DUPLEIX
Lancé en Juin 1901 à Saint Nazaire pour la Compagnie des Armateurs Nantais.
Navire type CA
Caractéristiques 3110 tpl 2206 tx JB
Longueur 79,54 m Largeur 12,26 m Creux 6,20 m
Pris au neuvage par le capitaine Harang . Premier voyage difficile, grosses avaries de pont et de mâture, mais parvient à revenir à Limerick sans avoir à relâcher.
En 1908, feu dans la cargaison de salpêtre. Le navire est coulé pour éteindre l’incendie.
Le 4 Juin 1910, revenant de Port Victoria (Australie) en Europe via le Horn, le DUPLEIX fait route à 8 nœuds, grand largue tribord amures dans les alizés de SE et par une belle nuit étoilée, lorsqu’il aborde de plein fouet le quatre-mâts américain L’ECLIPSE, chargé de 4000 tx de pétrole en caisse pour le Japon. Les deux navires auraient dû couler. Le DUPLEIX s’en tire avec le bout-dehors écrasé. L’ECLIPSE, plus endommagé, doit relâcher au Brésil. Le DUPLEIX sera condamné comme étant l’abordeur, au tribunal de Londres.
La perte du DUPLEIX
Extrait du rôle
Trois-mâts barque DUPLEIX immatriculé à Nantes n° 176
Armé au long cours à Nantes le 26 Mars 1916 par la Société des Armateurs Nantais.
Equipage embarqué à Sharpness le 26 Mars.
Capitaine Ludovic CHARRIER né le 23 Novembre 1879 à Saint Mathurin (Vendée)
Inscrit aux Sables d’Olonne
Second Léopold MARIE LOUISE né le 16 Décembre 1880 au François (Martinique)
Inscrit à Fort de France
« Le trois-mâts DUPLEIX a été capturé et coulé en mer le 5 Mars 1917 par le corsaire allemand SEEADLER. L’équipage, composé de 22 hommes est resté prisonnier à bord du corsaire du 5 au 21 Mars 1917.
Transbordé le 21 Mars à bord du CAMBRONNE. L’équipage a été débarqué à Rio de Janeiro le 30 Mars 1917. Embarqué sur le paquebot MALTE le 4 Avril et rapatrié à Brest le 22 Avril 1917. »
Récit de l’équipage
En Mars 1917, retour du Chili avec une cargaison de salpêtre. Un voilier n’ayant aucune apparence de navire de guerre nous demande de mettre en panne et de venir à bord. Croyant qu’il s’agit d’un Norvégien, le capitaine se rend à bord où il trinque avec l’état-major en train de sabler le champagne. Il échange des nouvelles avec le commandant parlant anglais, qui lui signale que deux grands voiliers ont été coulés dans les parages. Le capitaine, en fait allemand, fait alors entrer les capitaines Le Gloahec du LA ROCHEFOUCAULD et Lecoq de l’ANTONIN. Au même instant, la capitaine Charrier découvre les portraits du Kaiser et d’Hindenburg, placés derrière lui et comprend qu’il est tombé aux mains d’un corsaire.
Le DUPLEIX sera coulé. Le voici s’enfonçant dans les flots, photographié depuis le SEEADLER

Récit côté allemand
Dans la nuit du 5 Mars, le trois-mâts barque français DUPLEIX , chargé de salpêtre du Chili, taillait sa route à travers les rochers Saint Paul, possession brésilienne juste au nord de l’équateur. Lorsque le voilier sortit de l’obscurité par son travers, Lückner identifia encore un Nantais. Les lieutenants Kling et Priess se demandaient si la présence d’une majorité de prisonniers français n’allait pas ternir l’ambiance plutôt bon-enfant créée par les équipages britanniques.
Aux petites heures de l’aube, le SEEADLER gouverna pour s’approcher du DUPLEIX. Il n’avait pas arboré les couleurs norvégiennes, et personne sur le DUPLEIX ne se douta un seul instant de la supercherie. Les interpellant en anglais, Lückner leur fit croire qu’il avait un message à transmettre sur la sécurité de la navigation. Attentif à cette marque d’intérêt, le capitaine Charrier se rendit avec quelques hommes sur le corsaire, où il fut reçu fort courtoisement.
Avec une habileté diabolique, Lückner le fit entrer dans sa cabine et lui parla comme à un allié. Il le mit en garde contre les sous-marins allemands qui venaient, dit-il, de couler deux voiliers dans le NE.
Charrier en eût le souffle coupé et lui répondit :
-« J’ai les plus grandes craintes pour le sort de mes camarades de l’ANTONIN et du LA ROCHEFOUCAULD qui ont quitté le Chili quelques jours avant moi. »
Puis, comme pour se distraire de ses noires pensées, il demanda à Lückner :
-« Avez-vous des nouvelles de la guerre ? »
-« On dit que le chancelier d’Allemagne a cédé son pouvoir aux militaires et qu’Hindenburg va lui succéder. L’opposition conservatrice et les industriels prennent de plus en plus d’ascendant sur l’Empereur. Si nous continuons de nous battre dans ces conditions, je crains le pire pour l’Europe »
répondit Lückner, l’air absent.
Charrier ne saisit pas le sens exact de la phrase, répétant :
-« Je n’ai aucune chance de passer, aucune… »
La conversation continua sur les bateaux-pièges et sur les sous-marins, Lückner semblant défendre certains officiers allemands comme le commandant von Müller de l’Emden, ou le commandant zu Dohna du MÖWE, ce qui surprit un peu le Français. Il répondit que ceux-là n’étaient pas des sous-mariniers comme le commandant Hersing, ou le commandant Schwieger qui avait coulé le LUSITANIA.
Finalement, Lückner lui annonça qu’il lui réservait une surprise qui allait le réjouir ; et il fit entrer dans son bureau les capitaines Lecoq et Le Glohaec. Au moment où il tendait les bras pour embrasser ses camarades qu’il avait cru morts, Charrier vit le portrait du Kaiser, auquel il avait jusque là tourné le dos. Il comprit instantanément le piège dans lequel il était tombé.
L’équipage du DUPLEIX fut transféré sur le SEEADLER et le voilier coulé par des charges explosives.
Cdlt
Olivier