MARINE MARCHANDE - L'armement des navires marchands

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Ar Brav
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Bonjour à tous,

Voici un extrait d’un ouvrage rédigé par le contrôleur de 1ère classe de la Marine René La Bruyère "Notre Marine Marchande pendant la guerre" (Payot, 1920).
La rédaction ayant eu lieu au sortir immédiat du conflit, le ressentiment envers l’adversaire est encore palpable.

Il m’a néanmoins semblé intéressant de vous proposer ce chapitre consacré à l’organisation de l’armement des navires marchands.

Cordialement,
Franck
PS. Merci de votre indulgence pour les fautes de frappe...

L’ARMEMENT DES NAVIRES MARCHANDS

La destruction du plus grand nombre possible d'ennemis restera toujours le meilleur moyen d'atténuer les effets de la guerre : en usant l'arme on émousse le tranchant.
Toutefois nous avons vu que, malgré tous nos efforts, nous ne pouvions ni détruire tous les sous-marins, ni les empêcher de sortir de leurs bases. Les opérations de bombardement et d'embouteillage des points d'appui ne furent point d'une complète efficacité. Quant à la prise de possession de ces bases elles-mêmes, qui eût été un moyen radical, on y a certainement songé, mais ces projets n'ont malheureusement jamais été suivis d'exécution par suite des difficultés fondamentales qu'ils présentaient. Tant qu'il restait des sous-marins à flot il fallait donc garantir le tonnage marchand contre leurs entreprises, Les mesures de protection qui ont été envisagées à cet effet sont, les unes autonomes, les autres extérieures au navire. Nous allons les étudier séparément.
Parmi les procédés de défensive auxquels on a eu recours pour protéger cargo-boats et paquebots, celui qui a consisté à leur permettre de riposter aux attaques d'artillerie des sous-marins est, sans contredit, le plus intéressant. Là encore, nous avons eu tout à créer.

(à suivre)
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Ar Brav
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Nous n'avions pas prévu la guerre sous-marine. Hâtons-nous de dire que nous avons une excuse : c'est que les Allemands ne l'avaient pas prévue plus que nous. Une simple constatation le démontre. A l'heure de la déclaration de guerre, les Allemands ne possédaient que 28 submersibles. S'ils se fussent doutés du parti qu'ils pouvaient tirer du submersible, en tant qu'instrument de course, ce n'est pas 28, c'est 200 de ces unités qu'ils nous eussent opposées le 2 août 1914. Les conditions de la guerre eussent été, de ce fait, profondément changées à notre désavantage. Les transports de troupes d'Algérie et de l'Inde, le passage des corps d'occupation britanniques en France, les relations entre la Métropole et les Colonies, le ravitaillement des Alliés, toutes ces opérations, qui se sont accomplies librement, eussent été à ce point troublées que notre résistance elle-même en eût été gravement compromise.
Ne prévoyant pas l'attaque, nous n'avions rien préparé, rien conçu pour nous en préserver. Aucune autorité compétente n'avait même envisagé l'hypothèse que les bâtiments de commerce pussent être attaqués par des sous-marins. Si d'aventure un officier, à l'ombre des platanes de la place d'Armes de Toulon, s'avisait de prédire les horreurs prochaines de la guerre sous-marine, on le traitait de visionnaire. Les commandants de sous-marins convaincus passaient pour des illuminés. Un Lord de l'Amirauté anglaise n'avait-il pas énoncé : « que la navigation sous-marine était le produit d'une imagination maladive ? » Pouvait-on admettre que des infiniment petits tentassent d'arracher aux superbes dreadnoughts la maîtrise des mers et de disputer le passage de l'Océan aux innombrables « tramps » de la Grande-Bretagne ?

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Non seulement nous n'armions pas nos bateaux marchands, mais, à la veille des hostilités, nous enlevions l'armement à ceux qui en possédaient un. J'ai vu opérer une de ces commissions de remise du matériel existant sur les croiseurs auxiliaires du type Ville de la Ciotat. En recensant sur les terre-pleins les vieux canons modèle 1885, les circulaires de bronze aux formes surannées et tout cet attirail démodé d'écouvillons, de seaux à incendie, de mèches à canons, un sourire de pitié s'esquissait sur les lèvres des membres de la Commission. Qu'elle était routinière, cette Marine, pour conserver si longtemps dans ses inventaires pareille nomenclature d'objets préhistoriques ! Au feu les écouvillons ! A la fonderie les circulaires de bronze ! Au pilon l'âme des lourdes pièces de 14 millimètres ! A la vieille ferraille tous ces articles rouillés et poussiéreux ! Que pouvait faire une Ville de la Ciotat contre un simple torpilleur moderne ? A quoi bon dresser des canons sur cette torche que le moindre coup de 65 millimètres pouvait embraser ? Nous ne prévoyions, ni les uns ni les autres, les destinées glorieuses de ce paquebot qui sombra dans la Méditerranée, le 24 décembre 1915, en combattant avec des armes analogues à celles dont nous allions le priver. Aussi, le jour où l'Allemagne déclencha la guerre sous-marine, a-t-il fallu organiser à l'improviste la défense des navires marchands.

