JACOBSEN - trois-mâts - Société Anonyme des Voiliers Dunkerquois

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IM Louis Jean
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Re: JACOBSEN - trois-mâts - Société Anonyme des Voiliers Dunkerquois

Message par IM Louis Jean »

Bonjour toutes et à tous,

Sauf erreur toujours possible, je n'ai pas trouvé sur ce forum de fil sur le JACOBSEN, coulé par le Prinz Eitel Friedrich le 28 janvier 1915.

Dépêche du capitaine Leroux
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source L'Echo d'Alger du 19 mars 1915 sur Gallica

Sa fiche sur wrecksite

Cordialement
Étienne
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Memgam
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Re: JACOBSEN - trois-mâts - Société Anonyme des Voiliers Dunkerquois

Message par Memgam »

Bonjour,

Jacobsen, trois-mâts barque construit en 1901 par les Chantiers de la Loire à Nantes,
2195 tjb, 1949 tjn, 84,31 x 12,29 x 6,87 m, une petite chaudière timbrée à 6 kg,

Jacobsen est le nom d'un oncle de Jean Bart.

En 1912, indicatif JPNR, immatriculé à Dunkerque, Société des voiiers dunkerquois, capitaine Guéno.

Principalement affecté aux voyages de blé du Pacifique nord et de 1909 à 1914, au nitrate du Chili.
En 1905, renonce à un retour par le Cap Horn, en raison de membrures cassées et se fait réparer à Melbourne. Capitaine d'Héronval, arrive de Shanghaï sur ballast, à Port Pirié, le 20 mai 1905, charge du minerai jusqu'au 7 juillet et fait escale pour réparations, à Melbourne du 18 juillet 1905 au 6 novembre 1905, puis départ pour Anvers.

Photos de Madame Cavelan, femme du capitaine Armand Cavelan, reçu capitaine au long cours en 1901, suit la construction du Cornil Bart à Saint-Nazaire en 1902, puis en prend le commandement jusqu'en 1905, commande ensuite Berengère et Jean-Bart, puis Jacobsen en 1911 , embarquant alors sa femme jusqu'en janvier 1913. Photo publiée par Lacroix et reprise par Bernet.

Lors d'un voyage de San Francisco à Gloucester, chargé d'orge, Jacobsen est coulé par le croiseur auxilaire allemand Prinz Eitel Friedrich par 29°44' S et 26°57'O. L'équipage est libéré le 11 mars 1915 à Newport News où le paquebot se fit interner. (voir aussi le sujet Pierre Loti, ainsi que celui sur Jean, sur le forum).

Source : Registre n° 84, Bureau Veritas 1912.
Alan Villiers & Henri Picard, The bounty ships of France, PSL, 1972.
Louis Lacroix, les derniers cap-horniers, Imprimerie S. Pacteau, 1940.
Louis Lacroix, L'âge d'or de la voile, Horizons de France, 1949. Photo page 124.
Etienne Bernet, Les cap-hornières, MDV, 2008.
Patrick Ahern, French sailing at Australian ports, Patrick Ahern, 2010.

Cordialement.

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Re: JACOBSEN - trois-mâts - Société Anonyme des Voiliers Dunkerquois

Message par Memgam »

Bonjour,

Jacobsen était du type CA des Chantiers de la Loire, ainsi que La Tour d'Auvergne, Commandant Marchand, Général Foy, Marguerite Mirabaud, Jacobsen, Alice-Marie.

Photo du plan chez Lacroix.

Source : Jean Randier, Grands voiliers français, 1880-1930, Editions des quatre seigneurs, 1974.
Louis Lacroix, Les derniers grands voiliers, Peyronnet, 1937. Photo page 252.

Cordialement.

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Re: JACOBSEN - trois-mâts - Société Anonyme des Voiliers Dunkerquois

Message par Memgam »

Bonjour,

Deux vues du Commandant Marchand (1900-1903), frère en construction de Jacobsen.

Source : Armée et Marine, n° 14 du 8 avril 1900, page 240 : Le trois-mâts barque Commandant Marchand, lancé à Nantes, par Th. Janvrais, photo de l'auteur.
Armée et Marine, n° 23 du 10 juin 1900, page 430 : Le baptême du trois-mâts Commandant Marchand, Emile Duboc.

Cordialement.

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Re: JACOBSEN - trois-mâts - Société Anonyme des Voiliers Dunkerquois

Message par Memgam »

Bonjour,

The Age, 19 july 1905 (journal australien de Melbourne).

