SAINT HUBERT
Ne pas confondre ce bâtiment avec le patrouilleur ou la goélette de Saint Malo, tous deux du même nom.
Trois-mâts goélette de 423 tx JN construit en 1881 au chantier Oltmann’s Wwe de Brake.
423 tx JN
Immatriculé à Fécamp
Armateur HUBERT & VANDAL, Fécamp
Affréteur : Société “Les Fils Charvet” de Fécamp
Liste d’équipage

La perte de SAINT HUBERT. Rapport du capitaine
Quitté Swansea le 19 Mai 1917 pour Falmouth à ordres. Quitté Falmouth le 24 Mai à 18h00 pour Fécamp avec 584 tonnes d’anthracite.
Le 26 Mai à 18h00, le voilier se trouve par 49°49 N et 02°01 E, faisant route au SSE à 5 nds cap sur le phare de La Hague, tirant un bord vers la terre.
Brume. Visibilité oscillant entre 3 et 5 milles suivant les bancs de brume. Vent d’Est. Mer belle.
Un obus siffle au dessus de la mâture et un sous-marin est aperçu s’approchant de la goélette à 10 nœuds. 5 autres coups de canon sont tirés.
Mis en panne et, n’étant pas armé, mis les embarcations à la mer et abandonné le navire. Je quitte le bord en dernier après avoir jeté à la mer les instructions de route données à Swansea.
Le sous-marin fait signe d’accoster et le commandant me demande de monter à son bord. Il prend le rôle d’équipage et envoie deux de ses hommes munis de bombes dans mon embarcation, jusqu’au SAINT HUBERT.
Pendant ce temps, il me demande en bon français, et à plusieurs reprises : “Etes-vous armés ?” Je réponds que non. Il me demande aussi : “Avez-vous vu des navires de guerre dans les parages?” J’avais croisé un navire de guerre anglais au départ de Falmouth, mais je réponds que non.
Les deux marins allemands déposent une bombe dans la chambre et une de chaque bord du voilier, vers le milieu. Puis ils prennent quelques vivres et reviennent au sous-marin. Je suis autorisé à redescendre dans mon canot et le commandant me conseille alors de m’éloigner pour éviter l’explosion.
Nous mettons le cap sur la terre et cinq minutes plus tard, les bombes explosent. Le voilier se couche sur tribord et disparaît très rapidement.
Arrivés à 09h30 à Aurigny, dans la petite baie située près du phare. Rapatriés par un vapeur sur Auderville, puis sur Omonville, et par voiture jusqu’à Cherbourg.
Description du sous-marin
55 à 60 m de longueur
Petit blockhaus dont la partie supérieure est peinte en blanc.
Un canon d’environ 100 mm sur l’avant. Un 2e canon sur l’arrière. Semblaient à poste fixe.
Avant relevé de 2 m et arrière au ras de l’eau
Pas vu d’antenne, de périscope ou de mât.
Coupe-filet avec des lames courant de l’avant à l’arrière par dessus le kiosque
Trois tubes lance-torpilles dont un dans l’axe.
Coque peinte en noir, peinture fraîche.
Vu 7 hommes en tout.
Les deux marins descendus dans l’embarcation parlaient très bien le français. Ils ont dit que leur sous-marin était neuf. (nota : ce sous-marin était effectivement entré en service en Novembre 1916; il avait donc 6 mois)
Le commandant portait un vêtement de caoutchouc jaune et une casquette blanche. Les hommes des chemises de laine bleue et des pantalons cirés noirs.
Le commandant parlait un excellent français.
Conclusion de l’officier enquêteur
Le capitaine a fait son devoir et l’équipage s’est bien comporté. Ni récompense, ni blâme. Faculté de commander conservée pour le capitaine.
La perte du navire est due à un cas de force majeure.
Le sous-marin attaquant
C’était l’ UC 45 du KL Hubert AUST. SAINT HUBERT fut sa seule victime française. Hubert Aust devint, en Septembre 1917, l’officier d’administration de la base navale de Cattaro, et ce jusqu’à la fin de la guerre.
Quant à l’UC 45, commandé par le KL Werner ACKERMANN, il coulera avec tout son équipage de 35 hommes le 17 Septembre suivant par 54°09 N et 03°35 E, suite à un accident de plongée. Retrouvé et renfloué le 11 Avril 1918, il reprendra du service le 24 Octobre 1918.
Reddition aux alliés le 24 Novembre 1918.
Cdlt