Bonjour à tous,
LA LIBERTE
Trois mâts goélette de Fécamp
Construit en 1895 à Saint Malo par Gautier et fils
Armateur : Boniface et Cie de Sotteville les Rouen
Capitaine Eugène FERON + 10 hommes d’équipage
(nota : l’officier enquêteur signale à la fin de son rapport qu’il n’existe pas de voilier LA LIBERTE immatriculé à Fécamp, mais seulement un chalutier à vapeur du nom de LIBERTE. On peut donc penser que le voilier était immatriculé dans un autre port, mais que le port d’armement était bien Fécamp comme l’indique le capitaine dans son rapport)
Transporte 412 tonnes de charbon chargé par Rose Richards à Swansea, pour un destinataire inconnu à Bougie (Algérie)
Rapport du capitaine
Quitté Swansea le 2 Juin à 09h00 par beau temps. Rien à signaler jusqu’au 7 Juin à 12h20 lorsque l’on entend des coups de canon. Aperçu un grand vapeur à 4 ou 5 milles dans le SE, coulant bas. Mis le cap à l’Est, mais le temps étant calme, LA LIBERTE, toutes voiles dehors, n’a que peu de sillage.
Vers 09h00 le 8 Juin, par 51°30 N et 08°30 W (Paris), un sous-marin apparaît sur l’arrière, nous rattrape, tire deux coups à blanc et ordonne de s’arrêter. Mis en panne et hissé le pavillon français. Le commandant du sous-marin allemand ordonne d’évacuer. Je me rends dans le canot, avec sept hommes, sur le sous-marin. Le commandant demande des renseignements sur le voilier et sur sa traversée et envoie trois marins avec des bombes, dans notre canot, pour couler LA LIBERTE. Les trois Français restés à bord du voilier avaient mis le youyou à l’eau et embarqué dedans. Les Allemands amènent le pavillon qu’ils gardent et placent leurs bombes. Le sous-marin avait hissé le pavillon allemand. Le commandant me demande le journal de bord (que j’ai caché dans le canot avec les papiers). Je lui réponds qu’il est resté à bord de la goélette. Il nous autorise alors à remonter dans le canot, tandis que les bombes explosent. Mais le voilier ne coule pas. Le sous-marin tire alors 12 coups de canon sur LA LIBERTE qui finit par couler.
Nous nageons à l’aviron vers Lundy Island. Vers 12h45, nous sommes recueillis par le patrouilleur BALLISTAN de Liverpool qui nous dépose le soir à 20h00 à Milford Haven.
(Nota : le nom de ce patrouilleur, bien que très difficilement lisible, semble bien être BALLISTAN. Dans ce cas, les naufragés auraient été recueillis par un Q-ship. Le BALLISTAN était en effet l’ancien cargo BRADFORD CITY qui, entre 1915 et 1917 patrouilla comme bateau-piège sous les noms de BALLISTAN puis de SAROS.)
Additif : le navire sauveteur était en fait le BRANKSOME HALL et non le BALLISTAN Voir posts ci-dessous
Le sous-marin qui nous a attaqué pourrait être l’ U 11 car certains de mes hommes ont vu ce numéro peint sur sa coque.
Le sous-marin attaquant
C’était en réalité le célèbre U 35, alors commandé par le KL Waldemar Kophamel. On peut lire sa biographie sur ce lien : http://www.uboat.net/wwi/men/commanders/150.html
Le grand vapeur aperçu coulant le 7 Juin était le TRUDVANG, norvégien de Bergen, 1041 t, qui allait de Pomaron à Dublin avec une cargaison de pyrite. Il avait aussi été coulé par l’ U 35.
L’U35, plus tard commandé par von Arnauld de la Périère, opérera pendant toute la guerre, coulant un total de 226 navires et en endommageant 10.
Cdlt
LA LIBERTE Goélette de Fécamp
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Re: LA LIBERTE Goélette de Fécamp
Bonsoir à tous,
• Le Journal de Rouen, n° 161, Jeudi 10 juin 1915, p. 2.
« Un Terre-neuvier fécampois torpillé par un sous- marin allemand.
Fécamp, 9 juin.
M. Bachelet, peintre en bâtiments, rue de Mer, à Fécamp, de la société d’armement Boniface et Cie, a reçu ce matin, à 8 heures, un télégramme lui annonçant que le trois-mâts-goélette Liberté, capitaine Féron, avait été torpille et coulé par un sous-marin allemand et que l'équipage était sauf.
