MARECHAL DE VILLARS
Trois-mâts barque de type A lancé le 24 Mai 1899 aux chantiers de la Loire à Nantes pour l’armateur René Guillon. L’armement Guillon et Fleury, domicilié 8 quai Brancas à Nantes, possédait 16 voiliers (dont GENERAL DE BOISDEFFRE, LA BRUYERE, LA ROCHEFOUCAULD, MARECHAL DAVOUT, AMIRAL TROUDE …qui subirent les attaques de sous-marins lors de la Grande Guerre)
3110 tpl 2297 tx JB 1731 tx JN
Longueur 79,54 m Largeur 12,26 m Creux 7,29 m TE 6,20 m
2631 m2 de voilure
Ce navire démâta à son premier voyage et dût relâcher pour réparations à Montevideo.
En 1901, il réussit une traversée Hong Kong- San Francisco en 37 jours, soit à une vitesse moyenne supérieure à 10 nds. Il avait même réussi une vitesse supérieure à 14 nds sur 24 heures.
La perte du MARECHAL DE VILLARS
Le MARECHAL DE VILLARS (Société Nouvelle d’Armement) fait route de Seattle (USA) sur Ipswich avec une cargaison de 3100 t de grain (blé et orge).
Capitaine LE MEILLEUR
23 hommes d’équipage y compris les deux officiers (commandant et second).
Au matin du 10 Septembre 1916 il est survolé par un dirigeable anglais, celui déjà signalé par les voiliers GEORGES ANDRE et MYOSOTIS dans leurs rapports respectifs.
Le 11 vers 18h00, il se trouve par 49°06 N et 06°13 W, à environ 48 milles au sud des Sorlingues, en route au N60W, tirant des bords pour entrer en Manche.
Petite brise de NNE. Brume avec visibilité inférieure à 2 milles.
C’est alors que l’homme de veille au bossoir aperçoit un sous-marin portant le pavillon national allemand qui tire un coup de canon. L’obus tombe sur l’avant du voilier. Aux jumelles, le capitaine parvient à repérer le sous-marin dont le kiosque est très peu visible à cause de la brume. Les phares sont masqués et les embarcations débordées. L’équipage y prend place : 11 hommes dans celle du capitaine et 10 dans celle du second.
Pendant ce temps, le sous-marin vient à toucher le bord, si près que le capitaine fait la réflexion qu’il pourrait le couler simplement en mouillant l’ancre bâbord.
Le commandant allemand ordonne au canot du second de l’accoster, fait monter six hommes sur le sous-marin et envoie deux de ses hommes, porteurs de bombes, sur le voilier. Ceux-ci installent leurs engins après avoir pris montre, compas, une ceinture de sauvetage portant le nom du voilier et le pavillon français. Ayant amorcé leurs bombes, ils reviennent sur le sous-marin et restituent le canot aux naufragés. Avant de s’éloigner, le capitaine Le Meilleur doit remettre les papiers au commandant allemand. Mais il parvient à ne donner que le rôle d’équipage et les manifestes qui ne présentent aucun intérêt militaire.
Les canots s’éloignent, mais la double explosion est insuffisante pour couler le voilier, chargé à ras bord de grain. Le sous-marin se place alors à une centaine de mètres et le coule par six coups de canon.
La baleinière du second est recueillie dès 20h30 par un vapeur anglais qui, en raison de la nuit, ne parvient pas à retrouver celle du capitaine.
Celle-ci ne sera retrouvée que le 14 Septembre au matin par le navire LA FRATERNITE de Fécamp.
La confrontation du capitaine LE MEILLEUR avec un rescapé du GEORGES ANDRE permet d’affirmer que le sous-marin est celui qui a coulé ce voilier, ainsi que le MYOSOTIS le 9 Septembre.
Ce sous-marin d’environ 40 m de longueur avait une peinture grise sale et ancienne. Il porte un canon d’environ 88 mm sur l’avant du kiosque. Il est surtout reconnaissable car son étrave porte la trace d’un choc violent.
Cette étrave endommagée avait déjà été signalée le 2 Août dans un rapport du voilier anglais GRADWELL.
Les deux Français ont parlé avec le commandant allemand et celui-ci s’exprime dans un excellent français.
Une autre note est jointe au dossier MARECHAL DE VILLARS. Elle émane de l’Inscription Maritime de Bordeaux. Le 29 Septembre est arrivé dans ce port le vapeur anglais ATALANTA, capitaine Marti. Il a signalé qu’il avait recueilli le 11 Septembre des hommes de l’équipage du MARECHAL DE VILLARS coulé par un sous-marin allemand. Dix minutes après le sauvetage, il a été, à son tour, attaqué par un sous-marin qui l’a canonné. Il a riposté avec son canon et a réussi à distancer le submersible qui n’a pas été revu.
Le sous-marin attaquant
C’était l’UB 18 du KL Otto Steinbrinck.
Otto Steinbrinck, né en Décembre 1888 à Lippstadt coula 204 navires de commerce, 1 navire de guerre et en endommagea 9 au cours de la guerre. Il reçut la croix « Pour le Mérite » le 29 Mars 1916. Après la guerre il se tourna vers l’industrie. En 1945, il fut interné pour 5 ans en Angleterre car il avait reçu en 1935 le titre honorifique de Standartenfuhrer dans la SS. Toutefois, il n’entra jamais dans les unités SS, ayant servi pendant la 2e guerre comme capitaine de frégate. Tombé malade et non soigné, il est décédé en Angleterre en Août 1949.
Voici sa photo

Parmi les navires coulés figurent les grands voiliers français BRIZEUX, CONDOR et CANNEBIERE en Octobre 1916, et les vapeurs SAINT EMILION et VILLE DE BAYONNE, plus tard avec l’U 65. Egalement de nombreux petits voiliers de pêche.
Cdlt