ARIADNE - Compagnie Maurel & Prom

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Ar Brav
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Re: ARIADNE - Compagnie Maurel & Prom

Message par Ar Brav »

Bonjour à tous,

Cargo Ariadne construit en 1897 par Wigham Richardson & C° de Newcastle. 1 986 t ; 1 783 tjb ; 1 237 tjn ; 282,0 x 38,5 x 12,9 pieds, immatriculé à Bordeaux pour le compte de la Compagnie Maurel & Prom.
Figure au Lloyd's Register de 1930-1931.

Cordialement,
Franck

www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
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Ar Brav
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Re: ARIADNE - Compagnie Maurel & Prom

Message par Ar Brav »

Bonsoir Franck,
Bonsoir à tous,

Cette brève (Ouest-Eclair - éd. de Caen -, n° 5686, 17 févr. 1918, p. 3) m'intrigue : aurait-il existé deux bâtiments dénommés Ariadne, ou bien l'Ariadne aurait-il-connu une autre affectation aprés avoir servi de navire-hôpital ?

" NOUVELLES MARITIMES. - LA GUERRE SOUS-MARINE. Récompenses à des équipages.

PARIS, 16 février. - [...]

Le ministre vient de citer à l'ordre de l'armée le capitaine au long cours LAGRANNE, commandant l'Ariadne, et décerne la croix de guerre au chef mécanicien de ce vapeur. On se rappellle que l'Ariadne, attaqué deux fois sur la côte occidentale d'Afrique, soutint un long combat d'artillerie avec un grand sous-marin ennemi. C'est au moment où le bâtiment français allait être obligé de se jeter à la côte, après 3 heures de combat, que le sous-marin, atteint par un obus, disparut définitivement.
Un témoignage officiel de satisfaction du ministre est accordé par ailleurs au vapeur Ariadne."


Bien amicalement à vous,
Daniel.
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Ar Brav
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Re: ARIADNE - Compagnie Maurel & Prom

Message par Ar Brav »

Bonjour à tous,

IDNo: 5600930
Year: 1897
Name: ARIADNE
Launch Date: 31.5.97
Type: Cargo ship
Date of completion: 7.97
Flag: RUS
Keel:
Tons: 1981
Link: 1489
DWT:
Yard No: 332
Length overall:
Ship Design:
LPP: 86.0
Country of build: GBR
Beam: 11.7
Builder: Wigham Richardson
Material of build:
Location of yard: Low Walker
Number of
screws/Mchy/
Speed(kn): 1T-10
Owner as Completed: Finska Angfartygs A/B, Helsinki
End: 1932
Disposal Data:

BU Savona 9.32

C'est donc bien le bateau mentionné par Klaus. :)

Cordialement,
Franck
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Ar Brav
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Re: ARIADNE - Compagnie Maurel & Prom

Message par Ar Brav »

Bonjour Franck

LR 1897
ARIADNE RU 1T (11*)
1,981 Finska Ångfartygs A/B, Helsingfors 282.0 x 38.5
C Wigham Richardson & Co., Newcastle (7) #332 156
01 - Maurel & H. Prom, Bordeaux 20 - Établ. Maurel & Prom FR
Broken up at Savona 1932, sold Sep 1932


LR 1930
ARIADNE NO 1T (14)
2,029 A/S Det Bergenske Dampskibsselskab, Bergen 271.3 x 38.2
P Nylands Verksted, Oslo (3) #303
Bombed and sunk by German aircraft, 9 June 1940, about 80 miles west of Røst, voy. Tromsø - U. K. (hospital ship)

Celui qui nous intéresse est bien celui de 1897, celui de 1930 est un autre navire.
Amts
Yves
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Rutilius
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ARIADNE ― Cargo ― Société en nom collectif « Maurel et H. Prom », Bordeaux.

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,


■ Les deux engagements du cargo Ariadne avec un sous-marin, survenus le 23 décembre 1917 et l’un des jours suivants.