Le terre-neuvier Liberté qui, cette année, n’avait pas armé pour le Banc, avait quitté Fécamp pour porter à Swansea un chargement de mitrailles de fer. Il en revenait, avec un chargement de charbon, quand il a été torpillé au large du canal Saint-Georges.
C’était un des beaux navires de notre flottille fécampoise. Construit en 1896 à Saint-Malo, il avait appartenu d’abord à M. H. Chédru et fut commandé en 1899 et 1900, par le même capitaine Féron, avantageusement connu dans le quartier maritime.
Détail intéressant à rappeler : M. Féron commandait, il y a deux ans, le terre-neuvier Patrie, à M. A. Chancerel, qui fut perdu dans les circonstances qu’on n’a pas oubliées. L’équipage, sauf trois hommes, dont le second, fut sauvé par le transatlantique allemand Kronprinzessin Cécilia, dont le commandant, le capitaine Rantzau, obtint une distinction du Ministère de la Marine.
Hier, M. Féron, jadis sauvé par un navire allemand, a failli périr par un sous-marin allemand !
L’équipage du Liberté, était ainsi composé :
Capitaine Féron, de Fécamp ; Pierre Desjardin, de Saint-Pierre-en-Port, second ; François Burel, de Fécamp ; Auguste Brunet, de Fécamp ; François Le Sech, de Fécamp ; François Letellier, de Saint-Pierre-en-Port ; Ernest Grisel, de Saint-Martin-aux-Buneaux ; Pierre Savary, d’Yport, marins ; Marcel Pasquier, de Saint-Pierre-en-Port, novice ; Louis Recher, de Fécamp, mousse ; Émile Hermet, de Fécamp, mousse.
On ne sait encore dans quelles circonstances le navire a été torpillé et l’équipage sauvé.
Les caractéristiques du Liberté étaient les suivantes : jauge brute 308,48 ; nette 241,13 ; longueur, 39 m. 25 ; largeur, 8 m. 55 ; creux, 3 m. 90.
Le Liberté était affecté habituellement à la pêche à Terre-Neuve et naviguait exceptionnellement au commerce depuis deux mois.
M. Bachelet a aussitôt prévenu M. Boniface, qui habite 146, rue Émile-Zola, à Sotteville-lès-Rouen. »
Re: LA LIBERTE Goélette de Fécamp
• Le Journal de Rouen, n° 162, Vendredi 11 juin 1915, p. 2.
« La destruction du terre-neuvier "Liberté".
Fécamp, 10 juin.
On mande de Cardiff que le terre-neuvier fécampois Liberté a été coulé à coups d’obus par un sous-marin allemand.
Les onze hommes d’équipage eurent le temps de border les embarcations. Ils furent recueillis par le vapeur Cranksome-Hall [lire : Branksome-Hall ], transférés ensuite sur le bateau-patrouille Herald, et débarqué à Milford-Haven. »
• Le Journal de Rouen, n° 163, Samedi 12 juin 1915, p. 2.
« La destruction du "Liberté".
Le Havre, 11 juin.
Les onze hommes formant l’équipage du chalutier Liberté, du port de Fécamp, qui a été torpillé, comme on sait, par un sous-marin, sont arrivés au havre, ce matin, à bord du bateau Southampton.
Ces marins ont été dirigés aussitôt à Fécamp par les soins de l’inscription maritime. »
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Daniel.
Re: LA LIBERTE Goélette de Fécamp
bonjour daniel, bonjour à tous
Le vapeur qui a recueilli l'équipage de Liberté est Branksome Hall (il n'y a pas de Cranksome dans les Registers).
Amts
Yves
Le vapeur qui a recueilli l'équipage de Liberté est Branksome Hall (il n'y a pas de Cranksome dans les Registers).
Amts
Yves
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
Re: LA LIBERTE Goélette de Fécamp
Bonjour,
Quelques articles de presse citant la goélette fécampoise LA LIBERTE :
1901 :
1902 :
1915 :
A bientôt.
Quelques articles de presse citant la goélette fécampoise LA LIBERTE :
1901 :
1902 :
1915 :
A bientôt.
Cordialement / Best regards
Marc.
A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.
Marc.
A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.