Le long du douloureux calvaire de la flotte de commerce, calvaire jalonné par les naufrages, il ne reste plus sur l'immense tombe muette même une épave pour prier. Il est cependant possible de trouver des points de repère, des « caps, » comme disent nos marins, permettant d'en fixer les étapes. Une première période s'étend du 2 août 1914 au 3 novembre 1915, jour du naufrage du Calvados. Pendant ces quinze mois, nos navires de commerce sont les victimes passives des sous-marins allemands, Avec l'arrivée de l'amiral Lacaze à la rue Royale commence l'ère de la résistance héroïque. Quoique faiblement armés, nos braves capitaines répondent coup pour coup à la canonnade allemande. Le 31 janvier 1917, nous entrons dans la dernière phase, la plus horrible. Les Allemands, jetant le défi à tous les droits de l’humanité, coulent sans avertissement toutes les coques passant à la portée de leurs torpilles : cependant nos paquebots, nos cargo-boats, nos voiliers, jusqu'à nos bateaux de pêche, continuent, malgré la menace des corsaires, leur route hasardeuse, et peu à peu les marins alliés s'ingénient aux procédés de destruction de sous-marins que nous avons précédemment exposés.

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Le 7 novembre 1915, étant à Philippeville, je perçus des coups de canon sourds provenant du large. Les habitants de la petite ville africaine n'en avaient point entendu depuis le 2 août 1914, date où le Breslau était venu bombarder leurs rivages. Ils apprirent ce jour-là qu'un submersible allemand, ayant coulé un navire devant les jetées, était présentement occupé à détruire le sémaphore du Cap de Fer. Une escadrille germanique avait, en effet, franchi le détroit de Gibraltar. Etant tombée sur le Marcian, dans la nuit du 2 au 3 novembre, l'une des unités de la flottille avait été accueillie par des feux d'artillerie et avait dû abandonner le transport anglais qui rentrait à Oran avec une trentaine de tués et de blessés. Alors elle avait poursuivi sa route, et détruisait maintenant tous les navires qu'elle rencontrait le long du littoral fréquenté de l'Algérie : notamment le Calvados, le Tornio, le Woodfield, le Sidi Ferruch , l'Yser.

Le Calvados était parti de Cette à destination d'Oran, transportant un bataillon du 4ème tirailleurs. La rencontre se produisit le 4 novembre, à l'ouvert du détroit de Gibraltar. L'allemand fonça sur le Calvados, et ouvrit le feu à grande distance. Un coup de canon trouait les tuyaux de la sirène, et la vapeur s'échappait avec violence. Les obus pleuvaient sur le pont ; l'un d'eux atteignit le paquebot au dessus de la flottaison. Il n'y avait pas un seul canon à bord pour riposter au pirate. Le Calvados n'avait même pas la ressource d'appeler à l'aide ; il possédait bien une cabine de T, S. F., mais aucun opérateur. L'évacuation du navire fut ordonnée. Pendant qu'elle s'achevait, le sous-marin plongea et défila lentement à 100 mètres du Calvados, de bâbord à tribord, périscope haut, et envoya sa torpille, alors qu'il restait plus de 400 personnes sur le pont. Le récit de ce sinistre n'a jamais été publié ; mais nous ne sommes plus à l'époque où Darius faisait fouetter la mer pour la punir de n'être pas soumise à ses ordres, La censure ne put empêcher la Méditerranée d'inscrire l'histoire de ce drame tout le long de ses grèves où elle rejeta les corps des noyés. En Algérie, personne n'ignora les conditions du naufrage qui furent pour la première fois portées à la tribune de la Chambre des députés par l’honorable M. Brousse, au cours des débats sur l’interpellation relative à la guerre sous-marine.
Je tiens d’un rescapé du Calvados ce détail typique. Son attentat commis, le sous-marin était revenu en surface ; sur le pont, une partie de l’équipage assistait à l’agonie des naufragés et les raillait en les désignant du doigt. L’un de ces misérables, - il portait des galons, - interpellant l’officier qui s’agrippait à la carapace métallique, lui cria en français : « vous êtes bien là ! Restez-y ! » et il souleva ironiquement sa casquette. Ce que put être l’attente sur le radeau pendant vingt-cinq heures, au milieu d’infortunés qui déliraient, je renonce à le décrire. Aussi bien ne me suis-je appesanti sur cette pénible affaire que pour arriver à la question de l’armement des navires de commerce.

