Bonjour à tous,
MICHELET
Je reporte mon message dans ce post, venant de m'apercevoir que le sujet avait déjà été traité très complètement!!! Il reprend donc beaucoup de données déjà fournies par Franck, et certaines questions que je me posais sont résolues.
Trois-mâts barque à spardeck du type G, lancé en Octobre 1902 pour la Compagnie Maritime Française, de Nantes, dont c’était le 15e navire.
3200 tpl 2636 tx JB
Longueur 85,78 m Largeur 12,24 m Creux 7,29 m TE 6,65 m
2631 m2 de voilure
Pas de renseignements sur sa navigation
La perte du MICHELET
Peu de renseignements aux archives et pas de liste d’équipage. (Armé à Bordeaux, capitaine Maurice ROSE.)
Le MICHELET, armé de deux canons de 90 mm allait de Port Lincoln (Australie) à Dakar.
Le navire a disparu corps et biens en Avril 1918 et le site uboat.net le donne coulé par l’U 154 le 25 Avril. Pourtant cette donnée ne colle pas avec les documents des archives.
Le 19 Avril 1918 à 18h30 le navire de guerre anglais BRISTOL signale par télégramme confidentiel avoir croisé le voilier français MICHELET par 18°00N et 18°48W en route pour Dakar. Cette position le met à environ 200 milles dans le NNW de Dakar et les fortes brises portantes signalées ces jours-là devraient permettre une arrivée le 21 ou le 22 Avril au plus tard.
Le 20 Avril à 14h00 le patrouilleur GIRAFE 2 quitte Dakar pour aller à la rencontre du MICHELET et l’escorter. Son commandant signale qu’il double le feu des Mamelles le 21 Avril à 04h00 et fait alors route au N16W, par jolie brise, pendant 60 milles, route inverse à celle que devrait suivre le MICHELET.
Ne voyant rien, il vire de bord à 13h30 et à 14h00 aperçoit une épave flottant sur l’eau.
C’est un mât de hune ou de perroquet paraissant n’avoir pas servi, probablement un morceau de mâture de rechange. Il est peint en gris et n’a aucun capelage. La longueur de cette épave ne lui permet pas de la prendre en remorque. Il décrit alors un large cercle d’une dizaine de milles de diamètre autour de cette épave, mais ne trouve rien d’autre.
Le 22 Avril l’horizon est brumeux. Craignant que le MICHELET n’approche de terre sans l’apercevoir, le GIRAFE 2 qui est revenu au large des Mamelles, remonte vers le nord en longeant la côte. Il ne trouve rien et rentre finalement à Dakar le 24 Avril à 13h00.
Le MICHELET n’est pas arrivé et est alors considéré comme perdu.
Le chef d’escadrille de la division des patrouilleurs écrit :
« Le MICHELET rencontré par le croiseur anglais BRISTOL à 200 milles au nord de Dakar n’est pas arrivé. Il a du être coulé par un sous-marin aperçu dans ces parages vers la même époque. Ce voilier avait fait probablement la même route que ses camarades, à savoir : remontée dans le nord jusque dans les parages des Canaries, puis route sur Dakar grand largue. Le patrouilleur GIRAFE II envoyé en toute hâte pour escorter le voilier dès que le BRISTOL eût signalé sa présence à Dakar est arrivé trop tard et n’a trouvé aucune trace, sauf un espar. C’est probablement un mât de hune que l’état de la mer ne lui a pas permis d’arrimer. »
Le chef d’escadrille ajoute : « Très peu de voiliers ont reçu ou suivi les instructions prescrivant d’arriver par le méridien de Dakar depuis l’équateur. Six seulement ont été rencontrés sur la route fixée. Les capitaines déclarent considérer cet ordre comme un conseil et ne peuvent le suivre à cause des conditions de vent défavorables dans les régions équatoriales. La plupart suivent les routes normales des cartes des vents et arrivent par le nord-ouest. »
En fait, l’instruction de l’Etat-Major de la Marine s’avérait inapplicable, les vents étant têtus… Les capitaines faisaient la « grande volte » initiée au 16e siècle par les grands navigateurs portugais, et allaient tout simplement chercher les alizés de NE au voisinage des Canaries.
