U 35, venu en inspection. Sur l'U 35, celui-ci avait eu comme second Otto Launburg, qui en Avril 17 avait torpillé le SAINT SIMON. Mais je ne sais ce qu'ont pu se dire les deux hommes. Georges Bichon fut d'ailleurs l'un des derniers Français à voir von Arnauld vivant, puisque celui-ci trouva la mort 2 ou 3 jours plus tard dans un accident d'avion au Bourget.
A la libération de Bordeaux, en Août 1944, Künnemann prit la tête d'un régiment motorisé qui évacuait la ville. Il fut fait prisonnier très probablement début Septembre avec les 20000 hommes de la colonne Elster qui se rendirent aux Américains après avoir franchi la Loire en trois points convenus à l'avance à Orléans, Beaugency et Mer.
Mais Meier et Gottberg, sans autres moyens de transport que 2 bicyclettes, pourchassés par les FFI, vinrent faire leur reddition au domicile même de Georges Bichon, au Bouscat. Celui-ci, très embêté quand même, les garda néanmoins toute la nuit à son domicile et parvint au petit matin à faire venir un détachement de l'armée régulière qui emmena les deux prisonniers.
Fin 1948, il reçut une lettre fort émouvante du capitaine Richard Gottberg dont voici un extrait :
"Voilà 3 ans que je vous ai vu pour la dernière fois. Je sais qu'il y a encore une grande méfiance envers nous de la part des Français et je suis sûr que vous comprenez pourquoi. Mais je pense sincèrement que dans le fond, nos deux peuples ne veulent plus la haine. Il faut trouver les moyens d'une réconciliation.
Je sais que nous avons eu tort de venir chez vous un certain soir. Nous ne nous sommes pas rendus compte à l'époque des problèmes que cela aurait pu vous causer. Mais nous avons bien compris que vous avez fait tout ce qui était le mieux pour nous. Vous nous avez sauvé la vie et je garderai toujours un si bon souvenir de vous.
Cher Commandant, j'espère que Madame Bichon et vos enfants vont bien. Je vous envoie tous mes voeux pour Noël et vous souhaite une bonne année 1949.
Signé Kapt. Richard Gottberg
Baumwall 4
Hambourg 11
En découvrant cette lettre il y a quelques années, j'ai compris combien Georges Bichon était un brave homme. Malgré tout ce qu'il pouvait reprocher aux Allemands : torpillage de son navire, perte de la moitié de son équipage... il n'avait pas de haine contre eux. Voyant ces deux hommes en danger, il leur avait tendu la main...
Pourtant, il y avait autant de danger à aider des officiers allemands à la libération qu'à renseigner les alliés pendant l'occupation!
Voici une photo de Georges Bichon commandant du port autonome de Bordeaux

Personnellement, une des phrases qui demeure en ma mémoire lorsqu'il discutait avec son frère (mon GP) la dernière fois que je l'ai vu est la suivante :
"Heureusement, les Boches que nous avions à Bordeaux n'étaient pas des virulents; cela nous a bien facilité la tâche". Malheureusement, je n'en ai jamais compris le sens exact, et trop jeune à l'époque (12 ans) je n'ai pas posé de questions.
Cdlt
Le capitaine Georges Bichon entra effectivement dans l'administration portuaire en Février 1930. Il fut tout d'abord à Dunkerque, mais pendant un an seulement. Il fut ensuite muté à Bordeaux. Au début de 1940, il devint le commandant du port autonome de Bordeaux et le demeura jusqu'en 1955 ou 56. La période de la guerre fut particulièrement difficile car Bordeaux était un port stratégique avec la base sous-marine italienne. Un hafenkommandant allemand avait été nommé par l'occupant pour surveiller et superviser les Français. C'était le CC Ernst Künnemann qui avait été en poste à Nantes en 1940. Il était assisté de deux civils qui étaient des capitaines au long cours originaires de Hambourg, Hans Meyer et Richard Gottberg.
En Février 41, Georges Bichon eut l'occasion de croiser à Bordeaux l'Amiral Lothar von Arnauld de La Perrière, l'ancien commandant de l'U 35, venu en inspection. Sur l'U 35, celui-ci avait eu comme second Otto Launburg, qui en Avril 17 avait torpillé le SAINT SIMON. Mais je ne sais ce qu'ont pu se dire les deux hommes. Georges Bichon fut d'ailleurs l'un des derniers Français à voir von Arnauld vivant, puisque celui-ci trouva la mort 2 ou 3 jours plus tard dans un accident d'avion au Bourget.
A la libération de Bordeaux, en Août 1944, Künnemann prit la tête d'un régiment motorisé qui évacuait la ville. Il fut fait prisonnier très probablement début Septembre avec les 20000 hommes de la colonne Elster qui se rendirent aux Américains après avoir franchi la Loire en trois points convenus à l'avance à Orléans, Beaugency et Mer.
Mais Meier et Gottberg, sans autres moyens de transport que 2 bicyclettes, pourchassés par les FFI, vinrent faire leur reddition au domicile même de Georges Bichon, au Bouscat. Celui-ci, très embêté quand même, les garda néanmoins toute la nuit à son domicile et parvint au petit matin à faire venir un détachement de l'armée régulière qui emmena les deux prisonniers.
Fin 1948, il reçut une lettre fort émouvante du capitaine Richard Gottberg dont voici un extrait :
"Voilà 3 ans que je vous ai vu pour la dernière fois. Je sais qu'il y a encore une grande méfiance envers nous de la part des Français et je suis sûr que vous comprenez pourquoi. Mais je pense sincèrement que dans le fond, nos deux peuples ne veulent plus la haine. Il faut trouver les moyens d'une réconciliation.
Je sais que nous avons eu tort de venir chez vous un certain soir. Nous ne nous sommes pas rendus compte à l'époque des problèmes que cela aurait pu vous causer. Mais nous avons bien compris que vous avez fait tout ce qui était le mieux pour nous. Vous nous avez sauvé la vie et je garderai toujours un si bon souvenir de vous.
Cher Commandant, j'espère que Madame Bichon et vos enfants vont bien. Je vous envoie tous mes voeux pour Noël et vous souhaite une bonne année 1949.
Signé Kapt. Richard Gottberg
Baumwall 4
Hambourg 11
En découvrant cette lettre il y a quelques années, j'ai compris combien Georges Bichon était un brave homme. Malgré tout ce qu'il pouvait reprocher aux Allemands : torpillage de son navire, perte de la moitié de son équipage... il n'avait pas de haine contre eux. Voyant ces deux hommes en danger, il leur avait tendu la main...
Pourtant, il y avait autant de danger à aider des officiers allemands à la libération qu'à renseigner les alliés pendant l'occupation!
Voici une photo de Georges Bichon commandant du port autonome de Bordeaux

Personnellement, une des phrases qui demeure en ma mémoire lorsqu'il discutait avec son frère (mon GP) la dernière fois que je l'ai vu est la suivante :
"Heureusement, les Boches que nous avions à Bordeaux n'étaient pas des virulents; cela nous a bien facilité la tâche". Malheureusement, je n'en ai jamais compris le sens exact, et trop jeune à l'époque (12 ans) je n'ai pas posé de questions.
Cdlt
olivier