Un trois-mâts barque en détresse.

Le Jacobsen, un beau trois-mâts barque sous pavillon français, chargé de minerai d'Adélaïde pour Dunkerque et Anvers, qui est entré en détresse dans la baie d'Hobson lundi peu avant minuit ; a fait l'objet hier d'un intérêt considérable. Extérieurement, il apparait comme l'un des plus gracieux trois-mâts barque qui soit entré à Port Philippe, mais, intérieurement, la nature particulière de sa cargaison a causé beaucoup de dommages. Commençant son voyage le 7 courant, , le navire a aussitôt été pris dans les tempêtes, mais il se battit contre l'ouragan qui augmenta avec une telle sévérité que le minerai constituant sa cargaison fut projeté avec une telle violence contre ses parois, que le vaisseau fut sérieusement endommagé. Quand un examen de la cale fut possible, il fut trouvé que quatre membrures étaient cassées du côté tribord et un sur le côté bâbord. C'était suffisant pour justifier un changement de route, et le trois-mâts fit route sur Melbourne, le port le plus proche. Il est attendu que sa cargaison va être débarquée à Port Melbourne, en vue de sa mise à sec pour réparations.

On notera qu'en même temps, la même mésaventure est arrivée au trois-mâts Gaël avec aussi une cargaison de minerai.

Source : Patrick Ahern, Full sail beyond the three capes, Patrick Ahern, 2008.

Cordialement.
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Re: JACOBSEN - trois-mâts - Société Anonyme des Voiliers Dunkerquois

Message par Memgam »

Bonjour,

Ouest-Eclair, édition de Caen, n° 5721 du 11 avril 1915.

"Les méfaits du Prinz Eitel Friedrich.

Saint-Brieuc, 10 avril - M. Perrio, lieutenant en second du Jacobsen, navire coulé par les Allemands, vient de nous faire parvenir l'intéressant récit suivant :

Parti le 3 novembre 1914 de San Francisco avec un chargement d'orge pour l'Angleterre, nous naviguions avec prudence, rencontrant quelques rares bateaux de commerce, pas un de guerre, jusqu'au 28 janvier. Ce jour-là, à 9 heures du matin, une fumée fut signalée. Peu de temps après nous pûmes distinguer un gros vapeur venant droit sur nous ; pour être prêt à toute éventualité, les embarcations furent disposées et les précautions prises pour évacuer le navire. A 9 h 45, un énorme vapeur stoppe à 300 m sur tribord ; il n'a point de pavillon, il est peint en noir. Le nom est effacé, la coque rouillée et couverte d'herbes. Sur le pont, les marins sont à leur poste auprès de leurs canons dont les gueules sont visibles au-dessus du bastingage.

La fin de Jacobsen.

Nous ne connaissons pas encore sa nationalité, cependant nous avons l'intuition que ce monstre maquillé qui n'ose montrer ni son nom, ni ses couleurs, est un ennemi. D'ailleurs son aspect lugubre et sinistre, est de mauvaise augure.
"Stoppez immédiatement et hissez vos couleurs ! "
Force était d'obéir.
Aussitôt, une embarcation montée par 30 hommes et 2 officiers accoste notre navire. Ils montent à bord. Un officier nous déclare prisonniers de guerre.
"Je ne sais pas qui vous êtes, lui fut-il répondu, puisque vous ne portez point de pavillon."
"Je suis un officier allemand : nous sommes en guerre, vous êtes mes prisonniers. Remettez-moi vos papiers et partez immédiatement dans vos embarcations et rendez vous à bord du vaisseau allemand."
Le pillage du navire commence alors en notre présence, minutieux et méthodique. D'abord les liqueurs, les vins (les marins allemands enfonçant portes et caissons à coups de crosse), les instruments de navigation, montre, vivres du bord, en un mot, tout ce qui avait de la valeur. Pour emporter tout ce butin, ils firent appel à deux autres embarcations grandes comme des chalands. Le tout fut vite fait et au bout d'une demi-heure, notre pauvre navire était saccagé de fond en comble. Véritablement, ils ont des dispositions toutes naturelles pour le pillage et le brigandage.
Avant d'évacuer le bord avec leur butin, ils placèrent une bombe à fond de cale qui n'eut d'ailleurs aucun effet. Ils durent par la suite le canonner à huit reprises différentes. Ce ne fut que vers 4 h que le Jacobsen s'abîma et nous dûmes assister pendant 5 heures à son agonie. Nos illustres vainqueurs n'eurent pas la pudeur de nous épargner ce spectacle, un des plus pénibles pour le coeur d'un marin.