[Patrouilleur Aiglon – alors commandé par le lieutenant de vaisseau Gilbert de La Rochefoucault, Chef de groupe –, Recueil des signaux de T.S.F. émis, reçus et interceptés par l’Aiglon. Année 1917 (suite). Du 24 août 1917 au 1er janvier 1918. Du n° 493 au n° 761 de l’Aiglon inclusivement. : S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote SS Y 16, p. num. 40 à 43 (Extraits)]


● 23 décembre 1917.

― 16 h 15 (G.M.T.), n° 731, d’Agadir à Jeannette :

« S.O.S. – S.S.S.S. de Ariadne (Maurel Frères) – 2650 N. – 1400 W. – 1523 – Route à l’Est. »

― 17 h 05 (G.M.T.), n° 732, de Jeannette (du Chef de Groupe) à Edmond-René :

« 1°) Signal de détresse : L. 26° 50’ ; G. 14° 00’ W. 15 h, 23 décembre. Portez-vous au secours du navire en détresse qui paraît chercher échouage. 2°) Si aucun nouveau renseignement, surveiller demain Lundi parages Juby – Cap Bojador. Extrême urgence. »

― 19 h 50 (G.M.T.), n° 733, de Jeannette (du Chef de Groupe) à Chef de la Division navale du Maroc :

« Jeannette appareille 23 décembre, 20 h, pour renforcer surveillance en raison de sous-marin signalé. »

● 24 décembre 1917.

― 0 h 50 (G.M.T.), n° 4363, du Chef de la Division navale du Maroc à Jeannette :

« Un S.O.S. reçu par Port-Étienne de Palmas le 23, à 11 h 15, par 27° 20' N. et 14° 00’ W. » (22 h 40, le 23).

― 1 h 50 (G.M.T.), n° 4366, du Chef de la Division navale du Maroc à Jeannette :

« Connaissez-vous nom ou indicatif d’appel du navire qui a fait S.O.S. à 11 h ? Sinon, demander par l’intermédiaire Pigeon. » (23 h 45, le 23).

― 2 h 20 (G.M.T.), n° 4366, de Mogador à tous :

« S.O.S. – S.S.S.S. – 2720 N. – 1400 W. – 1123. »

― 2 h 55 (G.M.T.), n° 738, de Jeannette (du Chef de Groupe) à Chef de la Division navale du Maroc :

« 1°) Réponse à votre télégramme n° 4366 : non ; je vais demander des renseignements. 2°) Vapeur français Ariadne a fait signal de détresse L. = 26° 50’ / G. = 14° W., 15 h, 23 décembre. 3°) J’ai aussitôt pris les dispositions nécessaires et j’espère que Edmond-René sur les lieux. »

― 10 h 55 (G.M.T.), n° 4369, du Chef de la Division navale du Maroc à Jeannette :

« Compter que sous-marin descend vers le Sud. » (9 h 10, le 24 ; extrême urgence).

― 20 h 25 (G.M.T.), n° 739, de Jeannette (du Chef de Groupe) à Edmond-René :

« Rendez-compte journée 23 décembre – 24 décembre. Donnez-moi tous renseignements intéressants. Avez-vous rencontré bâtiments alliés se dirigeant vers le Nord ? Avez-vous nouvelles récentes ennemi ? Répondez-moi le plus tôt possible. »

― 21 h 30 (G.M.T.), n° 739, de Lisbonne à tous :

« Allo = 3827 – 0926 W. – 0124 = Allo = 2720 – 1407 W. – 1123. »

― 22 h 30 (G.M.T.), n° 46, d’Edmond-René à Jeannette :

« 23 décembre, midi. Reçu S.O.S. L. = 27° 20’ / G. = 14° W. – 15 h : Ariadne S.O.S. canonnée 2650 – 1400 W., route à l’Est – 15 h 45, route au N. 45 E. – Edmond-René, 13 h, Zaher ; 20 h, Juby – 24 décembre, 8 h, position du signal de détresse ; rien vu – 22 h, Juby – Aucune rencontre bâtiment ; aucune nouvelle de l’ennemi. » (22 h, le 24)

― 23 h 50 (G.M.T.), n° 740, de Jeannette (du Chef de Groupe) à Edmond-René :

« Quel est nom ou indicatif d’appel du navire en détresse 23 décembre midi ? »

● 25 décembre 1917.