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La preuve était faite que l’Allemagne exécuterait ses pires menaces et qu’il fallait en toute hâte organiser la résistance. Déjà, en septembre 1915, nous avions été conduits à affecter deux canons à tous les bâtiments transportant des troupes. Avec l’arrivée de l’Amiral Lacaze, l’armement de la flotte marchande se généralise. On décide de donner un canon à tous les cargo-boats du ravitaillement, ainsi qu’à tous les vapeurs de la flotte commerciale, sur le désir exprimé par leurs propriétaires, qui se mettent avec le plus grand patriotisme aux ordres de la Marine. L’installation commence aussitôt à l’aide de toutes les pièces disponibles : 47 millimètres et 65 millimètres pris sur les torpilleurs, 57 millimètres et 47 millimètres japonais et italiens ; 65 millimètres de côte, 75 millimètres de campagne, etc. Cet armement disparate soulevait des difficultés pour l’approvisionnement en munitions. En mars 1916, les 47 et les 65 paraissent d’ailleurs inefficaces pour lutter contre les 88 allemands : on réalise l’unité avec un seul canon dont nous possédions alors un nombre d’exemplaires suffisant pour en doter les navires de commerce. Un affût de bord est établi pour le 75 millimètres. Le programme d'armement comprenait : deux pièces de ce calibre, pour les vapeurs de 500 tonnes, un à l'avant, l'autre à l'arrière, et un ou deux canons de 47 millimètres, 57 millimètres ou 65 millimètres pour les vapeurs de moins de 500 tonnes. Les voiliers recevaient un armement spécial. Le programme devait être mené par étapes. Dans les premiers mois de 1917, 520 vapeurs étaient armés de deux pièces. Le calibre en question n'avait été choisi que provisoirement, à défaut de matériel mieux adapté aux conditions du tir à la mer. L'artillerie des sous-marins ayant été accrue en nombre et en calibre (les nouveaux sous-marins possèdent un ou plusieurs 150), il importe de doter nos navires marchands d'une arme capable de contre-battre l'adversaire. C'est pourquoi nous devons substituer au modèle adopté en 1916 des canons d'un calibre de plus en plus fort, en commençant par les bateaux marchands de gros tonnage qui reçoivent du 138 millimètres.

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Ainsi, parmi les modèles employés figure le 75 de campagne qui, après avoir fait entendre sa voix victorieuse sur les champs de bataille de la Marne et de l'Yser, a voulu essayer sur les sous-marins allemands l'efficacité de ses tirs de barrage. Mais les sous-marins vont bientôt se trouver en face de navires armés d'une artillerie beaucoup plus puissante : le vaste programme que nous venons d'esquisser, et qui substitue l'artillerie de gros calibre à l'artillerie moyenne, était sur le point d'être achevé le 11 novembre 1918. Nos bâtiments de commerce n'ont d'ailleurs pas attendu cette transformation pour se défendre. Une résistance célèbre est celle du Gard, commandant Henri Robert, de la Compagnie Transatlantique. L'amiral Lacaze en a rendu compte à la Chambre des députés. Le bâtiment était armé de deux canons qui n'avaient reçu aucune transformation : c'était donc un matériel très lent. Or, il a combattu le 5 mai 1917, avec ses deux canons, non pas contre un, mais contre deux sous-marins. « Ceux-ci estimaient sans doute, a dit le ministre de la Marine, qu'avec leur pièce de 105, prenant le bâtiment chacun de leur côté, ils en auraient raison. Eh bien ! l'un d'eux, qui s'est approché à 4.000 mètres, a été peut-être coulé ; l'autre, qui était à 5.000 mètres, a pris la fuite. » La bataille avait duré de cinq heures vingt-cinq à neuf heures du matin.