Les victimes du pirate.

Le soir nous reprîmes notre route vers l'inconnu, plein d'angoisses. A bord se trouvait déjà les équipages des navires suivants :
Finlandais Isabelle Bronne, 16 hommes dont 3 de nationalité allemande, furent découverts et incorporés dans l'équipage du croiseur, coulé le 26 janvier.
Français Pierre Loti, 24 hommes, coulé le 27 janvier.
Américain W.P. Fye, 32 hommes, coulé le 28 au matin, le capitaine de ce bateau avait sa femme à bord et deux enfants.
La position était ce jour 29°44' sud, 26°50' ouest.
Pendant quatre jours, le pirate croisa, tantôt ouest, tantôt est, sans jamais dépasser le parallèle de 30°.
Le 8 février, le trois-mâts norvégien Thalassa fut visité. Il put continuer sa route vers l'Europe. Le 12 février, le trois-mâts anglais Invercoe est pillé et dynamité, position 26° Sud et 23°20' Ouest. A ce moment, le pirate poursuit sa route au nord à une vitesse de 9 à 10 noeuds. Le 18 février, vapeur anglais M.A. Shot de Sunderland, dynamité et deux coups de canon, 28 hommes, position 5°49' sud et 30°56' ouest. Le 19 au matin, aperçu une fumée au nord. Les Allemands paraissent inquiets; ils croient à un croiseur. Branle-bas de combat, tout le monde à son poste, on nous enferme sous la garde de sentinelles armées. J'ai l'impression qu'une grande partie de leur gens ont peur et font triste mine. Bientôt, ils ont l'assurance que c'est un inoffensif paquebot. La confiance revient sur la face de ces braves et l'appât d'une riche capture les rend presque joyeux. Le paquebot est la Floride de la CGT allant de Dakar à Bahia. Pendant tout le jour, ce fut un va-et-vient continuel du croiseur au paquebot. Le butin fut énorme. Ce qu'ils ne purent emporter fut saccagé et le soir à 6 heures, la Floride fut la proie des flammes pendant toute la nuit. Nous la perdîmes de vue vers quatre heures du matin, elle n'était plus qu'un brasier. 150 personnes de l'équipage et passagers furent transbordés sur le croiseur et mis à fond de cale. Le 20, le vapeur anglais Willerby fut dynamité et coulé. Avant de se rendre, le capitaine de ce vapeur essaya par une audacieuse manoeuvre de couler le Prinz Eitel Friedrich, ce qui lui valut une verte semonce du commandant pirate.
Ce fut là le dernier exploit du croiseur à court de charbon. Il se dirigea vers un port inconnu de nous à ce moment, route au nord à 9 ou 10 noeuds. Le rôdeur des mers venait opérer dans l'ombre et montrait une aversion profonde pour la lumière. La nuit, aucune lumière ; les hublots peints en noir, par mesure de précaution.

Le traitement des prisonniers.

Le traitement des prisonniers laissait bien à désirer, les logements insalubres (fonds de cale) nourriture détestable et insuffisante. Bien souvent, les officiers nous disaient qu'ils n'étaient point des barbares et essayaient de se donner des airs bon enfant ; ils ne recherchaient pas moins toutes les occasions de nous faire subir des vexations importunes et très difficiles à supporter. Traitement qui contraste singulièrement avec celui plein d'égards et de bonté accordé aux prisonniers allemands dans nos pays. Habitués aux plus durs traitements de la part de leurs chefs, ils prennent pour de la faiblesse nos bons sentiments à leur égard, d'où ce sans-gêne et cette arrogance qu'ils affectent dans nos campagnes et qui ne sauraient qu'indigner la population. Le 10 mars, nous arrivâmes à Newport News et c'est avec une joie bien compréhensible que nous reprîmes notre liberté.

Perrio
2ème capitaine du Jacobsen, pillé et coulé par le Prinz Eitel Friedrich".

N.B. Voir aussi le sujet Floride dans le forum.

Cordialement
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Re: JACOBSEN - trois-mâts - Société Anonyme des Voiliers Dunkerquois

Message par Memgam »

Bonjour,

Le capitaine du Jacobsen, Victor Le Roux, de Saint-Brieuc, avait son beau-frère, Alfred Hervé, second à bord du paquebot Floride.

Source : Ouest-Eclair, édition de Caen, n° 5693 du 14 mars 1915.

Cordialement.
Memgam
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