― 0 h 05 (G.M.T.), n° 741, de Jeannette (du Chef de Groupe) à Edmond-René :

« 1°) Surveiller 25 décembre parages L. = 27° – Cap Bojador. Essayer savoir sort navires en détresse. Protéger navires alliés. Tenez-moi au courant navires alliés se dirigeant vers le Nord et tous renseignements intéressants. 2°) Prévenez-moi aussitôt si vous voyez voiliers espagnols Providence, de Las Palmas, ou Angèle, de Lanzarote. 3°) Signalez existant charbon et eau. »

― 1 h 00 (G.M.T.), n° 743, de Jeannette (du Chef de Groupe) à Chef de la Division navale du Maroc :

« Présence ennemi confirmée L. 27° le 23 décembre ; 24 décembre, aucune nouvelle de l’ennemi. Je vous enverrai détails aussitôt que possible. Urgent. »

― 1 h 50 (G.M.T.), n° 744, de Jeannette (du Chef de Groupe) à Ariadne (Maurel Frères) :

« Donnez de vos nouvelles et renseignements sur attaque subie dimanche. »

― 5 h 20 (G.M.T.), n° 48, d’Edmond-René à Jeannette :

« 1°) Texte reçu midi 23 décembre : C.Q. de F.M. – S.O.S. S.S.S.S. – 2720 N. – 1400 – 1122. Nouveau télégraphiste de service. 2°) 80 t de charbon, 7 t d’eau. » (5 h, le 25)

― 10 h 45 (G.M.T.), n° 48, d’Edmond-René à Jeannette :

« 7 milles S. 82 O. Juby, rencontré Draa se dirigeant vers le Nord. Aucune nouvelle de Ariadne. Rien vu. » (9 h, le 25).

― 11 h 50 (G.M.T.), n° 745, de Jeannette (du Chef de Groupe) à Edmond-René :

« 1°) Signalez votre position. 2°) Pourquoi n’avez-vous pas exécuté instructions que vous avez reçues par mon télégramme n° 741 ? 2°) Si vous êtes Juby, annulez mon télégramme n° 741. Vapeur français Amiral-Rigault-de-Genouilly allant vers le Nord, serai Juby 14 h. Si c’est possible, escortez le jusqu’à Draa ; rendez-compte. 4°) Je serai midi L. = 27° 22’ / G. = 13° 16’ O. (Urgent). »

― 12 h 35 (G.M.T.), n° 49, d’Edmond-René à Jeannette :

« 20 milles S.-O. Juby, rencontré Amiral-Rigault-de-Genouilly se dirigeant vers le Nord. Rien vu. Aucune nouvelle Ariadne. » (12 h, le 25)

― 14 h 50 (G.M.T.), n° 746, de Jeannette (du Chef de Groupe) à Chef de la Division navale du Maroc :

« 1°) Suite à mon télégramme n° 743. Navire en détresse, 11 h, 23 décembre, indicatif d’appel F.M. ; nom du navire et détails manquent. Ariadne canonnée a fui, route au N. 74 E., puis après 45 milles de route au N. 29 E. Edmond-René trop loin pour intervenir en temps utile ; recherches vaines. Aucune nouvelle des navires en détresse ni ennemi depuis le 23 décembre. 2°) Vapeurs français Amiral-Rigault-de-Genouilly et Draa ont passé matin 25 décembre Juby, route au N. 70 E. (Urgent). »

● 27 décembre 1917.