Une note de l’Etat-Major de la Marine précise :
« Deux sous-marins ont opéré dans la zone.
- Un a attaqué le 13 Avril le vapeur anglais BASSAN par 06°41 N et 13°21 W
- Un autre a coulé le 14 Avril la vapeur anglais SANTA ISABEL par 14°40 N et 17°54 W
Ces deux sous-marins ont du se rejoindre vers le 25 Avril et ont coulé le WILLOW BRANCH par 21°00N et 17°56 W et le BOMBALA près du Cap Blanc. »
Nota : ces deux sous-marins étaient l’U 153 et l’U 154. Nous savons que SANTA ISABEL et WILLOW BRANCH ont été coulé par l’U 153.
Pourtant, il y a dans le dossier une autre note beaucoup plus tardive. Un navigateur a sans doute signalé la présence de l’épave d’un voilier sur la côte africaine.
Le service historique répond :
« Cette épave semble correspondre au signalement d’un bâtiment qui s’est échoué à 90 km dans le SSE du cap Timiris, point voisin de Nouakchott.
Ce pourrait être l’épave du MONTESQUIEU, navire de commerce non armé, mais qui transportait du matériel d’artillerie pour le corps expéditionnaire.
Ce trois-mâts s’est échoué fin 1881 à 35’ au sud de la baie de Tanit. Il s’est échoué à la berge, cap au NW béquillé sur bâbord. En 1920, il était ensablé et l’ensemble des mâts avait disparu. Seul subsistait le mât de beaupré, très visible du nord. Un banc de sable s’était formé près du bâtiment, côte large.
Malgré la possibilité d’identification avec le MONTESQUIEU, il faut tout de même signaler le MICHELET, perdu corps et biens en Avril 1918 dans les mêmes parages. Ce navire fut rencontré le 19 Avril à 18h30 par un patrouilleur anglais, et le 21 Avril un patrouilleur français rencontrait une pièce de mâture pouvant lui avoir appartenu à environ 60 milles au nord du Cap Vert.
Bien que la destruction du MICHELET puisse être attribuée à l’U 153, qui entre le 14 Avril et le 21 Avril croisait entre le Cap Vert et la baie du Lévrier, il serait intéressant pour le Service Historique de connaître exactement la position de cette épave. »
Bref, le Service Historique de la Marine semble avoir un léger doute sur la destruction du MICHELET par un sous-marin, et l’attribue d’ailleurs dans ce cas à l’U 153.
Voici, reportés sur la carte, les divers renseignements que nous possédons.
Il apparaît évident que la destruction du MICHELET n’a pas eu lieu le 25 Avril, mais plus probablement le 20. A 200 milles de Dakar, avec de bons alizés de NE, on ne comprend pas pourquoi il aurait pris autant de retard. Il y a là une incohérence.
Le sous-marin attaquant :
Ayant été le 14 Avril par 14° nord (SANTA ISABEL) et le 25 Avril par 21° nord (WILLOW BRANCH) l’U 153 du KK Gernott GOETTING pourrait fort bien avoir rencontré le MICHELET, comme on semble le penser en 1920 au SH. Mais son KTB ne mentionne pas l’attaque du voilier.
Peu d’informations en revanche sur l’itinéraire de l’U 154 du KK Hermann GERCKE. Il avait mouillé des mines au large du Sierra Leone, entraînant le naufrage du KAWACHI MARU, puis était remonté vers le nord. On ne connaît pas la date du mouillage de ces mines.
Il a disparu le 11 Mai 1918 au large de Gibraltar. Je pense que l’on ne possède pas son KTB.
D'après Franck, son commandant avait dit à celui de l'U 153 qu'il avait coulé le MICHELET.
Quant à un échouage près de Nouakchott, c’est à exclure. Il y aurait eu des rescapés et la côte est habitée. De plus, il aurait fallu une énorme erreur de navigation !
En conclusion, on peut dire que le MICHELET a été coulé le 20 Avril, aux environs de 16°10 N et 18°00 W par l'U 154.
Cdlt