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Le navire marchand n'engage la lutte que s'il y est acculé : avant tout, il doit chercher à se dissimuler. Tel est le but des engins fumigènes dont nous possédons deux types : l'un n'est qu'une simple bouteille de gaz liquéfié, dont l'évacuation produit un refroidissement de l’atmosphère, déterminant un brouillard artificiel ; l’autre consiste en une bouée qui, jetée à la mer, laisse échapper une fumée épaisse : le navire muni de ce nouvel anneau de Gygès peut échapper à la vue de l’assaillant à la faveur d’un rideau opaque et se diriger vers l’endroit où il recevra du secours. Ainsi nous avons appelé à notre aide toutes les forces de la nature : les nuées elles-mêmes nous protègent contre l’invention diabolique des Allemands.

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On pourrait à ce propos, - et si le sujet n'était pas si tragiquement douloureux, - évoquer les fabuleux souvenirs de la mythologie et chercher des symboles à nos modernes conceptions. Ecoutons plutôt le récit du commandant du Vaucluse, attaqué le 16 juin 1917 : « Pour parer aux effets du tir si parfaitement réglé du sous-marin, écrit ce capitaine, nous mettons les appareils fumigènes en route et lançons à la mer les six flotteurs qui nous restent (quatre ont été éventrés par un obus). Sur les six, quatre fonctionnent bien et forment rapidement un rideau de fumée dense qui nous abrite et déroute le tir ennemi. Nous manœuvrons en conséquence. Le sous-marin désorienté cesse son feu un instant, puis tire par intervalles ; peut-être aperçoit-il notre mâture au-dessus du nuage. En tous cas, son tir n'est plus le même, et les points de chute sont éloignés du navire. Le tir du cargo se précise et encadre presque aussitôt le but à 4.600 mètres. Un obus doit l'avoir touché, car la fumée de l'explosion apparaît noirâtre et il ne s'écoule pas deux minutes entre le dernier coup de canon du sous-marin et le moment où il disparaît. Il est dix heures trente cinq : le combat a duré quarante minutes. »

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Le camouflage a rendu lui aussi de précieux services. Les expériences effectuées en Angleterre dans le courant de l'année 1917 ont fait ressortir les avantages qui, dans de nombreuses circonstances, résultent de certaines dispositions picturales de la coque. Le but poursuivi est de tromper l'ennemi attaquant à la torpille sur la distance et la route du navire visé, élément nécessaire au réglage du tir. La Marine française a créé une section de camouflage qui se préoccupa d'appliquer les enseignements de l'Amirauté britannique. Il était curieux de contempler, dans les ports, les steamers ornés d'arabesques bizarres qui rappelaient les fantaisies de l'École cubiste. C'est à croire que les plus extravagants parmi les impressionnistes et les décadents les plus morbides avaient inspiré ces dessins, et opposé ces couleurs vives au bleu limpide de l'horizon. Ni les luministes de Meilhac et Halévy, ni les cubistes des Salons d'avant-guerre n'avaient certainement prévu cette conséquence militaire du trouble visuel que ne manquent pas de ressentir les curieux qui s'arrêtent devant leurs élucubrations. Mais sur nos navires, une conception savante préside à l'agencement de ces arabesques qui firent parfois sourire ceux qui n'en comprenaient point l'intérêt.
Il faut savoir que la couleur par elle-même ne jouait qu'un rôle secondaire dans le camouflage qui obligeait le commandant de sous-marin à prolonger son examen au périscope. On avait essayé, tout d'abord, d'obtenir une diminution de la visibilité des navires en utilisant le principe du mimétisme.

De ce côté, l'insuccès a été complet. Une coque moins apparente sous un certain éclairage, pour une cause déterminée, sera, au contraire, rendue par cette même cause plus visible sous un éclairage différent du premier. Or, les éclairages sur mer varient à l'infini. Mais on peut abuser l'adversaire sur la direction, la dimension et la distance du navire, grâce à des contrastes de couleurs, l'œil ne possédant pas la faculté de s'accommoder à la fois de nuances très diverses et ne distinguant bien que l'une d'elles. On peut induire l'assaillant en erreur sur la marche du bâtiment en l'égarant sur le sens dans lequel fuient ses horizontales, en supprimant toutes les lignes verticales ou parallèles entre elles et en général tous les plans réguliers et prévus. On peut changer l'aspect de ces lignes en créant de fausses étraves, de faux arrières, de fausses cheminées, etc. Ce qui prouve l'importance des services rendus par cet art subtil du camouflage, c'est que nos ennemis entraînèrent leurs officiers à s'y accoutumer au cours d'exercices d'attaque sur des cibles camouflées. Chez nous, l'ancien Jeu de Paume des Tuileries a été affecté à l'Ecole technique de camouflage. La salle en fut tapissée d'ébauches sur lesquelles on essayait avec les prismes des périscopes les effets des ingénieuses dispositions imaginées par les artistes en illusion.

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