― 14 h 05 (G.M.T.), n° 753, d’Aiglon (du Chef de Groupe) à Chef de la Division navale du Maroc :

« 27 décembre : Juby. Chef de groupe revenu à bord Aiglon, qui continue patrouille. Jeannette partie Agadir – Casablanca. Rien de nouveau. »

― 14 h 10 (G.M.T.), n° 754, d’Aiglon à McKnassi, Rusé, Marine Agadir :

« Chef de groupe à bord Aiglon. »

― 17 h 00 (G.M.T.), n° 4430, du Chef de la Division navale du Maroc à Jeannette :

« Ariadne arrivée Dakar croit avoir coulé sous-marin. Explorer côte. » (14 h 00, le 27. Urgent.)

― 17 h 50 (G.M.T.), n° 757, d’Aiglon à Commandant Zone Sud Atlas :

« Rien de nouveau ; aucune nouvelle de l’ennemi. Je continue croisière sur Aiglon. »

― 23 h 10 (G.M.T.), n° 743, d’Aiglon (du Chef de Groupe) à Chef de la Division navale du Maroc :

« 1°) Réponse à votre télégramme n° 4430 : Edmond-René, Jeannette ont fait reconnaissances indiquées : rien découvert. Je vais recommencer. 2°) Navire en détresse 23, 11 h, était sans doute Ariadne qui aurait donc subi deux attaques successives. 3°) D’après goélette espagnole le Luz, de Las Palmas, ennemi était grand sous-marin, avec pavillon français. Je n’ai pu obtenir aucun détail. »

● 30 décembre 1917.

― 1 h 40 (G.M.T.), n° 190, de Lisbonne à tous :

« Allo = 3748 – 2823 W. – 2326 = Allo = 4302 – 0900 W. – 1724. Voilier coulé 23 h, le 26, 35 milles S.-W. Fayal (Açores). » (*)
___________________________________________________________________________

(*) A la date du 26 décembre 1917, bâtiment non retrouvé sur le site uboat.net.
_____________________________

Bien amicalement à vous,
Daniel.
Dernière modification par Rutilius le dim. juin 22, 2025 1:09 am, modifié 2 fois.
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Gastolli
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Re: ARIADNE - Compagnie Maurel & Prom

Message par Gastolli »

Bonsoir,

the submarine must have been U 156 (Kapitänleutnant Konrad Gansser), as only U 156 and U 157 were operational on the African Coast and U 157 was NOT responsible according to her war diary.

Oliver
dbu55
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Re: ARIADNE - Compagnie Maurel & Prom

Message par dbu55 »

Bonjour à toutes et à tous,

Un soldat décédé sur l’ARIADNE

BARCIANT Pélagie né le 01/06/1892 à Petit-Bourg (Guadeloupe), Soldat de 2ème Classe au 1er Régiment de Marche d'Afrique - Décédé de maladie le 05/12/1915 (23 Ans) à bord de l’ARIADNE - Son nom figure sur le monument aux morts de Petit-Bourg (Guadeloupe)

Cordialement
Dominique
Avec les Allemands, nous nous sommes tellement battus que nos sangs ne font plus qu'un [ Ferdinand Gilson, France, Figaro Magazine n°19053 du 05 nov. 2005 ]
jfarnould
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Re: ARIADNE - Compagnie Maurel & Prom

Message par jfarnould »

L'ARIADNE est cité dans la réédtion des livres de Paul CHACK (edtion gerfault, tome IV, mer du Nord et manche page 343). Il a embarqué la
3ème section spéciale (hommes et armement des bateaux pièges, sous le commandement de l'EV Edouard Deprez) pour un trajet Bordeaux Dakar en février 1918.
Il s'agit très vraisemblement de celui de l'armement Maurel & prom, qui était immatriculé à Bordeaux. Par ailleurs on voit mal le transbordeur de Salonique armé de au moins deux canons de 75.
JFA

q2r2
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Re: ARIADNE - Compagnie Maurel & Prom

Message par q2r2 »

Bonjour à tous,

Cargo Ariadne construit en 1897 par Wigham Richardson & C° de Newcastle. 1 986 t ; 1 783 tjb ; 1 237 tjn ; 282,0 x 38,5 x 12,9 pieds, immatriculé à Bordeaux pour le compte de la Compagnie Maurel & Prom.
Figure au Lloyd's Register de 1930-1931.

Cordialement,
Franck
Bonjour à tous,
Je sais que Maurel et Prom a eu des petits caboteurs d'avant seconde guerre du nom de Bacalan, Bordeaux, Garonne.
Il y aurait-il eu des navires avec des noms en relation avec la Gironde avant guerre 14 18.
Merci.

SWL
olivier 12
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Re: ARIADNE - Compagnie Maurel & Prom

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Image
Image

Rapport du capitaine, EV LAGANNE, au Commandant de Marine Dakar. 31 Décembre 1917

Incidents survenus pendant la traversée Bordeaux – Dakar.
Parti de Bordeaux le 15 Décembre, je me trouvais le 23 Décembre 1917 dans le Sud des îles Canaries à 27°20 N et 14°00 W quand à 10h30 du matin, la vigie a signalé un objet sur l’eau. J’ai vite reconnu un sous-marin en partie immergé qui nous coupait la route et mis aussitôt aux postes de combat. J’ai fait route à l’Est, présentant l’arrière et lancé 2 obus à 8000 m. En même temps, j’ai envoyé un SOS répété par Ténérife. Le sous-marin a disparu aussitôt et j’ai fait des routes diverses pour le dérouter. A midi, j’ai repris ma route en me rapprochant de terre.
A 13h45, un obus est tombé à 300 m par le travers tribord. Alerte, poste de combat. Aperçu le sous-marin, peut-être le même, qui nous chasse et nous canonne avec deux pièces. Riposté avec nos deux canons, mais le sous-marin se tenant à une distance plus grande que notre portée, à 9000 m, les obus ne l’atteignent pas. La pièce avant, après avoir tiré 10 obus, ne fonctionne plus. Le flexible du Bowden ne fonctionne plus. (Nota : le frein Bowden était une transmission flexible utilisée en artillerie). Remis la pièce en état de tirer avec le cordeau tire-feu et recommencé le feu.
Le sous-marin nous poursuit et son tir est extrêmement précis. Ses obus nous encadrent.. Fait plusieurs embardées et employé les gaz fumigène. Les appareils Verdier fonctionnent très bien, mais sur 4 jetés à la mer, 2 ne donnent presque pas de fumée et 2 n’en donnent pas du tout.
Le sous-marin nous gagne de vitesse et nous serre sur la terre. Je ne peux fur qu’en me rapprochant de lui et son tir devient dangereux. Je fais de nouvelles embardées et règle mon tir à 5000 m, mais le ressort du percuteur de la culasse mobile de la pièce avant se brise et la culasse de la pièce arrière surchauffe et ne ferme plus.
Courant alors sur les brisants du faux cap Bojador et ne pouvant plus me défendre, je décide de faire côte pour éviter la capture. Jeté dans un sac lesté tous les papiers du bord et les documents confidentiels. La situation semble désespérée et je viens cap au NE en longeant la côte, tout en envoyant un SOS à Las Palmas, étant canonné dans des eaux neutres.

Le sous-marin, qui s’est rapproché de nous, change aussi sa route et tire avec une grande précision. Ses obus tombent de tous côtés à quelques mètres du bord et nous recevons des petits éclats sur le pont.

La pièce arrière ayant refroidi se remet à tirer et la pièce avant réparée se prépare à entrer en action quand, au 3e obus de la pièce arrière, une grande fumée blanche s’échappe de l’arrière du sous-marin. Plusieurs hommes du bord prétendent avoir vu une grande flamme précéder la fumée, ce qui laisse supposer que le sous-marin a été touché. Bref, quelques instants plus tard, il disparaît. Continué à suivre la côte pendant 20 minutes puis, ne voyant plus rien, repris ma route à 16h40 en longeant la côte.

Voici la route suivie pendant la poursuite.

Image

Vu par le travers, ce sous-marin avait la silhouette d’un cargo à 2 mâts et 1 cheminée. Vitesse 12 à 13 nœuds. Deux pièces de même calibre, sans doute 120 mm. Les 2 pièces tiraient ensemble et les points de chute étaient les mêmes, de nombreux obus passant au dessus de la passerelle. Le sous-marin a tiré une centaine de coups et le bord 75. Pendant tout le combat, une goélette est restée sur notre avant, à mi-distance entre nous et le sous-marin. Un passager, Monsieur Codinat, prétend avoir vu un éclat, fumée ou coup de feu, jaillir de cette goélette pendant le combat. Ce pourrait être un signal convenu avec le sous-marin.
Les hommes qui ont vu la flamme précéder la fumée sur le sous-marin sont Monsieur Dôme, lieutenant, et les 3 chauffeurs Ganour, Amady et Youssouf.
Pendant la poursuite, la machine a développé son maximum de puissance et a beaucoup fatigué. L’arbre du turbo moteur actionnant la dynamo RSF s’est cassé. Il a été impossible de lancer le signal indiquant que j’étais sauvé.

Pendant le combat, les passagers se sont employés de leur mieux à approvisionner les pièces. Je n’ai que des éloges à faire de mon personnel, surtout de mes officiers pont et machine, des chefs de pièces, et tout particulièrement du chef mécanicien qui a plusieurs reprises à remis la pièce avant en état de fonctionner sous le feu de l’ennemi.
Du cap Bojador à Dakar, je n’ai rencontré que des pêcheurs et 2 vapeurs isolés faisant route au Nord.

Rapport du Lieutenant de Vaisseau BUNCE, commandant le centre AMBC de Dakar

ARIADNE n’ayant ni officier de tir, ni chef de section, c’est le capitaine qui a pris la direction du tir. Déjà préoccupé par la manœuvre de son bâtiment, il n’a pu suivre son tir avec toute l’attention et le calme voulus. Il s’est préoccupé plutôt de faire un tir sur limite, passant d’une hausse de 9000 m à 7500 m par 3 bonds successifs de 500 m au fur et à mesure que le sous-marin se rapprochait. Il semble, d’après les témoignages recueillis, que le but n’a jamais cessé d’être encadré.
Dans la dernière phase du combat, lorsque le tir a été repris à 800 m, il n’y a pas eu non plus de tir de réglage. La pièce arrière, seule en action, n’a tiré qu’une dizaine de coups au maximum.

Les armements des pièces ont manœuvré avec beaucoup de sang froid, mais la lenteur extrême du tir, les interruptions dues aux avaries mises à part, (1 coup toutes les 2 minutes pour la pièce arrière et toutes les 2 minutes ½ pour la pièce avant) prouve qu’ils manquaient d’entraînement. En particulier, le servant de culasse de la pièce arrière a du constamment se faire aider par le chef de pièce pour fermer la culasse.

Les deux chefs de pièce, s’il convient de les louer pour leur belle tenue au feu et la façon dont ils ont stimulé leurs hommes pour augmenter la rapidité du tir de leurs pièces, ont une instruction tout à fait insuffisante.
Ainsi, le chef de la pièce avant n’a pas, lors de la rupture de son Bowden, songé à le remplacer par un cordon tire-feu de fortune. Il n’a pas su non plus, lors de la seconde avarie, reconnaître qu’il s’agissait d’une rupture du ressort du percuteur. De ce fait, il a occasionné à sa pièce deux interruptions de tir de plus de 20 minutes.
Sur la pièce arrière, il y a eu réellement une difficulté sérieuse à fermer la culasse vers le 50e coup. Mais l’état actuel de la culasse prouve qu’il s’agissait uniquement d’un défaut de nettoyage. Cette difficulté a disparu au bout de 20 minutes de grands lavages faits, dans l’esprit du chef de pièce, pour refroidir la culasse.

Rapport de la commission d’enquête

Ce rapport reprend tout le récit du capitaine Laganne et conclut :

Il y a lieu de remarquer que le capitaine Laganne, seul à bord à posséder le brevet d’officier de tir, a eu pendant toute la durée de l’engagement à assurer à la fois la direction du tir et la manœuvre de son bâtiment.
Le calme n’a cessé de régner à bord de ce petit bâtiment qui portait des passagers. Si on doit constater que le fonctionnement des pièces a été parfois défectueux, on ne saurait à proprement parler de le regretter dans ce cas, puisque c’est à cette interruption du feu que l’on doit le rapprochement du sous-marin, manœuvre qui lui a été fatale.
La commission ne saurait retenir comme justifiée l’accusation de complicité de la part d’une goélette qui était en vue longtemps avant l’attaque de l’ARIADNE à 13h45. On n’a vu aucun signal sur ce bâtiment, à l’exception d’un effet de lumière qui peut n’être qu’un reflet du soleil sur une vitre ou sur un objet en cuivre.

Récompenses


Citation à l’Ordre de l’Armée

LAGANNE Jean Capitaine au Long Cours Libourne 33

A fait preuve dans sa riposte contre un grand sous-marin de qualités d’énergie et de commandement très réelles et est parvenu à conserver son bâtiment dans des circonstances difficiles.

Citation à l’Ordre de la Division

LECUYER Léon Chef mécanicien Libourne 2200

A fait preuve sous le feu de l’ennemi de belles qualités d’énergie et d’initiative lors de l’attaque d son navire par un sous-marin.

Témoignage Officiel de Satisfaction

Vapeur ADRIADNE (Maurel et Prom)

Pour sa défense énergique contre un grand sous-marin qui a dû abandonner la lutte et a été probablement atteint par un obus.

Le sous-marin attaquant

C’était donc le sous-marin U 156 du Kptlt Konrad GANSSER.
La goélette aperçue par les hommes d’ARIADNE à proximité du sous-marin était la goélette espagnole LUZ, de Las Palmas, et n’avait rien à voir avec le sous-marin bien sûr. Elle a d’ailleurs précisé aux autorités espagnoles que le sous-marin attaquant était un grand sous-marin.

Note du VA Commandant en Chef, Préfet Maritime de Rochefort. 6 Février 1918


Suite à l’enquête de l’officier AMBC de Dakar

ARIADNE compte au port de Bordeaux où il relâche très régulièrement. Il n’est pas admissible qu’un navire de cette importance n’ait ni officier de tir, ni chef de section.

Le manque total de préparation et d’entraînement du personnel de ce vapeur, dénote de la part du centre AMBC de Bordeaux une insuffisance de l’action qu’il doit exercer sur les bâtiments pendant leur séjour au port.

Le port de Bordeaux devra s’attacher à contrôler avec soin l’organisation des bâtiments qui y relâchent et l’entraînement militaire du personnel de ces bâtiments.

J’ai déjà constaté à plusieurs reprises que le service du centre AMBC de Bordeaux laissait à désirer. L’instruction du personnel AMBC qui en provient est trop souvent incomplète. Ce personnel, qui devrait être entraîné pendant son séjour au port par des exercices intensifs, y est surtout employé à des corvées sur le port, sans aucun rapport avec son instruction.
Vous voudrez bien prendre les dispositions voulues pour que ce centre, qui possède autant de moyens que ceux des autres ports, puisse assurer son service dans des conditions de rendement satisfaisantes.

En ce qui concerne ARIADNE, son personnel devra être instruit avec soin. Un chef de section devra lui être destiné. Je vous prie de m’adresser, après enquête de l’Inspecteur AMBC de votre arrondissement, des explications sur l’insuffisance de l’instruction de l’officier de tir et du personnel AMBC de ce vapeur.

Cdlt
olivier
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